Suez Environnement : gros contrat à Dubaï
Quels sont les enjeux au Moyen- Orient pour Suez Environnement
Aujourd'hui cette région représente 1% de notre chiffre d'affaires. Il y a de grandes perspectives de développement dans cette zone, dont l'économie est en plein boom économique et démographique avec de gros besoins en eau potable et en assainissement. Les acteurs publics et privés ont décidé de prendre en main les problématiques d'environnement, ce qui est vraiment nouveau. La construction de villes nouvelles comme ici à Dubaï, l'amélioration des infrastructures... tout cela fait que notre activité va croître de façon significative, on devrait pouvoir atteindre 3% de notre chiffre d'affaires à l'horizon de cinq à dix ans. Ce qui est beaucoup... car tout le reste du groupe est aussi en fort développement. La croissance de notre chiffre d'affaires au Moyen-Orient sera de 15% par an sur les trois à cinq ans à venir
Quels sont vos concurrents dans cette zone?
On rencontre quelques groupes asiatiques, notamment de Singapour, et des groupes locaux, mais aussi nos concurrents habituels français, anglais et espagnols.
Ce contrat de Dubaï repose sur la technologie membranaire, plutôt innovante dans l'assainissement, plus généralement pour Suez Environnement, quels sont les enjeux en matière de R&D ?
Les problématiques de développement durable et de changement climatique vont nécessiter des investissements en R&D important pour améliorer les technologies existantes, et en trouver de nouvelles.
Chez Suez, nous avons le principe du partenariat en matière de R&D. Nous dépensons 55 millions d'euros en association avec des laboratoires publics, ou au sein du GIE Alliance. Cela fait que notre effort réel est double. Nos thèmes sont nombreux, notamment dans l'eau. Les micropolluants, le "reuse" ou réutilisation pour des applications comme ici à Dubaï qui devient vraiment une réalité.
Il y a aussi la maîtrise des fuites, un thème sur lequel on mène beaucoup d'études sur l'utilisation de capteurs électronique placés dans les réseaux qui permettent de détecter en avance les fuites et donc les pertes en eau.
Les odeurs sont un vrai sujet sur lequel nous avons un projet commun entre toutes les composantes de Suez environnement et avec des partenariats étrangers autour du programme NOSE.
Il y a aussi la thématique des micro-polluants, c'est à dire comment les maîtriser, les détecter, les éliminer....
Dans les déchets, il y a les thèmes du tri, de l'incinération avec nos équipementiers mais aussi de technologies plus nouvelles comme les bioréacteurs sur lesquels on travaille de plus en plus comme le montre notre contrat emporté à Montpellier pour une usine de méthanisation de 200 000 tonnes.
Le Grenelle de l'environnement a fait d'exprimer de nouveaux besoins en matière de protection de l'environnement. Comment les financer ?
Question difficile ! C'est aux politiques de savoir comment ils vont répartir le financement des investissements entre les tarifs supportés par le client final, l'impôt, les subventions.... Je n'ai pas d'a priori. Les investissements qui nous attendent sont très importants, notamment pour revenir en ligne simplement avec les exigences européennes. C'est vrai dans les déchets, le traitement de l'eau résiduaires, le recyclage. En la matière si l'on combine des systèmes d'écotaxe et l'éco-conception cela peut se faire sans augmenter les prix de façon significative.
Enfin, quand aura lieu l'introduction en Bourse de 65% de Suez environnement et qu'est ce que cela va changer pour votre groupe?
Elle se fera en 2008, le plus tôt possible, sans plus de précision pour l'instant, en fonction du calendrier de la fusion Suez GDF. Suez environnement est une division importante de Suez. Elle représente un quart de son chiffre d'affaires, un tiers de ses effectifs, un quart de son EBITDA. On est très bien dans Suez.
Mais en Bourse on aura une visibilité beaucoup plus grande, nous aurions été un peu caché par le tropisme énergie de GDF-Suez. Nous aurons le meilleur des deux mondes, un actionnariat de référence avec Suez qui assure la stabilité du capital, et de l'autre la visibilité du marché. On entre dans cette aventure avec enthousiasme. Suez Environnement sera une bonne affaire pour l'investisseur. Je pense que ce sera même une très bonne affaire !
Propos recueillis à Dubaï par Pierre-Olivier Rouaud
Une usine pour réutiliser l'eau.
Suez Environnement aura 54% du projet et le groupe de BTP belge Besix les 46% restant. Besix construit notamment la Burj Dubaï tower, la tour la plus haute du monde, il est un filiale du groupe égyptien Orsacom construction... celui là même qui vient d'entrer au capital de Lafarge.