Considéré comme l’un des grands pianistes du XXe siècle, admiré pour ses interprétations du répertoire romantique, notamment Rachmaninov, l’Américain Byron Janis, qui fut l’un des rares élèves de Vladimir Horowitz (1903-1989), est mort le 14 mars dans un hôpital de Manhattan, à New York. Il avait 95 ans.
Né à McKeesport (Pennsylvanie) le 24 mars 1928 de parents juifs d’Europe de l’Est émigrés aux Etats-Unis (Janis est une déformation de Yanks, diminutif de Yankelevitch), le jeune prodige grandit à Pittsburgh auprès d’une mère au foyer et d’un père propriétaire d’un magasin d’articles de sport. Il commence le piano à l’âge de 4 ans avec Abraham Litow, joue pour la radio locale six mois plus tard. Les dons du jeune garçon sont tels qu’il est présenté à 7 ans à Rosina et Josef Lhévinne, dont il devient l’élève à la Chatham Square Music School de New York. Très occupés par leurs concerts, ces derniers délégueront l’enseignement du jeune Byron à Adele Marcus, qui sera son professeur durant six ans.
L’enfant prodige fait ses débuts à Pittsburgh le 15 octobre 1937. Il y fera également ses premières armes, à 15 ans, avec l’Orchestre symphonique de la NBC, dans le Deuxième Concerto, de Rachmaninov, une œuvre qui lui vaudra l’admiration de Vladimir Horowitz, venu l’écouter l’année suivante, cette fois avec l’Orchestre symphonique de Pittsburg, sous la direction d’un très jeune maestro de 14 ans, Lorin Maazel (1930-2014). Jusqu’à l’âge de 20 ans, Byron Janis sera l’un des rares élèves du grand maître du piano russe qui le suivent en tournée, se produisant parfois lui-même en concert, notamment en Amérique latine.
Public en larmes
Byron Janis donne son premier récital au Carnegie Hall de New York le 29 octobre 1948, tandis qu’il réalise ses premiers enregistrements pour le label discographique RCA Victor avec lequel il est en contrat depuis ses 18 ans. Mais la major américaine affiche déjà à son catalogue un pianiste star, Van Cliburn (1934-2013), qui sera auréolé en 1958 de sa victoire, en pleine guerre froide, à Moscou, au prestigieux Concours international Tchaïkovski, dont c’est la première édition.
Byron Janis, qui a gravé en 1959 le Concerto pour piano de Schumann avec Fritz Reiner (1888-1963), voit sa publication annulée afin de ne pas faire d’ombre à la version rivale de Van Cliburn – décision qui le fera partir chez les concurrents, Mercury. Mais c’est lui qui sera choisi en 1960 pour représenter les Etats-Unis dans le cadre d’un échange culturel avec l’URSS, premier pianiste américain à se produire en Union soviétique.
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