1986, le bicentenaire Arago dans les Pyrénées-Orientales

Et le coup d’envoi de l’année Arago est donné le 26 février, jour de la naissance à Estagel du grand savant, physicien et astronome, membre de l’Académie des Sciences et directeur de l’Observatoire, mais aussi homme politique et républicain : député des Pyrénées-Orientales après les Trois Glorieuses et l’instauration de la Monarchie de Juillet (c’est pour soutenir sa candidature aux élections de 1846 qu’est créé le journal l’Indépendant), il fut même le président du gouvernement provisoire de la 2e République en 1848, ministre de la Marine et des Colonies et à ce titre signa notamment le décret d’abolition de l’esclavage. Le suffrage universel porta Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon 1er, à la Présidence. Après le plébiscite de 1852 et le rétablissement de l’Empire, Arago refusa de prêter serment au nouveau souverain qui demanda à ce qu’il ne fut pas inquiété. Il mourut peu après, le 2 octobre 1853.

Quels sont les temps forts de ce bicentenaire ?

Le 26 février même, Antoine Sarda, le maire d’Estagel lance le timbre à l’effigie du grand homme avant la présentation d’un livre écrit par l’historien Etienne Frenay « Arago et Estagel son village natal » et le dévoilement d’une fresque de Robert Llorens sur les murs du centre Louis Aragon. Le corps de musique des équipages de la Flotte de Toulon vient donner l’aubade sur la place du village avant le dépôt de gerbe au pied de la statue de l’enfant du pays. Au même moment, les Catalans de Paris fleurissent sa tombe au cimetière du Père-Lachaise. En mars, les élèves du lycée Arago présentent une exposition réalisée en hommage à leur illustre parrain. En août, la compagnie « Jeu d’Aion » présente un spectacle artistique et pyrotechnique sur la vie d’Arago au IVe festival d’Estagel. Et le réalisateur Stellio Lorenzi vient tourner pour Antenne 2 un volet de sa série « L’Histoire en marche » pour se pencher sur l’enfance du grand homme. Nous découvrirons notamment un petit François de 7 ans (interprété par le jeune Guillaume Lucas) poursuivant avec une lance des soldats espagnols fuyant la défaite de Peyrestortes égarés à Estagel ! Avec le colloque des 20, 21 et 22 octobre, ce sera l’ultime point d’orgue de ce bicentenaire.

Et ce n’est pas le seul anniversaire célébré en 1986 …

On fête aussi le centenaire de la publication de l’emblématique poème de Jacint Verdaguer, Mossen Cinto, Canigó. Le 11 juillet est présentée une réédition spéciale pour bibliophile, préfacée par Jordi Père Cerda, dans le hall du Castillet. Les 15 et 16 juillet, à l’invitation de Mgr Chabbert, évêque de Perpignan, douze évêques des deux côtés des Pyrénées se réunissent pour un grand aplec dans le somptueux cadre de St Martin du Canigó avant de poursuivre les célébrations le lendemain à Perpignan en présence de 127 ecclésiastiques et de 300 fidèles pour une messe en catalan en la cathédrale St Jean. Les chorales Fanal de Sant Vicens et Revelli de Sant Blasi interprètent notamment le virolai a la mare de Deu de Montserrat et la Despedida a la Verge de Font Romeu accompagnées à l’orgue par l’abbé Millasseau. Et ce n’est pas tout, l’année est faste, à Ille sur Têt, on célèbre aussi le centenaire de la naissance d’un grand poète de langue catalane, né et décédé au village, Josep-Sebastia Pons avec un cycle de conférences et une exposition.