Emmanuel Macron à l’Opéra en Guyane: «Il vient dire merci à son ami Déau»
Politique / Environnement

Emmanuel Macron à l’Opéra en Guyane: "Il vient dire merci à son ami Déau"

Samuel Zralos
Le panneau à l'entrée de la Ceog démonté par des manifestants de Prospérité, en 2023 (photo d'illustration).
Le panneau à l'entrée de la Ceog démonté par des manifestants de Prospérité, en 2023 (photo d'illustration). • SAMUEL ZRALOS

A Prospérité, la venue d'Emmanuel Macron est analysée surtout au travers de la lutte du village contre l'emplacement de la Ceog. C'est donc le passage à l'opéra en Guyane qui a retenu l'attention.

A l’occasion de sa visite d’un peu plus de 24 h en Guyane, le président de la République doit visiter les locaux de l’opéra de Paris en Guyane. Un projet soutenu notamment par Thierry Déau, à la fois patron de Meridiam, à l’origine du projet de centrale électrique dans l’ouest guyanais (Ceog), et soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, dont il a notamment contribué à financer la campagne de 2017, via les fameux dîners londoniens.

Ce passage de la visite a, forcément, retenu l’attention des militants qui luttent depuis plusieurs années à Prospérité contre l’emplacement de la Ceog, implanté sur ce qui est historiquement leur forêt vivrière. « Ça me fait rigoler, y a plus important que ça en Guyane, non ? Déjà le peuple autochtone est-il moins important que d'aller voir l'Opéra en pays guyanais ? » s’interroge, moqueur, Roland Sjabere, yopoto de Prospérité, qui note qu’Emmanuel Macron prend ce temps alors que le président « passe juste dire coucou [à la Guyane] sur le chemin du Brésil ».

Si sa visite est en effet assez courte, Emmanuel Macron en consacre pourtant une partie aux questions autochtones, avec une visite à Camopi. Le président de la République va également à la rencontre d'actifs guyanais, avec des rencontres avec les filières pêche et agricole.

« Une nouvelle preuve de proximité »

A ses yeux, pas de doute, Emmanuel Macron, « vient dire merci beaucoup à son ami Déau qui lui a financé la présidentielle, ils se remercient entre eux ». Un avis partagé par Benoit Hurtrez, pour qui il « paraît assez évident que c'est une nouvelle preuve de proximité » entre Thierry Déau et le chef de l’Etat. Le militant et habitant de Prospérité regrette que, alors qu’une plainte à l’ONU contre le traitement réservé au village a été déposée la semaine dernière, « il n’y ait pas dix minutes accordées au sujet » de l’emplacement de la Ceog. « c'est fâcheux, mais pas surprenant de pas se préoccuper de l'actualité d'un conflit qui dure, ne pas venir écouter les revendications des peuples autochtones », soupire Benoit Hurtrez.

Il faut dire que le président de la République n'a pas prévu de se déplacer dans l'ouest guyanais au cours de son séjour et ne passe donc pas à proximité de Prospérité, limitant forcément les possibilités de s'y arrêter. Et que le sujet semble passé pour l'Etat, à en croire les déclarations de l'ancien préfet Thierry Quefellec, qui estimait dès juillet 2023 auprès de France Guyane que « les choses doivent se faire. [...] Le projet peut avancer en toute légitimité ». Il s'appuyait notamment sur le soutien de la majorité des élus guyanais au projet Ceog dans sa forme actuelle. 

Le tout est « assez cohérent avec les idées de Macron : à ses yeux « la Guyane c'est Cayenne et L'ouest un réservoir à mines et déforestation » juge carrément Philippe Lamboley. Qui estime que « Meridiam continue ses ravages, continue de parjurer sa charte de respect des populations. Et Emmanuel Macron adoube tout ça ». De toute façon, note-t-il, « on savait très bien ici que c’est pas Thierry Déau qui demande des faveurs au ministère, mais l'inverse, comme l'a documenté le journal Libération ».

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