« Ce n’est pas une surprise pour moi : on est en retard depuis le début. On le sait, et on est lucide ». Christophe Urios ne minimise pas le mauvais début de saison de Bordeaux-Bègles sur le plan comptable, mais ayant pris le parti d’instaurer un nouveau projet de jeu, le manager girondin s’attendait à vivre une entame de Top 14 délicate, d’autant plus que le calendrier s’avouait épicé (Toulouse, Montpellier, Castres…).
Ce retard, il s’est accumulé depuis l’intersaison, lorsque l’UBB a déploré jusqu’à 17 absents durant sa préparation estivale. « Ça, on l’a traîné », souffle Urios, qui a dû composer avec de nombreux jeunes pour ses ateliers. Loin d’être idéal pour mettre en place ce qu’il souhaitait pour cet exercice 2022-2023. Et s’il estime que son équipe est en train « de combler son retard », « ce n’est pas encore suffisant », tient-il à souligner. À l’image de cette défaite contre Bayonne à Jean-Dauger le week-end dernier (20-15), la 3e en 4 rencontres cette saison.
Un peu de pression et de tension
C’est la première fois depuis bien longtemps que l’UBB rate sa mise en route. Forcément, cela demande un accompagnement des joueurs qui ont du mal à inverser la tendance actuelle. « On est dans une situation inconfortable et ça crée un peu de pression et de tension qui fait qu’on n’arrive pas à trouver notre rythme de croisière », dit Urios. « Quand on est sous pression, on n’y arrive pas. Le haut-niveau, c’est être à l’aise avec l’inconfort ».
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Cette pression, elle se traduit notamment par des temps faibles payés au prix fort. Cela avait été le cas contre Toulouse lors de la 1ère journée, entre les 55e et 60e minutes, avec deux essais encaissés et un score passé de 22-9 à 22-23. « On a des moments de déraillement », confirme Urios. Qui enchaîne : « À Montpellier, avec notre seconde période, je me demande comment on fait pour ne pas ramener des points. À Bayonne samedi, ça a duré 10 minutes de la 34e à la 44e (durant lesquelles l’UBB a encaissé ses deux essais, NDLR) alors qu’on était plutôt bien dans le match. Même si on contrôlait le match, j’aurais aimé avoir plus de supplément d’âme que j’ai eu en seconde mi-temps. Les joueurs le savent, ils ne sont pas fous ». « On n’est pas satisfaits d’être 13e, mais la saison est encore longue et ça va finir par payer », répond le talonneur Maxime Lamothe.
« En fin de saison dernière, les joueurs n’étaient pas apprenants »
Lucide sur la situation comptable, Urios reste malgré tout « positif », tout « en redonnant de la confiance » à son groupe. Car pour lui, certains signaux envoyés suscitent de l’allant et laissent entrevoir des jours meilleurs. Ces dernières semaines, le manager n’a cessé de louer la qualité de son groupe et n’a pas dérogé à la règle après l’entraînement de ce mardi pour lequel il a été « satisfait du contenu » :
On a un groupe avec une bien meilleure qualité humaine. L'état d'esprit est meilleur cette année. Physiquement, on est plus costaud et dans notre rugby, on a beaucoup plus d'options. Après, il faut les mettre dans l'ordre et tout le temps. Aujourd'hui, on n'y arrive pas.
Pour lui, le travail va vite porter ses fruits. Il expose une raison particulière : « Mes joueurs sont apprenants ». Il explique : « En fin de saison dernière, ils n’étaient pas apprenants, ils n’écoutaient pas et ça, c’est difficile parce qu’ils ne progressent pas et ils pensent qu’ils sont au-dessus de tout le monde. Depuis le début de saison, les joueurs sont top ».
« Avec un peu de réussite, on est 4e et personne ne nous casserait les bonbons »
« Des joueurs top » donc, et qui doivent garder la voie indiquée par Urios, même si les résultats ne sont pas encore au rendez-vous. « Ce n’est pas facile de garder le cap, car quand tu perds tu te remets en question, tu te demandes ce qui n’a pas marché. Mais il faut, car il n’y a que comme ça qu’on peut avancer », indique Lamothe.
Garder le cap, car « il n’y a pas le feu au lac » selon Urios. Qui tient à dire : « Avec le même match et un peu plus de réussite contre Toulouse (25-26), on serait 4e aujourd’hui et personne ne nous casserait les bonbons. Pour autant, je suis lucide. Même si aujourd’hui, on était placé différemment, je sais où on en est et je sais surtout la marge de progression que l’on a. Aujourd’hui, je considère que nous sommes à 75% ». Les 100%, c’est pour quand ? « Samedi », pou lui. Soit à l’occasion de cette 5e journée de Top 14 et la venue à Chaban-Delmas du Stade Français (15h). Les Parisiens sont prévenus…
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