Art : le dessin, un marché à part entière

L'artiste sud-coréenne Lee Hyun Joung au Salon du dessin, à Paris, le 21 mars 2024. ©Radio France - Aurore Richard
L'artiste sud-coréenne Lee Hyun Joung au Salon du dessin, à Paris, le 21 mars 2024. ©Radio France - Aurore Richard
L'artiste sud-coréenne Lee Hyun Joung au Salon du dessin, à Paris, le 21 mars 2024. ©Radio France - Aurore Richard
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Sur le marché de l’art, le dessin représente presque un quart des transactions. N’étant plus considéré comme une étape préalable à la peinture, cet objet a gagné en légitimité et en valeur, notamment financière. Il est prisé par des amateurs et des collectionneurs très attachés au support papier.

Plusieurs événements autour du dessin se déroulent à Paris depuis le 20 mars 2024.  Le Salon du dessin se tient au Palais Brongniart et le  Drawing Now Art Fair est installé au Carreau du Temple.  Le Printemps du dessin commence lui aussi, et ce, dans toute la France. Le dessin est une œuvre sur papier, à la différence par exemple d’une peinture qui, elle, est sur toile. Cela englobe donc toutes les pratiques, du fusain à l’aquarelle, en passant par les pastels et la mine de plomb, à condition que ce soit réalisé sur papier. Sur le marché de l'art, le dessin représente 21% des transactions en 2022  selon Artprice, leader de l'information sur le marché de l'art. Il est deuxième, derrière la peinture. En près de quinze ans, la filière n’est que très rarement repassée sous la barre des trois milliards d’euros. Le dessin est désormais un marché à part entière.

Sur les œuvres de  Lee Hyun Joung, il y a une multitude de lignes figurant, dit-elle, un chemin de vie. Elles sont tracées sur un papier traditionnel coréen : le hanji. L'artiste le fabrique elle-même dans son atelier parisien à partir d'écorce de mûrier. Elle travaille sur ce support de prédilection depuis trente ans, depuis son arrivée en France. Ce papier lui rappelle ainsi ses racines en Corée du Sud. "Je commence à vivre de mon travail, de mes dessins, explique Lee Hyun Joung. Au début, j’ai beaucoup ‘galéré’. Depuis, j’ai eu la chance inouïe de rencontrer la galerie Louis & Sack chez qui j’expose. On va vraiment dans le même sens". À l’avenir, elle compte poursuivre son travail sur le support papier, sur hanji. "Tant que cela m’amuse, je vais continuer", précise-t-elle.

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Le Billet culturel
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Une phase de création plus intéressante

Le dessin a plus que jamais sa place dans les galeries, notamment depuis qu'il n'est plus considéré comme une phase préparatoire à la peinture. C'est une œuvre d'art à part, explique  Louis de Bayser, marchand et président du Salon du dessin depuis 2013 : "On a souvent des collectionneurs qui sont très attachés au medium, au fait que ce soit des œuvres originales sur papier. Souvent, ils n’achètent pas de peinture, pas de gravure, ils n’achètent que des dessins. Le dessin montre en fait un moment d’indécision, de recherche. L’artiste tâtonne, change d’idée. Pour certains collectionneurs, il est plus intéressant de voir l’artiste dans cette phase de création que l’œuvre aboutie". Il y a quelques années, les dessins étaient rangés dans des cartons alors qu’aujourd’hui, les collectionneurs les encadrent et les exposent de la même façon qu’une peinture, indique le galeriste.

"Lion couché et tête de fêlin", Eugène Delacroix, exposé chez Louis de Bayser en mars 2024.
"Lion couché et tête de fêlin", Eugène Delacroix, exposé chez Louis de Bayser en mars 2024.
- Galerie Louis de Bayser
Les Carnets de la création
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Cette légitimité acquise par le dessin a engendré une hausse des prix sur le marché, d'après Antoine Laurentin qui a créé  sa galerie éponyme en 1988 à Paris, où la programmation est partagée de façon égale entre dessins et peintures. "Il y a une trentaine d’années, on considérait qu’un dessin valait environ 10% du prix d’une peinture. Tout cela est bien ancien et n’existe plus. Les marchés se sont réajustés et maintenant, on peut avoir des œuvres sur papier qui sont tout aussi chères que des peintures sur toile ou sur panneau. Les grands critères, ce sont la qualité et l’importance de l’œuvre donc certaines œuvres sur papier sont plus chères que des peintures parce qu’elles sont plus intéressantes, parce qu’elles sont la première pensée d’un artiste, parce que l’exécution est extrêmement directe et rapide et qu’elle prévaut sur une peinture plus réfléchie, moins spontanée, au niveau de la création", estime ce professionnel.

En mai 2022, un dessin intitulé "Un jeune homme nu entouré de deux autres figures" de Michel-Ange a par exemple été vendu 23 millions d’euros à Paris, chez Christie’s, célèbre maison de ventes aux enchères. Sur le Salon du dessin 2024, le montant de l’œuvre la plus chère est d’un million d’euros. Ce marché est particulier puisque, dans le même temps, il propose aussi un grand nombre d'œuvres à des prix accessibles, ce qui est moins vrai dans le milieu de la peinture. Dans la galerie d’Antoine Laurentin par exemple, il est possible d’acquérir un dessin pour 1 500 euros : "L’artiste contemporaine Claude Bauret-Allard travaille essentiellement avec une variété de pastels très particulière, ce sont les pastels Roché. Roché étant le plus vieux fabricant de pastels au monde. Et les œuvres de cette artiste sont à des prix plus accessibles".

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