Dans la salle d’audience, le public a souvent souri ce mardi 26 mars 2024. Un personnage pour le moins atypique était présenté en comparution immédiate au tribunal de Brest.
Il lui était reproché un outrage à l’encontre d’un élu de la Ville de Brest, en l’occurrence Réza Salami, adjoint à la culture. En garde à vue, il aurait également insulté et menacé de mort une policière.
Les faits : le 16 février, en soirée, il se baladait avec un ami à Brest. Quand il a aperçu Réza Salami, accompagné de deux autres personnes. Il s’est approché de l’élu. « Il m’a abordé. Il a reproché au maire de l’avoir expulsé de son logement, m’a dit que les étrangers étaient des ignorants et que les hommes politiques étaient des connards », a indiqué l’élu aux enquêteurs.
Le prévenu n’a pas nié devant le tribunal. « J’ai rigolé car le salami est un saucisson italien. Je pensais qu’il était Italien d’origine. J’ai voulu faire un jeu de mot. » Des violences physiques envers l’élu ? « Je l’ai pointé du doigt, une habitude gardée de mes 20 ans quand j’étais instituteur. Je ne l’ai pas poussé. Je suis peut-être violent dans mes paroles, pas dans mes gestes. »
Violent verbalement, il l’est à coup sûr. Lors de sa garde à vue, vers 19h15, il a menacé de mort une officière de police judiciaire qui allait lui notifier ses droits.
Le prévenu a reconnu être « un peu misogyne ».
« Il s’estime au-dessus de l’autorité »
Le rapport d’expertise psychiatrique nous en a dit un peu plus sur cet homme. « Une certaine mégalomanie », « idée de grandeur », « en recherche de familiarité », « pensée désorganisée par une surexcitation », « absence d’autocritique ». L’homme évoque un traitement pour sa bipolarité. Il n’en reste pas moins « accessible à une sanction pénale ».
Sous ses aspects sympathiques, « le personnage a un autre visage », a pointé Emmanuel Phelippeau, le procureur.
« Il compte huit condamnations, dont cinq concernent des atteintes directes à l’autorité. Il a une haute idée de sa personne, s’estime au-dessus de l’autorité. Ses propos sont de nature à porter atteinte à la dignité. Ce sont des comportements intolérables. Oui, il y a une altération du discernement, mais il est soumis aux lois de la République. »
Il a requis douze mois d’emprisonnement, dont quatre avec sursis.
« Mes codétenus en ont marre de moi, je parle trop »
Une peine qui a fait bondir le mis en cause : « La prison, ce n’est pas une partie de plaisir. Je côtoie des détenus qui ont fait des choses avec des armes. Moi je fais de l’humour. Coluche, on l’a mis en prison ? Et Bedos ou Le Luron ?! »
Son avocat a estimé qu’une peine ferme était inadaptée à son client. « Nous le retrouverons en miette s’il reste en prison. »
Prison où le sexagénaire séjourne déjà depuis plus d’un mois dans l’attente de passer devant le tribunal. Suffisant pour changer six fois de cellule !
« Mes codétenus en ont marre de moi car je parle trop. »
Il a été reconduit en prison après son jugement. Le tribunal l’a condamné à dix mois de prison, dont six ferme. Il devra en plus verser 1 000 euros de dommages-intérêts à la policière menacée, et un euro à la Ville de Brest. Réza Salami ne s’était pas porté partie civile.
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