D’ici la fin de l’année, la dernière fusée Ariane 5, ou plus précisément l’étage principal cryotechnique (EPC) de la fusée, quittera le site ArianeGroup des Mureaux. Elle prendra d’abord la direction du Havre (Seine-Maritime) via une barge avant d’arriver à Kourou (Guyane) où le 117e et dernier tir aura lieu normalement en avril 2023.
Un géant de 30 mètres de hauteur
Ariane 5, c'est 25 ans d'exploitation. Durant toutes ces années, quasiment tout le monde dans l'établissement a contribué à la sortie de ces étages, à travers le développement, la fabrication... Le 10 novembre, on a organisé un événement avec l'ensemble des salariés du site pour la livraison du dernier étage. Ils ne sont pas nostalgiques car on commence un nouveau programme (ndlr : Ariane 6) mais ils sont fiers.
L’EPC, un géant de 30 mètres de hauteur, était assemblé dans ce que les salariés appellent couramment le « Hall Ariane 5 ». « Ce bâtiment, c’est une cathédrale, note Hugues Emont. Il pourrait accueillir l’Arc de Triomphe. »
Un bâtiment qui n’a désormais plus d’affectation précise. « On va le mettre sous cocon, baisser la température au minimum, limiter les maintenances au strict réglementaire », précise Hugues Emont.
Si la partie plate du bâtiment deviendra un hub logistique, la partie la plus haute pourrait être démontée à terme.
La fusée retournée et mise en conteneur
C’est donc un moment particulier qui a eu lieu le lundi 5 décembre 2022 pour la dernière « desérection » de l’EPC, son passage de l’état vertical à horizontal, avant sa mise en conteneur.
« C’est la 119e fois que l’on fait cette opération car outre les 117 étages de vol, il y avait eu deux étages de qualification auparavant, raconte Marc Chevalier, le responsable de l’intégration des étages en Europe et des lanceurs en Guyane pour Ariane 5 et Ariane 6. C’est une opération que l’on fait de manière régulière et qui est assez sensible car on manipule un élément assez fragile de 30 mètres de haut, 5,4 mètres de diamètre et 16 tonnes. Il faut faire attention aux chocs que l’on pourrait avoir. »
Le retournement de la fusée, réalisé par une demi-douzaine de personnes, « dure une journée pour la mise en conteneur et il faut ensuite compter une semaine pour la préparation avant l’envoi », indique Marc Chevalier.
Place à Ariane 6
La page Ariane 5 tournée, le plus gros de l’activité du site se concentrera désormais dans le hall Ariane 6, de l’autre côté du parking, où la première Ariane 6 de vol est en train d’être intégrée.
C'est déjà le deuxième modèle car le premier est en Guyane pour participer à des essais combinés. Aux Mureaux, nous avons déjà deux autres Ariane 6 en cours d'intégration. L'assemblage se fait de façon horizontale et non plus verticale.
Un coût de production diminué de moitié
Un temps espéré en juillet 2020, le premier vol d’Ariane 6 devrait intervenir fin 2023. Elle pourra transporter 12 tonnes de charges utiles contre 10 tonnes pour sa devancière. Surtout, elle devrait être bien moins coûteuse.
Pour faire face à la concurrence, il a fallu diminuer de moitié le coût de production.
Avec la fin d’Ariane 5 et le début d’Ariane 6, le site des Mureaux entre donc dans une nouvelle ère.
Déjà présent en 1996 lors du premier vol d’Ariane 5, Marc Chevalier évite d’être trop nostalgique. « C’est une page qui se tourne. Mais une page qui se tourne, ce n’est pas la fin du livre », conclut-il.
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