Documentaire sur France 3 à 23 h 50
A partir d’images inédites et de témoignages d’anciens combattants, ce documentaire retrace l’engagement français lors de la guerre de Corée.
De la guerre froide, on garde parfois la vision sommaire d’un conflit idéologique et politique entre les Etats-Unis et l’Union soviétique. Chacun aurait visé à l’emporter non pas par un affrontement militaire direct, rendu impossible par la dissuasion nucléaire, mais par la mobilisation de toutes les ressources de l’idéologie, de la propagande et de la subversion. C’est oublier que la guerre froide a eu également des conflits périphériques, particulièrement meurtriers.
La guerre de Corée est l’un d’entre eux. La conférence de Yalta de 1945 décide que ce pays occupé par le Japon pendant la seconde guerre mondiale serait libéré conjointement par les Soviétiques au nord, et les Américains au sud du 38e parallèle. C’est ce qui se passe, mais la commission russo-américaine ne parvient à aucun accord. Une partition de fait s’installe : au sud, la République de Corée est proclamée à Séoul, en juillet 1948, avec à sa tête un président soutenu par les Etats-unis ; deux mois plus tard, c’est au tour de la République populaire démocratique de voir le jour au nord, avec à sa tête Kim Il-sung, rentré de Moscou en 1945.
Lorsque le 25 juin 1950, l’armée nord-coréenne envahit la Corée du Sud, le Conseil de sécurité de l’ONU, que l’URSS boycotte, demande son retrait. Sur résolution américaine, l’ONU décide la formation d’un corps expéditionnaire composé de contingents nationaux, dont un bataillon français. 3 421 volontaires venus de l’Hexagone combattront en Corée entre 1950 et 1953.
Le réalisateur Cédric Condon et l’historien Jean-Yves Le Naour ont retrouvé une demi-douzaine de survivants français, tous aujourd’hui âgés de plus de 80 ans. Leur documentaire, qui s’appuie sur une exploitation inédite des images d’archives, retrace le parcours de ces « oubliés », de leur rassemblement au camp d’Auvours dans la Sarthe aux assauts sanglants lancés depuis les tranchées enneigées de la côte 1037, piton escarpé situé au sud du 38e parallèle.
Ce film frappe, dès son introduction, par sa charge émotionnelle. « Notre aventure n’a pas de mémoire collective. Quand nous ne serons plus, nous, les anciens du bataillon français, il n’y aura plus personne pour se souvenir des copains tombés là-bas sur les pentes abruptes du pays du Matin-Calme », énonce le narrateur.
Le souci constant de contextualisation permet de mieux comprendre ce qu’ont vécu ces combattants. Après avoir débarqué à Boussan, en novembre 1950, ils sont encadrés par les soldats américains, qui les regardent avec condescendance. L’image des vaincus de 1940 leur colle à la peau. Il leur faut faire montre de bravoure lors des premiers combats – à la baïonnette – pour mériter le respect.
Un ennemi en surnombre
Dirigé par Ralph Monclar, un officier qui s’est illustré lors des deux guerres mondiales, le bataillon français affronte un ennemi en surnombre, mais sous-armé : les « volontaires » chinois, venus prêter main-forte aux Nord-Coréens. Après la stabilisation de la situation autour du 38e parallèle à partir de 1951, les premiers pourparlers débutent en juillet.
Les onusiens comme leurs adversaires s’enterrent dans des tranchées pendant deux ans. L’armistice de Pam Mun Jon, signée le 27 juillet 1953, fait figure de « paix blanche », le statu quo initial étant rétabli. Un conflit sans vainqueur ni vaincu qui, au total, a fait près de 1 million de morts, dont 287 Français.
Corée, nos soldats oubliés, de Cédric Condon et Jean-Yves Le Naour (Fr., 2016, 55min). Le jeudi 24 mars à 23 h 50 sur France 3.
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