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Seules en scène, cinq comédiennes pour dire les violences faites aux femmes

Andréa Bescond, Ludivine Sagnier, Marianne Basler, Elodie Navarre et Eleonora Galasso portent, face au public, une parole longtemps tue.

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Publié le 27 mars 2024 à 18h00, modifié le 28 mars 2024 à 08h32

Temps de Lecture 6 min.

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Elles s’appellent Andréa Bescond, Ludivine Sagnier, Marianne Basler, Elodie Navarre, Eleonora Galasso. Ces cinq comédiennes ont pour point commun de raconter les violences faites aux femmes et d’être seules en scène pour porter cette parole longtemps tue. Agressions sexuelles, violences conjugales, pédocriminalité, avortement clandestin : qu’il s’agisse de récits personnels ou d’adaptation de livres, ces monologues cathartiques émeuvent, bousculent, interrogent, parce qu’ils lèvent le voile sur la honte, le déni ou la peur qui ont souvent empêché d’énoncer ces vécus douloureux. La scène devient le lieu de transmission de ces histoires de femmes. Rencontres avec celles qui les incarnent.

Eleonora Galasso dans « Dévorante », mise en scène de Chloé Froget, au Théâtre des Mathurins, à Paris, le 12 janvier 2024.

Eleonora Galasso ne voulait être « ni dans le pathos, ni dans le militantisme, ni dans la dénonciation » pour raconter ses neuf années passées sous l’emprise d’un conjoint violent. Mais dans la « guérison » pour elle-même et la « transmission » pour les autres. Et quel meilleur endroit, pour cette chroniqueuse culinaire et autrice de livres de recettes, qu’une cuisine pour partager et se confier sur son histoire. C’est ce décor familier qu’a choisi la désormais comédienne pour se révéler dans Dévorante, un spectacle en forme de tragi-comédie à l’italienne. Jeune, sa mère lui a appris à « faire les pastas », mais pas à parler (« Je te nourris, mais on se tait », résume-t-elle). Devenue adulte, Elenora Galasso s’est aveuglée du danger d’une relation toxique. « Ce qui m’intéressait était de comprendre comment j’ai pu en arriver là, quelle était ma part de responsabilité, pourquoi je m’étais mis du jambon sur les yeux. »

« Investie d’une mission »

Alternant des scènes de joie à partager ses recettes et d’autres de douleur sur ce passé douloureux, elle se met sur le gril et fait son introspection. « J’avais besoin d’expulser ce vécu conjugal, cette expérience destructrice, de la manière la plus authentique possible pour prendre un nouveau départ. » Eleonora Galasso a bataillé pour monter ce spectacle hybride qu’elle souhaitait « fébrilement » voir aboutir. Aujourd’hui, les retours du public et les lettres reçues valent récompenses. « C’est comme si vous me parliez à moi », lui a avoué une spectatrice. « Je me sens investie d’une mission. Il fallait que je dise ma vérité pour que les gens se disent leur vérité », insiste la comédienne.

Andréa Bescond dans « Les Chatouilles », mise en scène d’Eric Metayer, au Théâtre de l’Atelier, à Paris, le 18 mars 2024.

De nombreux spectateurs se sont aussi confiés à Andréa Bescond, dont le spectacle Les Chatouilles ou la Danse de la colère a bouleversé le regard sur la pédocriminalité. Créée en 2014 au Festival « off » d’Avignon, Molière du seul(e)-en-scène en 2016, devenue un film en 2018, cette histoire d’une petite fille violée par un ami de ses parents sera reprise en avril au Théâtre de l’Atelier, à Paris. « Les Chatouilles, que j’ai écrit pour aller mieux et joué sur scène pour transformer la boue en beauté, a représenté pour moi le début d’une grande réparation et a comblé l’immense solitude que je ressentais. Je ne savais pas que l’on était autant », retrace Andréa Bescond.

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