Frédéric Lo : "Peut-être qu’on est là pour attraper une musique qui existe déjà, un peu comme des bardes"

Le succès n’a jamais été le moteur de Frédéric Lo. Lui-même aime autant les artistes très connus, comme les Beatles, que des artistes plus obscurs. Ses rencontres avec Daniel Darc ou Peter Doherty ont contribué à leur renaissance, à une autre naissance, ailleurs.

"En littérature, dans les arts plastiques, dans la réalisation de films, j’ai toujours eu l’impression qu’on pouvait s’améliorer avec le temps. Et en pop musique, comme c’est un art qui est assez neuf - la façon de faire des disques, c’est assez neuf -, je me suis toujours demandé pourquoi les artistes devaient être à leur top quand ils avaient 25 ou 30 ans, et pourquoi, ensuite, ça devait forcément décliner. Peut-être qu’avec Daniel, avec Peter, c’est des rencontres. A la fois, on a cette culture commune, à la fois, je me souviens ce que c’est que d’avoir 20 ans.

Mais en même temps, c’est aussi des albums de maturité. Peut-être que c’est aussi prouver qu’aujourd’hui, on peut être entendue quand on est une femme, on peut être entendu quand on a des questionnements identitaires. Et pourquoi on ne serait pas entendu quand on vieillit et pour quelle raison on ne pourrait pas faire un disque, comme on encensait Soulages à 90 ans ou Hemingway quand il en avait 50 ? J’aime bien ça aussi, ce côté un peu vierge, cette terre un peu inconnue".

"C’est le mystère de la création. Donc, je ne sais pas… Peut-être qu’on est là pour attraper une musique qui existait déjà, qui était déjà là, et puis on est là un petit peu comme des druides, comme des bardes plutôt".

Pendant longtemps, Frédéric Lo se demandait s’il était raisonnable d’être musicien, si cela avait un sens. "Il faut donner un sens à notre vie. Avant de faire tous ces disques qui ont donné un sens à cette musique que j’avais en moi, vous ne savez pas si c’est une folie ou une fuite ou… […] Aussi, moi je suis indépendant et le fait de gagner de l’argent avec ma musique, c’est mon indépendance et c’est ça qui m’a permis de continuer". Quand il a rencontré Daniel Darc, c’était un peu aussi pour lui comme une mission qu’il puisse être reconnu pour son talent d’interprète et d’auteur.

"Cette force, cet élan vital que j’ai toujours eus, je pense que oui, c’est sûrement un mystère aussi".

La musique a soigné Frédéric Lo et il ressent l’impact qu’elle a sur le public, comme un flot d’amour. La thérapie par la musique, c’est pour lui une évidence.

"On revient là un petit peu à la grotte, au feu, les gens qui s’exprimaient, qui grommelaient ou qui tapaient sur deux bout de bois. C’est mystérieux, je ne sais pas pourquoi. Si je fais un accord tout simple de do majeur au piano ou si je sens résonner une guitare contre moi, je sens que ces vibrations me font du bien. Je ne sais pas pourquoi. […] On est happé par ça, c’est le mystère de la création".

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