Je n'ai plus d'identité

Je n'ai plus d'identité - Tanguy Pastureau maltraite l'info
Je n'ai plus d'identité - Tanguy Pastureau maltraite l'info
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Pour tenter de contrebalancer avec l'attentat de Moscou et le cancer de Kate Middleton, Tanguy a mis une blague dans sa chronique.

Ce week-end, j'étais en tournée de rodage de mon spectacle, en Normandie, puis en Bretagne, 4 jours chez les gens ivres. J'ai dit aux normands que le Mont St-Michel était chez eux, en Bretagne j'ai dit qu'il était en Bretagne, les recettes habituelles. Ça fait comme vous Nagui quand vous nous prenez à part, nous les chroniqueurs, pour nous dire à chacun qu'on est meilleur que les autres, moi je vous ai dit "bah non, il y a Daniel quand même", vous m'avez répondu "Daniel qui ?" en me faisant un peu trop de bisous à mon goût.

J'ai d'abord passé 2 jours à Rouen, magnifique, le Gros Horloge, les petites rues pavées, c'est comme Dubaï mais avec des petites rues pavées et pas de soleil. Puis je suis descendu sur Caen, vendredi, il flottait, j'ai passé la journée avec ma capuche, ce qui fait que personne ne m'a reconnu, exactement comme quand je n'ai pas de capuche.

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Le soir, je rentre à l'hôtel, je mets BFM, attentat à Moscou, je vois des images de terroristes tirer sur des gens à bout portant, en-dessous il y a un bandeau annonçant que Kate Middleton est atteinte d'un cancer, je me dis "la pluie, l'attentat, le cancer", en plus dans l'hôtel ils n'avaient pas mis de petit chocolat sur l'oreiller, c'est en fonction du succès de chacun, Paul Mirabel sur son oreiller, il a 12 poulardes et 3 caisses de Saint-Emilion. Moi, rien. Bref, j'ai éteint la télé et je me suis éteint moi-même.

Et là, le matin, je dois descendre à Auray, dans le Morbihan, mais la SNCF étant ce qu'elle est, c'est-à-dire un des 700 services abandonnés par l'État au détriment, bah de rien d'autre en fait, en train il faut 6h, il faut quasiment passer par Toulouse avant de bifurquer sur Compiègne et là, Auray. Donc je loue une voiture, on me file une MG, un petit SUV dont le réservoir d'essence se vide en un quart d'heure, sur le trajet Caen-Auray, j'ai eu l'empreinte carbone de toute la tournée de la Star Ac'.

Le loueur de voiture me demande mon permis de conduire, je lui donne, il regarde ma photo, il me regarde, et je vois qu'il cherche des points communs entre les deux mais ne les trouve pas, j'ai eu le permis en 94, donc je me suis biodégradé. Tellement que je vais finir par voter pour les écolos, pas par adhésion, par fatalisme. Il me rend le permis, je le remets dans mon portefeuille, dedans je glisse le contrat, je mets tout ça dans le coffre de la MG, qui se referme électroniquement, "je ne sers plus à rien", que je me dis en pensant un quart de seconde au suicide, mais le beau temps est revenu à Caen, et je refuse de me suicider alors qu'il fait beau, parce que le soleil, c'est apaisant, "c'est pour ça que les africains sont toujours en train de se marrer", m'a dit un jour une connaissance du show-biz, vous savez comment il est, Sardou.

Je démarre la MG, je me lance à l'assaut du périphérique de Caen, c'est comme celui de Paris sauf que les voitures avancent, ça fait tout bizarre, puis l'A84, et là je vois sur le tableau de bord s'afficher un voyant "point d'exclamation", au début j'y fais pas gaffe, je me dis "la bagnole est peut-être juste excessive", on a tous des potes qui mettent des points d'exclamation à chaque phrase dans leur texto, avec aussi des majuscules, c'est violent, d'ailleurs, à chaque fois, même quand la personne écrit "tu vas bien, bébé ?", je réponds "ta gueule". Je me sens agressé, comme tout le reste du temps.

Et soudain, sur le tableau de bord, je réalise qu'un dessin de la voiture est apparu, avec le coffre en rouge, je pense à une incitation au tuning, mais je réalise vite qu'en fait il est mal fermé. Je m'arrête en catastrophe à une aire de repos, je prends 4 pains au chocolat à la Brioche Dorée, j'ai un sens des priorités qui est dicté par le beurre, puis je regarde le coffre, mal fermé. Les valises sont là, par contre, mon portefeuille, lui, est tombé, quelque part à Caen, ou sur le périph, ou sur l'A84, ce qui fait que je n'ai plus ni passeport, ni carte d'identité, ni carte vitale, ni carte grise, ni permis, ni ces paroles du Temps des cerises récupéré dans le portefeuille de mon grand-père à son décès, en gros, je ne suis plus personne et je n'ai plus de souvenirs.

Il me reste mon badge France Inter, il n'y a plus qu'à Inter que je suis reconnu, mon projet est donc de tout miser sur ici, renverser Adèle Van Reeth, la direction, virer les équipes, changer les serrures des portes d'accès, y compris bloquer le toit pour éviter, Nagui, que vous arriviez par les airs avec l'hélicoptère de Patrick Sébastien, l'air Teub One, et vivre ici tout seul, je repousserai les hommes du Raid venus libérer le bâtiment en diffusant très fort la playlist de France Bleu.

Donc je profite de ma médiatisation pour dire à celui ou celle qui peut-être trouvera mon portefeuille que les papiers, je m'en fous, mon identité m'est égale, je vais redémarrer à zéro en tant que Marie-Hélène. Ça va être ambigu et coquin. Mais ce qu'il y avait de personnel là-dedans, j'y tiens, à celui qui me rapportera mes affaires, j'offre une nuit avec Daniel Morin, c'est un boomer à l'ancienne, il est bien vicieux. Et ce qui me fait le plus peur, c'est que quelqu'un de mauvais se serve de mes papiers, les terroristes, on retrouve toujours dans leur voiture une carte d'identité, s'ils ont la mienne, la BRI va venir me chercher, et je serai obligé de leur crier "vraiment, au maximum j'aurais fait sauter un magasin de doudounes sans manches, mais sinon je suis gentil".

La suite à écouter et à retrouver en vidéo !

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