Gaza : les 27 sortent du blocage après cinq mois de silence

Le Conseil européen est parvenu à exprimer une position commune sur le drame humanitaire à Gaza, après cinq mois de silence contraint.

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Les Européens ne s’étaient pas exprimés collectivement sur la situation au Proche-Orient depuis le 27 octobre.
Les Européens ne s’étaient pas exprimés collectivement sur la situation au Proche-Orient depuis le 27 octobre. © Arnaud Andrieu/SIPA / SIPA / Arnaud Andrieu/SIPA

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« Le Conseil européen adopte enfin la position initiale de l'Espagne, celle d'un appel à une trêve humanitaire immédiate. » C'est avec un soulagement douloureux que cette diplomate proche de Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol, s'exprimait, jeudi, dans les allées du sommet qui se tient à Bruxelles entre les 27. Faute d'unanimité, les Européens ne s'étaient plus exprimés collectivement sur la situation au Proche-Orient depuis le 27 octobre. Les sensibilités différentes sur Israël ont été surmontées, si bien que ni l'Autriche ni la Hongrie, les deux pays les plus proches du Premier ministre Benyamin Netanyahou, ne se sont opposées aux formulations claires des conclusions.

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Le fait que les États-Unis soumettent, vendredi, au vote du Conseil de sécurité de l'ONU leur projet de résolution insistant sur la nécessité d'un « cessez-le-feu immédiat » à Gaza a « manifestement rapproché les Européens entre eux », confiait un diplomate européen.

L'Europe appelle Israël à renoncer à une attaque sur Rafah

Le Conseil européen rappelle, avec autant de force qu'il condamne, les « attaques terroristes atroces » du Hamas commises le 7 octobre 2023 et réitère qu'Israël dispose du droit de se défendre, mais « conformément au droit international humanitaire ». Surtout, les 27 appellent à « une trêve humanitaire immédiate conduisant à un cessez-le-feu durable, à la libération sans condition de tous les otages et à la fourniture d'une aide humanitaire ».

À LIRE AUSSI En Israël, la question des otages polarise la société « Nous ne sommes pas favorables à une offensive militaire majeure [à Rafah], a souligné le chancelier Scholz en réponse aux intentions affichées par Israël. J'ai également souligné cela en Israël même. » Le chancelier allemand était, en effet, en visite en Israël le 18 mars. Aux côtés de Benyamin Netanyahou, il avait alors déclaré qu'« on ne peut pas combattre le terrorisme avec les seuls moyens militaires ».

Manger de l'herbe pour survivre

« Il est crucial que davantage d'aide humanitaire parvienne à Gaza, dans le cadre d'un tel cessez-le-feu, mais cela fait aussi peur, a insisté le chancelier Scholz, jeudi, en arrivant au Conseil européen. J'ai dit au gouvernement israélien que notre objectif devait être d'arriver à 500 camions ou l'équivalent. Cela peut également se faire par voie maritime ou aérienne, mais l'itinéraire le plus important est probablement celui des camions qui traversent la frontière. C'est ce qui doit être développé plus encore à présent. »

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La Belgique a demandé que les conclusions du Conseil fassent mention d'une « famine » en cours. « Cette famine est due uniquement au fait que l'aide humanitaire n'est pas suffisamment permise. C'est quelque chose qui est véritablement prioritaire pour nous », a insisté le Premier ministre belge, Alexander De Croo, qui s'indignait que les personnes en soient réduites à « manger de l'herbe pour ne pas mourir ». « La population de Gaza souffre et il est de la responsabilité d'Israël de s'assurer que cela n'arrive pas », concluait-il.

Une enquête indépendante contre les violences sexuelles

Les 27 enjoignent également « toutes les parties » de respecter et de « mettre en œuvre l'ordonnance de la Cour internationale de justice du 26 janvier 2024, qui est juridiquement contraignante. Les violations du droit international humanitaire doivent faire l'objet d'enquêtes approfondies et indépendantes, et le respect de l'obligation de rendre des comptes doit être garanti ». L'Union européenne soutient la réalisation « d'enquêtes indépendantes » sur toutes les allégations de violences sexuelles telles que relatées dans les rapports de la rapporteuse spéciale des Nations unies, Reem Alsalem.

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Par ailleurs, les 27 condamnent également les violences de colons extrémistes qui seront l'objet de sanctions ciblées de la part de l'UE. « Le Conseil européen condamne les décisions du gouvernement israélien d'étendre encore les colonies illégales en Cisjordanie occupée. Il demande instamment à Israël de revenir sur ces décisions », lit-on dans le document.

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Commentaires (22)

  • Clicoeur

    @ rosemad (hier à 08 h. 11)
    Pour corroborer vos remarques, il faut savoir que la quasi totalité des journalistes tués à Gaza et au Sud-Liban depuis le 07 octobre est tombée en martyrs. (seulement 3 ou 4 sur 71 n'étaient pas combattant ou pro-Hamas).

  • Clicoeur

    @ INTERSTELLAR (à 01 h. 03)
    Vital pour leur liberté et leur survie dans un premier temps, et vital pour nous aussi Européens, pour notre liberté et notre survie, dans un deuxième temps.

  • INTERSTELLAR

    Soutien total aux Israéliens dans leur combat vital pour leur liberté et leur survie.