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Affaire Geneviève Legay : 6 mois avec sursis pour le commissaire qui a ordonné la charge contre la «gilet jaune»

Geneviève Legay, le 8 mars, lors d’un rassemblement devant le tribunal de Nice.
Geneviève Legay, le 8 mars, lors d’un rassemblement devant le tribunal de Nice. Valéry Hache / AFP

Le commissaire Rabah Souchi, aujourd’hui numéro 2 de la police municipale de Nice, a décidé de faire appel de cette décision et reste soutenu par le maire Christian Estrosi.

Le Figaro Nice

Plusieurs dizaines de militants se sont regroupées sur le parvis du palais de justice de Nice (Alpes-Maritimes), vendredi après-midi, dans l’attente du délibéré de l’affaire Geneviève Legay, dans le même temps jugée à Lyon. Un peu après 14h, ils ont appris que le commissaire de police Rabah Souchi avait été condamné à six mois de prison avec sursis, coupable d’avoir ordonné la charge qui avait fait chuter cette «gilet jaune» lors d’une manifestation interdite, en 2019. C’était la peine requise par le parquet. Cet ordre «n’était pas justifié, ni proportionné, ni nécessaire», a estimé le tribunal.

Les juges ont aussi indiqué que cette condamnation ne serait pas inscrite à son casier judiciaire, comme il l’avait demandé. Le policier, récemment recruté comme numéro 2 de la police municipale niçoise, était poursuivi pour «complicité de violence par une personne dépositaire de l’autorité publique». Peu de temps après la décision connue, ce dernier a décidé de faire appel. L’avocat de la défense, Me Laurent-Franck Liénard, a dénoncé auprès de l’AFP «une décision très contestable et sans surprise».

Des applaudissements ont accompagné la militante azuréenne de 73 ans, devenue entre-temps symbole du mouvement des «gilets jaune». Un porte-clés souvenir de la tunique fluo est toujours accroché à son sac. «Je suis contente car cela va servir de jurisprudence, les avocats vont pouvoir s’en servir, s’est-elle félicitée micro en main sur la place. Je voulais que justice soit faite, justice est faite.» Selon elle, «des personnes comme Souchi ne devrait pas exister dans la police».

«Affaire symbole des violences policières»

«Geneviève on n’oublie pas, on ne pardonne pas !», ont repris en chœur les 80 personnes présentes, dont le porte-parole de l’association Attac, Raphaël Pradeau. Lui y voit même «une affaire symbole des violences policières». Présente également, la députée LFI de Paris, Sophia Chikirou, de passage dans le département. «Je suis soulagée et satisfaite, a-t-elle réagi. J’aimerais que ce qui arrive aujourd’hui ne soit pas exceptionnel car beaucoup de gilets jaunes ont été mutilés.»

Pour Mireille Damiano, l’une des avocates de Geneviève Legay, «ce dossier est exemplaire car c’est le donneur d’ordre qui est condamné». «C’est une grande victoire», s’est-elle satisfaite, même si elle est consciente que «cela n’est pas terminé». Rabah Souchi (54 ans), originaire des Hauts-de-France, était à l’époque chef du pôle voie publique à la police nationale et c’est lui qui avait décidé d’une charge policière soudaine pour écarter les manifestants de la place Garibaldi. Ils s’étaient rassemblés le 23 mars 2019, alors que la manifestation avait été interdite par la préfecture, non sans lien avec la visite du président chinois Xi Jinping dans la capitale azuréenne au même moment. Dans le mouvement des CRS, Geneviève Legay avait été projetée au sol et elle était restée inconsciente avec son drapeau multicolore pour la paix en main, souffrant de fractures et de côtes cassées.

«Excellent agent» pour Estrosi

S’ensuivaient de longues investigations, à rebondissements, le dossier devenant même politico-médiatique, avant que le procès ne soit délocalisé à Lyon, début janvier. Cela n’avait pas empêché Rabah Souchi d’être nommé numéro 2 de la police municipale de Nice, le 12 février dernier. Ce choix de la mairie et de l’édile Christian Estrosi avait suscité critiques et interrogations. Dans un communiqué, la municipalité a indiqué «prendre acte» de la décision de justice tout en rappelant qu’en faisant appel, le commissaire «bénéficie de la présomption d’innocence».

Le maire «continuera à apporter son soutien à ceux qui font respecter l’ordre public», a-t-il ajouté, et «se félicite de compter sur l’expertise de deux commissaires de la police nationale en détachement». Pour Christian Estrosi, «ce sont d’excellents agents» qui font «la force et la compétence» de sa police municipale. Dans le même temps, une pétition en ligne a été lancée pour demander à la municipalité de révoquer Rabah Souchi de son nouveau poste. Les préjudices pour Geneviève Legay seront eux évalués par la juridiction administrative puisqu’une «faute de service» a été reconnue.

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30 commentaires
  • tonioo

    le

    La Justice devient de plus en plus irrationnelle; aujourd'hui elle justifie une manifestante irresponsable, qui s'est engagée contre les avis des municipaux dans une manif interdite et que la police a reçu l'ordre de contrer; après ça on s'étonne que la France déraille!

  • Anti pastèque

    le

    Soutien total à ce commissaire. Comme d'habitude, les juges rouges prennent le parti de l'ultra gauche et des manifestants qui enfreignent toutes les règles et refusent de se disperser aux sommations.

  • MG DE RUAUX

    le

    Fusible. Tu dois faire des omelettes,… sans casser d’œufs. Il n’y avait qu’à, il fallait que. Quand tout se passe bien, vous êtes le plus beau des meilleurs sinon, … aux lions.

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