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Guerre en Ukraine : à Odessa, les enrôlements illégaux crispent la société

Alors que l’armée ukrainienne manque de recrues après deux ans de conflit, le projet de loi censé en regarnir les rangs reste bloqué au Parlement.

Par  (Odessa (Ukraine), envoyé spécial)

Publié le 28 mars 2024 à 05h30, modifié le 03 avril 2024 à 15h07

Temps de Lecture 5 min.

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Une affiche de recrutement de l’armée ukrainienne sur laquelle est écrit « Nous garantissons soixante jours de préparation », à Odessa, le 19 mars 2024. Plus loin, on peut lire : « Tu es avec nous ? »

Les ennuis d’Oleg ont commencé sur le chemin de son travail, un bar-restaurant d’Odessa, sur la rive ukrainienne de la mer Noire. C’était il y a moins d’un mois, dans les premiers jours de mars. « Une quinzaine de soldats en uniforme sont montés dans le trolleybus où je me trouvais », raconte cet Ukrainien de 31 ans au regard encore sidéré, qui a demandé à garder l’anonymat, comme d’autres personnes rencontrées.

Barman, Oleg, atteint d’une maladie grave affectant son système nerveux, s’était habitué aux patrouilles de militaires à la recherche d’hommes mobilisables dans les rues de la ville portuaire. Mais, ce jour-là, malgré ses documents en règle, il est arrêté, prié de descendre du bus et emmené avec « sept autres gars » dans un centre de recrutement. Il a à peine le temps d’envoyer des messages à sa famille et à son employeur que son téléphone portable est confisqué.

C’est la mère d’Oleg qui a immédiatement appelé la jeune avocate Mariïa, qui se trouve, ce mardi 19 mars, aux côtés du jeune homme sur la banquette d’un petit café. Mariïa, qui a elle aussi requis l’anonymat, assiste désormais son client dans les démarches visant à prouver son état de santé. Lors de son arrestation, Oleg, toujours sous l’effet du lourd traitement médical qu’il prend quotidiennement, a dû signer plusieurs documents autorisant l’administration du centre à le faire passer immédiatement devant une commission médicale, « alors que c’est interdit », insiste l’avocate. Après un examen, des médecins militaires l’ont jugé mobilisable. « Il suffit qu’un homme ait deux bras, deux jambes et une tête pour qu’il soit jugé apte à se battre, s’insurge-t-elle. Les centres de recrutement sont une zone de non-droit. Cela nuit à l’image de l’armée. »

Les affaires de mobilisation illégale et de violence de la part des militaires des centres de recrutement ont été rendues de plus en plus publiques ces derniers mois. Alors que l’Ukraine pouvait compter sur des dizaines de milliers de volontaires au début de l’invasion russe de février 2022, les forces de défense du pays peinent désormais à recruter de nouveaux membres. Or, l’armée se trouve en difficulté le long de la ligne de front et souffre d’un besoin urgent de mobiliser de nouveaux Ukrainiens, afin de remplacer des soldats épuisés, ainsi que les morts et les blessés. Les soldats déjà déployés depuis deux ans se plaignent d’un manque de jeunes recrues, alors que la moyenne d’âge des soldats est élevée (un peu plus de 40 ans).

Mesures impopulaires

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