Le meilleur discours, la tête la plus fâchée : nos Césars des Césars 2014
Je m’abonne pour 1€/semaineAprès de très mauvaises audiences l’année dernière – 2,6 millions de téléspectateurs contre 3,9 en 2012 – les Césars ont fait ce vendredi dans le consensuel, voire le carrément fade. Au palmarès, la comédie populaire...
Après de très mauvaises audiences l’année dernière – 2,6 millions de téléspectateurs contre 3,9 en 2012 – les Césars ont fait ce vendredi dans le consensuel, voire le carrément fade.
Au palmarès, la comédie populaire de Guillaume Gallienne a triomphé (5 récompenses, dont le meilleur film et le meilleur acteur) tandis que « La Vie d’Adèle » et « L’inconnu du lac » n’ont remporté qu’une seule statuette.
Prise de risque minimale pour le meilleur réalisateur : Roman Polanski a été sacré pour la quatrième fois de sa carrière, Abdellatif Kechiche – absent ce vendredi soir – ne fait pas coup double après sa Palme d’or.
Niveau divertissement, la soirée a été ennuyeuse. Pas de moment hilarant, pas de provoc’, pas de boulettes, pas de profusion de larmes. En choisissant une nouvelle maîtresse de cérémonie (Cécile de France) et en attribuant un César d’honneur à une star américaine de 29 ans (Scarlett Johansson), les organisateurs ont préféré le glamour et le grand public – même Kev Adams, le comique des enfants, a remis un prix – au déjanté et à l’autodérision.
Résultat : on a trouvé le temps long. Pour nous occuper, on a remis nos Césars aux Césars.
Le César du remerciement le plus justifié à sa maman
Forcément, c’est elle qu’il fallait remercier. En allant chercher son premier César, celui du meilleur premier film – ont suivi ceux du meilleur montage, adaptation, acteur et film – Guillaume Gallienne a commencé par parler de sa maman. Pareil au moment de recevoir la dernière statuette :
« En fait, c’est à ma mère qu’on a remis le César. »
Nommé dans dix catégories, « Les garçons et Guillaume, à table ! », comédie autobiographique où l’acteur joue à la fois son propre rôle et celui de sa mère, a triomphé, dans la foulée d’un gros succès populaire.
Cette année, personne n’a remercié Claude Berri, beaucoup ont salué « la grande famille du cinéma » mais c’est les mamans qui ont reçu le plus de compliments. Si Guillaume Gallienne n’avait pas été là, on aurait sacré Johan Heldenbergh, l’acteur d’« Alabama Monroe » – meilleur film étranger – qui a remercié sa mère « par amour de la littérature » (Si vous avez une explication…).
Le César de la tête la plus fâchée
Nommée dans la catégorie « meilleure actrice », Léa Seydoux a vu la statuette lui passer sous le nez. Et en l’apprenant, elle n’est pas parvenue à faire bonne figure.
C’est Sandrine Kiberlain qui a été sacrée pour son rôle dans « Neuf mois ferme » et après une année pleine.
L’équipe de « La Vie d’Adèle » a vécu une mauvaise soirée. Nommé dans neuf catégories, le film n’a reçu qu’une récompense : Adèle Exarchopoulos a été sacrée meilleur espoir féminin.
Abdellatif Kechiche, souvent consacré aux Césars, ne l’a pas été de nouveau. Paie-t-il son absence ? Les polémiques sur les conditions de tournage ? Sa langue bien pendue ?
En optant pour Roman Polanski comme meilleur réalisateur, l’Académie n’a pas pris de risque.
Le César du meilleur discours de remise de prix
Dans la catégorie moments cultes des Césars, Coluche, Vanessa Paradis ou Jamel Debbouze n’ont pas eu de successeur. Cette édition 2014 ne restera pas dans les annales. Les « remettants » – mot affreux mais abondamment utilisé cette année – n’ont pas été très imaginatifs et quand ils ont tenté des blagues, très souvent, c’est tombé à plat.
Avec son discours sur l’enseignement de la théorie du genre et de la masturbation – « intellectuelle » – en école de cinéma, Zabou Breitman a été la plus drôle.
« Vous avez sûrement entendu dire qu’on enseignerait désormais la théorie du film de genre dans les écoles de cinéma française. C’est faux ! Je rassure aussi tous les membres de l’Académie qui auraient reçu un SMS où il serait question de cours de masturbation intellectuelle dans des groupes de films d’auteur français. C’est absolument faux !
Alain Guiraudie et Abdellatif Kechiche ont prouvé que la masturbation dans le film d’auteur français n’était pas seulement intellectuelle. »
Mention spéciale aussi à Stéphane de Groodt et ses jeux de mots plutôt efficaces – « le César donneur » – et à Audrey Fleurot pour sa déclaration d’amour à Mathieu Amalric.
Le César de la meilleure réaction à la présence de Julie Gayet
Ce n’est certainement pas Canal + qui mérite cette récompense. La chaîne a choisi le plan de coupe toutes les dix secondes sur Julie Gayet pour que l’on n’oublie pas que, oui, l’actrice a fait sa première apparition publique depuis l’affaire Closer.
Non, c’est à Joann Sfar que nous remettons ce prix. Sur son compte Instagram, le dessinateur imagine, depuis des semaines, François Hollande dans son lit ou devant sa télé. Et c’est souvent drôle.
Le César de l’acteur dont personne ne connaissait le nom avant la cérémonie mais après, c’est pas pareil
Au milieu d’un palmarès aussi convenu, deux noms sortent du lot.
- Sacré meilleur espoir masculin, Pierre Deladonchamps est la révélation de « L’inconnu du lac », un des films les plus osés de l’année 2013. Dès son premier « premier rôle », l’acteur, venu de la télévision, a été récompensé par la profession. Il sera à l’affiche du prochain film de Philippe Claudel.
- Meilleure actrice dans un second rôle (« Suzanne »), Adèle Haenel, tremblante et magnétique, a faite forte impression lors de la cérémonie. Par le passé, elle avait déjà été nommée deux fois dans la catégorie « meilleur espoir féminin ».
Le César de la meilleure tentative de réconciliation devant 2 millions de personnes
Le César de la meilleure tirade contre le French bashing (même si ça n’a pas semblé naturel du tout)
Scarlett Johansson dit adorer tourner en France, elle est en couple avec un Français. Et pourtant, quand, sur Canal +, on lui a demandé avant les Césars, son film français préféré de l’année, elle a répondu :
« Euh… »
Puis, à la question « Votre film français préféré de tous les temps, alors ? », elle n’a pas pris beaucoup de risque en répondant « A bout de souffle ».
Pourtant, au moment de recevoir son César d’honneur, l’actrice a su se montrer très diserte :
« Il y a beaucoup de projets controversés qui ont trouvé leur place dans l’industrie cinématographique française qui sait reconnaître ceux qui prennent des risques. C’est une qualité qu’il ne faut pas perdre comme c’est souvent le cas ailleurs. Merci à l’industrie cinématographique française de m’avoir donné ce refuge culturel. »
Scarlett va jouer dans le prochain film de Luc Besson. Le risque cinématographique, donc...
Le César de la plus mauvaise vanne de la soirée
Entre le selfie de Kev Adams, les ratés de Cécile de France et tant d’autres interventions de « remettants », nous avions l’embarras du choix. Pas de chance, nous remettons ce César au tandem Clément Sibony/Izia Higelin :
« Jean Cocteau disait : la différence entre un film de kung fu et un film d’amour, c’est qu’il y a toujours de l’amour dans un film de kung fu alors qu’il y a rarement du kung fu dans un film d’amour. »
Un peu moins de glamour et de meilleurs auteurs l’année prochaine, s’il vous plaît.