La FNSEA met en avant 5 priorités et lance un ultimatum, pour sortir de la crise agricole

Le président du syndicat agricole FNSEA, Arnaud Rousseau, ici s’exprimant lors d’une conférence de presse à Paris, le 1er février 2024.
STEPHANE DE SAKUTIN / AFP Le président du syndicat agricole FNSEA, Arnaud Rousseau, ici s’exprimant lors d’une conférence de presse à Paris, le 1er février 2024.

AGRICULTURE - Le temps presse pour les syndicats agricoles, qui veulent désormais voir du concret. La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et les Jeunes agriculteurs ont exposé ce mardi 19 mars « cinq blocs » de priorités à Gabriel Attal, dont ils attendent très vite « un calendrier » et « des arbitrages » pour sortir de la crise agricole.

À l’issue d’un entretien de deux heures avec le Premier ministre, durant lequel ils ont fait part de « l’agacement » des agriculteurs et salué l’écoute « très attentive » de leur interlocuteur, un nouveau rendez-vous a été fixé à lundi prochain à Matignon, a annoncé à l’AFP Arnaud Rousseau, président de la FNSEA.

« On lui a dit qu’il y avait cinq grands blocs sur lesquels on n’avançait pas au bon rythme » sur les dossiers de l’élevage, la question de l’eau et des pesticides, la compétitivité, la trésorerie et les retraites, a déclaré Arnaud Rousseau, accompagné de son homologue des JA Arnaud Gaillot.

« Le terrain ne peut plus attendre » et Marc Fesneau, qui viendra clôturer le congrès de la FNSEA le 28 mars « ne peut pas venir sans des mesures très concrètes », a fait valoir le président de la FNSEA à l’issue de la rencontre en présence des ministres Marc Fesneau et Agnès Pannier-Runacher (Agriculture), et Christophe Béchu (Transition écologique), lançant une forme d’ultimatum. Le Premier ministre « nous a donné rendez-vous lundi soir pour dire “on avance ici à Matignon, et on est capable de vous dire sur quoi on a cranté les choses” », a rapporté Arnaud Rousseau.

Cette réunion à Matignon s’est tenue après le report d’une rencontre prévue cette semaine avec Emmanuel Macron, qui devait clore la séquence de la colère paysanne et des mobilisations organisées partout en France depuis janvier - jusqu’au Salon de l’agriculture où le chef de l’État a été copieusement hué. Le président recevra les syndicats « quand tous les travaux conduits par le gouvernement permettront au président de conclure la séquence », a indiqué lundi l’Élysée.

Un effort de priorisation

« Aujourd’hui, pour qu’on puisse reprendre notre activité agricole et quelque part considérer que la crise est derrière nous, il faut que les gens voient (...) les projets d’eau, voient les solutions techniques sur les phytosanitaires, voient les problèmes de trésorerie réglés, voient les contrôles uniques se mettre en place », a énuméré Arnaud Rousseau.

Pour avancer, les syndicats majoritaires ont fait un effort de priorisation, comme le demandait l’exécutif.

Les cinq grands axes présentés à Gabriel Attal concernent « l’élevage », avec une mise en route jugée poussive du plan élevage annoncé ; « les moyens de production », notamment le stockage de l’eau et l’usage des pesticides ; « la compétitivité », avec des mesures fiscales réclamées pour les éleveurs ; des « mesures de trésorerie », avec des « prêts bonifiés » par les banques ou un « accompagnement » pour les entreprises nécessitant une restructuration, et enfin le sujet de « la dignité du métier », avec une clarification attendue sur les retraites agricoles.

Concernant le stockage de l’eau, un exploitant ayant un projet de retenue d’eau doit savoir s’il peut ou non engager des travaux dès cette année, a réclamé Arnaud Rousseau. Au sujet des pesticides, « peut-on s’attendre à des dérogations en France pour des produits utilisés ailleurs en Europe ? », a-t-il demandé, saluant par ailleurs l’existence d’une prochaine « proposition de loi sur les phytosanitaires ».

Dans un entretien aux Échos publié mardi, il réclame des mesures fiscales, suggérant par exemple de relever de 20 % à 50 % l’abattement dont bénéficient les agriculteurs sur la taxe sur le foncier non bâti, ce qui « coûterait autour de 150 millions aux finances publiques » selon lui.

« On est ni plus ni moins sur les 62 propositions du Premier ministre », a affirmé Arnaud Rousseau, répétant attendre des arbitrages dans un délai serré, alors que le syndicat majoritaire clôture son congrès le 28 mars, à la veille de la présentation du projet de loi d’orientation agricole en Conseil des ministres.

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