« On est viré, c’est honteux », s’offusque, ce lundi 25 mars, un propriétaire. Déjà abasourdis par l’annonce de la fermeture du camping de Kerolland à Fouesnant, les résidants de mobil-homes viennent d’apprendre qu’ils devront libérer le site dans les mois à venir. Le groupe immobilier Giboire, qui s’est porté acquéreur du camping en janvier 2024, avait, dans un premier temps, assuré d’une continuité du service au minimum pour les deux prochaines saisons. Ce répit qui avait déjà provoqué l’ire des résidants et conduit à une pétition en ligne et à l’ouverture d’une page Facebook, vient d’être remis en cause. Pire, le camping ne rouvrira pas lors des prochaines vacances de printemps. « Pour nous, c’est un coup de massue. »
La sécurité du site en cause selon Giboire
Les termes du courrier de Giboire, en date du 22 mars, sont venus noircir un peu plus l’horizon des résidants. Le groupe immobilier a donc fixé l’enlèvement des mobil-homes avant la fin 2024. Soit deux ans avant le calendrier initialement prévu. En cause, l’état général du camping selon le groupe immobilier : « En vue de l’ouverture courant avril du camping, nous avons fait réaliser les tests de conformité technique d’usage avant l’ouverture au public pour la saison 2024. » Sans en fournir les détails, ces « derniers remettent en cause la sécurité du site ». Conséquence, « l’état d’usage apparent des infrastructures a été infirmé ».
« Au vu de l’ensemble des irrégularités soulevées au cours des diagnostics, la mise en conformité des installations nécessitant d’être reprises et les modalités administratives ne sauraient être opérées dans les temps pour la saison », indique le groupe immobilier. Conséquence directe, et face au climat lié à la vente du camping, l’exploitant a préféré jeter l’éponge.
Interrogé, Guillaume Loyer, le directeur régional Bretagne du groupe assure « comprendre la déception des propriétaires. Mais sans exploitant, cette décision était inéluctable. La gestion d’un camping n’est pas notre métier. Des questions de sécurité des occupants et de responsabilité nous ont conduits à ne pas procéder à la réouverture du camping ». Les contrats d’eau et d’électricité seront résiliés dans les mois à venir.
Des réservations caduques pour les vacances de Pâques
Sur près de trois hectares, sur le site très prisé de Beg-Meil, le camping accueille près de 70 mobil-homes et réserve autant de places libres pour les campeurs et les camping-caristes. « Le groupe s’était engagé à respecter l’histoire du site, retrace un propriétaire. Aujourd’hui, Giboire avance des arguments de sécurité alors même qu’ils ont acheté le site en toute connaissance de cause. Ce sont des arguments dilatoires. »
Cette décision nourrit d’autant plus de colère qu’elle intervient moins de quinze jours avant les vacances de printemps pour la première zone. « C’est un camping familial, accessible aux classes moyennes. Des réservations avaient été faites. Il reste très peu de temps pour se retourner. C’est inacceptable. »
« On ne se laissera pas faire »
Ce propriétaire, qui a investi 50 000 € dans un nouveau mobil-home, s’estime totalement lésé et floué : « On avait eu la promesse que rien ne bougerait. Je vais être de ma poche. » S’appuyant sur le succès de la pétition et de ses 7 802 signatures, les propriétaires s’apprêtent à créer une association de défense du camping. « Faire couler du béton sur ce site est une hérésie. On ne se laissera pas faire. » Ils comptent notamment batailler sur la comptabilité du futur Plan local d’urbanisme (PLU) de la ville avec le projet du groupe immobilier. « Nous avons acheté un foncier et la possibilité d’une vente était connue depuis quelques années », assure le directeur régional de Giboire qui entend « laisser aux propriétaires le temps de se retourner ».