Toulouse. Mineurs isolés : ce lieu d'accueil ferme après des violences, les associations s'inquiètent

L'Ehpad des Tourelles hébergeait des mineurs isolés. Mais des violences au sein de la structure ont conduit le CCAS de Toulouse, propriétaire des lieux à mettre fin à l'expérience.

Cet ancien Ehpas, propriété du CCAS, accueille des mineurs isolés dans le cadre d'un dispositif expérimental soutenu par la mairie de Toulouse.
Cet ancien Ehpad, propriété du CCAS, accueille des mineurs isolés dans le cadre d’un dispositif expérimental soutenu par la mairie de Toulouse. (©Google street view)
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Depuis deux ans, l’ancien Ehpad des Tourelles, à Toulouse, héberge des mineurs isolés. Un dispositif expérimental mis en place dans ces locaux appartenant au Centre communal d’actions sociales, soutenu par la mairie et diverses associations et collectifs qui viennent en aide à ces jeunes dont la minorité n’est pas reconnue par le Conseil départemental, et qui sont, de ce fait, exclus des dispositifs de protection de l’enfance.

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Une centaine de jeunes sur place

Actuellement une centaine de mineurs non accompagnés, âgés entre 15 et 17 ans , résident sur place, selon les estimations de l’association Médecins du monde qui intervient régulièrement aux Tourelles. 

La plupart sont originaires d’Afrique. Selon l’association, tous ces jeunes ont déposé un recours contre les décisions du Conseil départemental. « Sachant que dans 80% des cas, la justice reconnaît leur minorité et qu’ils sont ensuite pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance », indique Nicolas Puvis pour Médecins du monde à Actu Toulouse. « Les Tourelles leur offraient un abri et une aide au quotidien en attendant. »

Les lieux doivent être libérés

Mais l’expérimentation aux Tourelles va prendre fin très prochainement. Le CCAS qui gère les lieux a en effet fait parvenir un courrier aux jeunes hébergés et aux associations qui les accompagnent stipulant que les lieux devront être libérés au 7 février

"On savait depuis plusieurs mois que les lieux devaient être libérés. Il n'y a aucun souci là-dessus, le CCAS fait ce qu'il veut avec ses locaux. Mais on nous avait indiqué que ce serait pour fin avril, on ne comprend pas la précipitation : cette expulsion va intervenir en pleine trêve hivernale, sans diagnostic social préalable, sans solution d’hébergement proposée aux jeunes concernés."

Nicolas PuvisMédecins du monde

« Tout cela ne fait qu’ajouter à leurs traumatismes

Une situation angoissante pour des jeunes dont le chemin de vie est déjà chargé, selon les associations qui interviennent aux Tourelles: « Tout cela ne fera qu’ajouter aux traumatismes antérieurs rencontrés sur la route de l’exil, la perte de repères pour des adolescents isolés une fois arrivés en France, l’insécurité administrative, la remise en cause de leur propre identité et de leur vécu, parfois la pénurie alimentaire et vestimentaire. »

Des comportements violents

De son côté, le CCAS explique que la décision de mettre fin à l’expérimentation menée aux Tourelles est notamment justifiée par le comportement de certains jeunes hébergés sur place. Dans son courrier, la directrice générale du CCAS indique ainsi que les cadres mis en place pour cette expérimentation ont « été régulièrement malmenés » évoquant « plusieurs événements d’une grave violence« .

« Plusieurs exclusions ont été menées suite à des incidents très violents  et un renfort en gardiennage les soirs, nuits et les week-ends a été mis en place, détaille Nadège Grille. Le climat ne s’est pour autant pas apaisé, conduisant même la grande majorité des jeunes hébergés à refuser avec un comportement agressif de se faire recenser le 12 janvier 2022 par les équipes d’intervenants sociaux. »

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Un recensement pour éviter toute sortie sèche à la rue 

Un recensement qui doit pourtant, selon la mairie de Toulouse, éviter toute sortie « sèche » à la rue des jeunes actuellement pris en charge dans le cadre de ce dispositif, en les orientant vers d’autres solutions d’accueil.

"Notre souhait est de poursuivre le travail partenarial que nous avons engagé avec le Conseil départemental de la Haute-Garonne et les services de l’Etat. L’objectif est de reconstruire un cadre de mise à l’abri et d’accompagnement pour ces jeunes en attente de clarification de leur situation administrative. C’est un enjeu de lutte contre le sans abrisme, d’inclusion et de prévention de la délinquance. "

Daniel Rougé1er adjoint au maire de Toulouse, vice-président du CCAS

La mairie de Toulouse promet par ailleurs de garantir « les besoins premiers » de ces jeunes (accès à l’eau, à l’électricité et à l’alimentation).

Le Conseil départemental de Haute-Garonne réagit

Pour le Conseil départemental, "les jeunes concernés n’ont pas été évalués majeurs par le DDAEOMI (Dispositif Départemental, d'Accueil, d'Évaluation et d'Orientation des Mineurs Isolés).La prise en charge de ces jeunes relève, en conséquence, de la compétence de l’Etat."
Le Conseil départemental précise : "Le Conseil départemental demande aux acteurs concernés, l’Etat et la ville de Toulouse, de se prononcer dès que possible et avant le 1er avril sur les solutions qui pourront être mises en place pour l’accueil de ces jeunes."

Un projet de centre maternel sur place

Un avis de marché publié le 28 janvier au nom du CCAS de Toulouse en dit un peu plus sur le devenir du site des Tourelles. L’ancien Ehpad, devenu un temps centre d’accueil pour mineurs isolés, doit devenir un centre maternel. Celui situé actuellement rue Sainte-Lucie, géré par le CCAS, doit s’y installer. « Les travaux consisteront en des opérations de démolition, construction, mise en sécurité, aménagements et divers travaux permettant de mener à bien la réhabilitation des bâtiments. » 

L’avis précise que deux visites sont fixées par le maître d’ouvrage pour découvrir les lieux : la première aura lieu le mardi 8 février. Au lendemain donc de la date fixée par le CCAS pour que les lieux soient libérés par les jeunes qui y résident actuellement.

Mobilisation place du Capitole

En attendant, les jeunes ainsi que les associations et collectifs qui les accompagnent organiseront un rassemblement sur la place du Capitole vendredi 4 février à 18 heures et invitent le public à s’y associer. « Nous appelons la mairie à renoncer à la fermeture annoncée et à poursuivre le dialogue entamé avec les jeunes, les associations et collectifs intervenant auprès d’eux, et ses partenaires institutionnels (Etat et Département) pour travailler à des solutions d’accueil adaptées et respectueuses des droits de chacun. »

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