Patriat : « Castaner peut structurer En Marche et en même temps être ministre »

Patriat : « Castaner peut structurer En Marche et en même temps être ministre »

Christophe Castaner va prendre la tête de La République En Marche, sur décision d’Emmanuel Macron. Une nomination qui prend des allures de fait du prince. Il a l’avantage de remplir toutes les cases nécessaires pour le poste.
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Ce sera donc lui, Christophe Castaner. Le secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement aura la charge d’être la figure de La République En Marche. Mardi matin, il avait affirmé sur Public Sénat être intéressé par le poste de délégué général de LREM. Mercredi matin, il a annoncé sur RTL sa candidature, confirmant une information des Echos. Ou plutôt sa nomination par Emmanuel Macron…

« S'il m'a choisi et s'il a soutenu ma candidature (...), c'est parce qu’aujourd'hui j'ai aussi le soutien, je pense, de la base des militants de LREM », a-t-il expliqué ce matin. « On a discuté, on s'est mis autour de la table, à quelques-uns parmi les Marcheurs de la première heure (...) pour savoir qui ferait un bon chef d'équipe dans cette période importante » et « le choix s'est arrêté collectivement sur Christophe Castaner », a expliqué Benjamin Griveaux sur Europe 1, qui se serait bien vu à la tête d’En Marche. Le patron des députés LREM, Richard Ferrand, et Julien Denormandie, dont les noms étaient cités également, ont participé à la réunion, lundi soir, à l’Elysée.

Christophe Castaner doit encore déposer son dossier avant le 2 novembre. Puis les 750 membres du conseil national de LREM, soit le Parlement du parti, éliront le délégué général lors d’une convention, le 18 novembre à Lyon. Mais au final, c’est avant tout Emmanuel Macron qui a pris la décision. Un mode de nomination qui peut étonner venant d’un parti qui veut donner une importance particulière à la base. Sur Twitter, le député PS Luc Carvounas a ironisé sur ce « nouveau monde ».

« Quand on interrogeait les gens dans le mouvement, souvent, le premier cité, c’est Christophe Castaner. Pourquoi faire une élection qui n’en serait pas une ? »

Le président du groupe LREM du Sénat, François Patriat, assume parfaitement le mode de désignation. « Quand on interrogeait les gens dans le mouvement, souvent, le premier cité, c’est Christophe Castaner. Pourquoi faire une élection qui n’en serait pas une ? » demande le sénateur, interrogé par Public Sénat (voir la vidéo). Un marcheur de la première heure, connaisseur du mouvement, ajoute une autre explication : « Le vivier n’était pas énorme. Les gens qui ont l’ADN du mouvement, qui sont un peu politiques et ont la confiance du Président n’étaient pas nombreux au départ ». Et pourquoi pas Benjamin Griveaux ? « Benjamin est très poli, actif, intuitif. Mais pour être chef de parti, il faut avoir une forme d’assise, d’épaisseur. Christophe, lui, a ça » glisse un parlementaire LREM.

Si Christophe Castaner a pris la place, c’est avant tout une question de profil. « L’avantage de Christophe, c’est qu’il remplissait toutes les cases » confirme François Patriat. Bariza Khiari, l’une des trois responsables provisoires de la direction de LREM, souligne aussi qu’« il est très proche des marcheurs. Il a une façon un peu originale de transformer les éléments de langage un peu rébarbatifs en Français compréhensible par tous » explique-t-elle à publicsenat.fr. « C’est un historique qui a pris des risques très tôt pour nous rejoindre. La chose qui a pu faire la différence aussi, c’est qu’il est apprécié des députés. Et qu’il n’est peut-être pas Parisien » ajoute l’ex-sénatrice PS.

En tant qu’ancien socialiste, Christophe Castaner pourra permettre également de compenser, en termes d’image, les mesures libérales ou en faveur des hauts revenus prises par l’exécutif. De quoi renforcer un peu l’hémisphère gauche de la macronie.

Remaniement a minima ?

Reste à savoir s’il conservera sa place au gouvernement. Il a déjà écarté l’idée de rester porte-parole. Mais « la fonction de délégué général du mouvement LREM est une fonction bénévole qui implique de toute façon d'avoir une autre activité », a-t-il souligné ce matin. Il n’est pas exclu qu’il reste au gouvernement. D’autant que son départ entraînerait un remaniement. Or « l’objectif, c’est un mini mini remaniement » affirme-t-on de source ministérielle. « Il peut structurer le mouvement, le faire exister et en même temps être ministre des Relations avec le Parlement. C’est parfaitement compatible » selon François Patriat. « En même temps ».

Si d’aventure Christophe Castaner devait quitter son poste aux Relations avec le Parlement, les noms de deux ex-sénateurs, Jacqueline Gourault (Modem) et Jacques Mézard (PRG), déjà membres du gouvernement, sont cités par le Canard Enchaîné comme possibles remplaçants.

Bariza Khiari : « Il ne faut pas un parti de supporteurs »

Que devra faire à la tête de LRME Christophe Castaner ? Il ne partira pas d’une page blanche. « On a installé les fondamentaux, les bases. On a fait voter les statuts, installer les 110 référents, on a aussi travaillé aux modalités d’élection, sur le tirage au sort des adhérents qui forment 25% du conseil national. On a travaillé sur la commission des conflits. Il arrive dans un mouvement où les bases ont été posées. Maintenant, il faudra animer tout cela et faire vivre les valeurs du mouvement sur la durée. Et organiser les élections à venir : européennes, municipales » explique Bariza Khiari. L’ancienne sénatrice ajoute que « le maillage du territoire est quelque chose qui nous reste à faire, on l’a vu aux sénatoriales », où LREM a manqué de grands électeurs.

Mais être à la tête du parti au pouvoir n’est jamais chose facile. Harlem Désir, qui a occupé le poste de premier secrétaire du PS, au début du quinquennat de François Hollande, en sait quelque chose. Pour éviter cet écueil, petit conseil de Bariza Khiari à son futur successeur : « Il ne faut pas un parti de supporteurs. Il y va de l’avenir du mouvement qui doit trouver sa route entre l’exécutif et des marcheurs qui peuvent ne pas être complètement en phase ». Pour elle, cela peut aller jusqu’à exprimer « des critiques constructives et bienveillantes ». La direction provisoire n’a pourtant pas cherché à le faire… « Nous ne nous sommes pas exprimés car nous n’avions pas de légitimité démocratique pour le faire. Mais lui l’aura au nom des marcheurs ». Et au nom d’Emmanuel Macron.

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