Il cielo in una stanza (« le ciel dans une chambre »), création textile aux proportions généreuses (2,20 m × 1,50 m), est né de la rencontre entre Constance Gennari, à la tête de l’enseigne The Socialite Family, et Sarah Martinon, graphiste et dessinatrice. Deux femmes nourries de références communes : les années 1970, le cinéma italien, les univers coloriels forts…
« J’ai connu le travail de Sarah tout d’abord à travers les imprimés qu’elle dessinait pour Françoise, la griffe de mode de Johanna Senyk, puis les décors qu’elle a créés pour des éditeurs de papier peint », précise Constance Gennari. Ses souvenirs d’enfance ont servi de point de départ au projet, « des promenades au bois de Boulogne, et notamment cet endroit où se trouvent une île et un petit chalet chinois. J’avais envie d’un paysage semblable, mais imaginaire, avec un lac, des arbres comme des pins parasols, du ciel ».
Influencée par Léon Bakst et ses décors pour les ballets russes, les peintres nabis comme Félix Valloton (1865-1925) et Maurice Denis (1870-1943) ou les illustrations pop, Sarah Martinon dessine à la main en mélangeant les techniques. « Pour Il cielo in una stanza, j’ai peint à l’aquarelle et aux feutres à l’encre, explique-t-elle. Je travaille sur des papiers peu absorbants et, lorsque je reviens sur le dessin, l’encre refond et cela crée des effets de couches, de transparence, comme avec la peinture à l’huile. »
Une technique complexe
Pour traduire cette œuvre à l’inspiration onirique, Constance Gennari a naturellement pensé à la tapisserie. « J’ai toujours aimé ça, j’en achète en salle des ventes ou chez des antiquaires. C’est très beau en tête de lit, mais ça peut se changer de place facilement. » La fondatrice de The Socialite Family a confié la réalisation de la pièce à Tissage des Flandres. L’entreprise labellisée patrimoine vivant fondée en 1890 maîtrise la technique complexe du tissé jacquard sur métier mécanique.
Une préparation de près de deux mois a été nécessaire en amont du tissage. « C’est l’un des plus beaux projets que l’on ait produits, se réjouit son président, Marc-Antoine Kerkhof. Il fallait réussir à traduire les couleurs du dessin initial, mais aussi retrouver la main de l’artiste, son geste, ses coups de pinceau. »
Il cielo in una stanza est édité à dix exemplaires numérotés et signés et porte le nom d’une chanson italienne que Constance Gennari a beaucoup écoutée enfant. Une bluette des années 1960 dont les paroles disent en substance que, lorsque les amoureux sont réunis, les murs et le plafond de leur chambre disparaissent pour laisser place aux arbres et au ciel. Comme dans la tapisserie.
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