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Showbiz : Ce que Jack Traboulsy alias King 10-10 veut faire avec son “Poto Club”

«Après le post d’hier (lundi 25 mars : ndlr), les gens ne savaient même pas que j’avais fait le Lycée technique d’Abidjan. Des anciens ont dit, mais il fallait le dire plus tôt, on va “gbé” le palais. Je réponds que le palais-là, on va le remplir. Moi, je suis quelqu’un qui ne baisse jamais les bras. Je n’abandonne jamais un combat, surtout quand c’est passionnel.» Dans la voix de Jack Traboulsy, joint au téléphone ce mardi 26 mars, on peut percevoir la détermination. C’est que ce mec-là est d’une pugnacité. La musique fait partie de son ADN. Son sang, voire son oxygène. En témoigne l’anecdote qu’il a partagée lundi avec ses abonnés et à laquelle il fait référence dans son propos.

C’était à la fin des années 70. Il était alors élève au Lycée technique d’Abidjan (où il a obtenu le Bac G2 en Techniques quantitatives de gestion option Informatique). A ce temps-là, il flirtait déjà avec la musique. Ses premiers déboires aussi :

«Une fois, j’ai été renvoyé de l’internat pendant 15 jours, car le son de ma guitare empêchait certains esprits chagrins de dormir. Je ne suis jamais rentré chez moi. Un surveillant m’a recueilli dans sa chambre.

Et tous les soirs, on jouait de la guitare en nous foutant de la gueule du proviseur.» Ce surveillant n’était autre que Phil Azoumé, aujourd’hui l’un de ses meilleurs potes. «A l’époque, j’habitais à Marcory. (…). Je suis donc resté dans la chambre de Phil Azoumé.

Lui et moi, on était fans de Johnny (Hallyday : ndlr). Tous les matins, je partais aux cours et les gens pensaient que je venais de l’extérieur. Je suis un guerrier mais pas un crâne brûlé», précise cependant Jack.

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En réalité, son histoire d’amour avec la musique est née depuis ses années collège, à Gagnoa. «C’est là que j’ai appris à jouer de la guitare. A l’époque, les Djinn’s Music venaient jouer là-bas. Après le Brevet, je suis venu au Lycée technique d’Abidjan. Là, on a créé un groupe qui s’appelait les Jah Nous Deux. Un samedi, j’étais resté seul à l’internat avec un ami qui était bassiste. On a commencé à jouer, et c’était tellement bien qu’on a dit “oh, ça va nous “jah” cette musique-là !” Comme on n’était que deux, on a créé les Jah Nous Deux.»

Les deux ados vont ensuite monter un groupe structuré, avec l’arrivée d’autres jeunes musiciens, tout en conservant le nom d’origine. «Et c’est moi qui ai fait venir Ramsès de Kimon dans le groupe», rappelle Jack. «Il était en classe de Seconde, alors que nous étions en Première. Je lui ai dit, tu vas faire des chansons Reggae. Moi, je faisais tout ce qui est Pop. C’est comme ça qu’on a évolué. Il était encore en Terminale quand nous sommes partis à l’Université (à l’Inset, d’où il intègre l’Orchestre de l’Université d’Abidjan-Cocody : ndlr) et ça a continué.» La suite est connue. En 1987, le black rocker entrait de façon fracassante dans le cœur des mélomanes ivoiriens avec “Marilou”.

Un “poto” en pleine gueule… qui donne des idées

Après avoir mis pendant de longues années un bémol à sa carrière, pour faire valoir ses compétences dans l’administration publique en France, le fils du N’Zi est rentré définitivement en Côte d’Ivoire en 2020. Comme s’il avait cédé aux chants de sirènes du fleuve N’Zi, emblématique cours d’eau de son Dimbokro natal. Le concert live de décembre 2023 était censé marquer le grand retour de l’idole au-devant de la scène musicale. Lieu choisi, la salle Anoumabo, la plus vaste du palais de la Culture avec ses 4 000 places. Si pour le commun des mortels ce fut un flop, le King ne voit guère les choses comme tout le monde. Et c’est bien ce qui le distingue :

«Au niveau scénique, artistique, je n’ai rien à me reprocher. C’était un succès sans précédent. (…). Mon capital sympathie n’a pas été perdu au niveau du public. Par contre, une chose est claire, il faut s’adapter à la nouvelle génération. C’est ce que je suis en train de faire. Et je leur ai dit que, comme moi je suis un 10, je ne doute pas de mes capacités. A partir de maintenant, je vais jouer le jeu. Et depuis ce jour, les gens m’ont lâché. Plus personne ne parle du palais. Si j’étais resté recroquevillé sur moi-même, j’étais mort artistiquement», dit-il.

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Raillé par une partie des Ivoiriens, le chanteur a plutôt puisé ses forces de cette expérience. Avec des artistes comme Ramsès de Kimon, Serge Kassy, Antoinette Konan… il imagine la création d’un collectif, baptisé ironiquement le G10 ou encore le “Poto Club”. Dans l’idée d’un retour dans cette même salle. Cela devrait débuter par une tournée de proximité, avant de s’achever par l’assaut final au palais de la Culture. «Bien sûr. Ça va être une très bonne initiative, ça va se mettre en place. C’est peut-être un peu amusant, j’ai commencé à créer le “Poto Club” (Il se marre).

En fait, j’ai constaté qu’après le concert, quand la CAN a commencé, je ne pouvais pas donner mon opinion sur les choses. J’étais comme cloué au pilori à cause de cette expérience au palais. Alors que pour moi, c’est une réussite hein ! Car, je dis toujours que là où une ou deux personnes sont réunies, le Seigneur est là», dit-il. Avant de faire cette observation : «La musique a fait que des gens, aujourd’hui, peuvent se permettre de dire des choses. Personne ne s’aperçoit de mon parcours professionnel. J’ai fait 30 années en France où j’ai servi au plus haut niveau de l’administration publique française. J’ai laissé tout cela pour revenir à mes amours, la musique.» Entre ce bon vieux Jacky et la musique, c’est une histoire d’amour éternelle. Une histoire que rien n’arrête, pas même le temps.

François Yéo

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