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Musique : Jean-Benoît Dunckel, une bulle d’oxygène dans Air

NÉO-CLASSIQUE. Jean-Benoît Dunckel, la moitié fondatrice du duo retro-pop Air, publie un album de piano, en parallèle d’une tournée commémorative.

Ludovic Perrin
Jean-Benoît Dunckel.
Jean-Benoît Dunckel. © Photo12/Alamy/Imago/Roland Owsnitzki

C’est comme s’il revenait à l’enfance de l’art après une longue parenthèse pop. Jean-Benoît Dunckel, qui célèbre aujourd’hui les 25 ans de l’album Moon Safari lors d’une tournée avec son duo Air, a passé l’âge de s’émoustiller devant les sirènes de la célébrité.

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Certes, l’ancien prof de physique devenu ambassadeur de la French touch versaillaise a vendu 7 millions d’albums avec son complice Nicolas Godin (une dizaine d’albums publiés entre 1998 et 2014), composé des musiques de films pour la cinéaste Sofia Coppola et réussi à ramener Charlotte Gainsbourg derrière un micro après trente ans d’absence discographique. Il a aussi récolté sa moisson de Victoires de la musique, joué devant 17 000 personnes lors du Super Bowl à Los Angeles, été promu au grade de commandeur des arts et des lettres.

Et, surtout, il a dû être le seul artiste à qui David Bowie a confié ses complexes dentaires : Air a remixé son titre A Better Future sur l’album Heaven en 2002. « Fan du groupe, il était venu nous écouter au Madison Square Garden. C’était très impressionnant de le rencontrer. Je me souviens que nous avions parlé de ses dents. Il regrettait de les avoir refaites, se remémore le musicien devant une photo de David Bowie datant de 1977, bien avant l’acte chirurgical irréversible. Comme chez moi, elles étaient toutes tordues à l’origine. Au Japon, m’avait-il appris, avoir de telles incisives saillantes est un signe de noblesse. »

« Mon but est de parler couramment la musique »

Que restera-t-il cependant de toutes ces anecdotes ? À 54 ans, l’ancien élève du Conservatoire sait que le temps lui est compté pour revenir à ce qui lui tient le plus à cœur : le piano. Il en joue depuis l’âge de 4 ans. Des lithographies de Vasarely et des disques d’or aux murs accompagnent le visiteur jusqu’à l’ancien studio du groupe Air (dont Jean-Benoît Dunckel détient désormais toutes les parts), à deux pas du poumon parisien des Buttes-Chaumont. En face des synthés vintage dans la salle de régie, un Steinway quart de queue leur fait face dans la cabine d’enregistrement. C’est ici que le pianiste s’échauffe les doigts. Après avoir déchiffré des partitions de Bach, Liszt ou Ravel (Une Barque sur l’océan ces jours-ci), il s’élance vers l’inconnu. « Improviser, c’est ce qui permet de mesurer son niveau de langage musical. C’est comme savoir parler. Et mon but est de parler couramment la musique.  »

Des trois cents pièces instrumentales que le musicien a saisies au vol ont résulté dix-huit morceaux dans ce qui constitue, avec Paranormal Musicality, son quatrième album en solo depuis le liminaire Darkel en 2006. « Au bout de cinquante années de pratique, j’accède à de nouvelles sensibilités dans mon toucher. En jouant, j’entre dans une espèce de transe grâce à laquelle je parviens à capter des rêves musicaux en direct. Si les morceaux de Air étaient un diamant, ces compositions au piano en seraient le minerai brut. » La pratique du Pilates et du yoga l’aurait aidé à adoucir son jeu.

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Ces pièces instrumentales renvoient à une vague néoclassique dont Riopy, Gonzales ou Sofiane Pamart pourraient être les représentants au piano. On a vu aussi l’ancien Daft Punk Thomas Bangalter se piquer soudainement d’enfiler les habits de Prokofiev avec son projet Mythologies. Le classique, une voie de reconversion en vogue ? « On confond trop souvent le son et l’écriture, corrige le musicien ayant étudié l’harmonie. Sur le plan de l’écriture, Aphex Twin a apporté beaucoup à la musique que bien des musiciens qui, au prétexte d’avoir un piano ou d’engager un grand orchestre, pensent faire de la musique classique. Seul le temps et les générations d’auditeurs successives peuvent les désigner comme tels. »


Air en concert le 24 mars au Coliseum Theatre de Londres, puis les 30 et 31 mai au Royal Albert Hall. Le 24 juin à la Philharmonie de Paris.

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