La coalition italienne idéologiquement divisée sur les élections américaines

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La scission Meloni-Salvini semble certaine, particulièrement au sujet du débat américain Biden-Trump. [EPA-EFE/FABIO FRUSTACI]

Le fossé idéologique entre la Première ministre et dirigeante de Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni, et son partenaire de coalition et dirigeant de la Lega, Matteo Salvini, continue de se creuser, notamment sur leurs orientations politiques internationales.

La semaine dernière a constitué un test crucial pour la coalition italienne au pouvoir, déjà mise à rude épreuve par la défaite aux élections sardes remportée par le front du Parti démocrate et du Mouvement 5 étoiles.

Dans un entretien avec Euractiv Italie, Gianluca Pastori, chercheuse associée à l’Institut italien d’études politiques internationales (ISPI), a déclaré que la majorité gouvernementale connaissait depuis longtemps des tensions de diverses natures, qui ont maintenant été « révélées et accentuées » par la perspective des élections européennes.

La scission Meloni-Salvini semble certaine, particulièrement au sujet du débat américain Biden-Trump. Le 1er mars, la Première ministre Giorgia Meloni a effectué sa deuxième visite en sept mois pour rencontrer le président Joe Biden, au moment où s’ouvre le sommet du G7 dirigé par l’Italie.

Malgré le rôle institutionnel de Mme Meloni, elle a clairement l’intention de renforcer les liens avec les États-Unis et M. Biden. La dirigeante italienne d’extrême droite et le président démocrate ont publiquement réaffirmé leur soutien réciproque, affirmant qu’ils « se soutiennent mutuellement ».

Mme Pastori souligne le changement stratégique de Mme Meloni en déclarant que « Giorgia Meloni tente depuis longtemps d’accréditer son image en tant que leader de la droite modérée ».

M. Salvini, son allié au sein du gouvernement, lui, soutient ouvertement Donald Trump, s’alignant sur le premier ministre hongrois Viktor Orban, qui s’est récemment rendu aux États-Unis pour rencontrer directement le candidat républicain, sans s’entretenir avec quiconque de l’administration Biden.

Selon Mme Pastori, la décision de Mme Meloni d’allier Fratelli d’Italia au groupe des Conservateurs et Réformistes européens (CRE) s’inscrit dans cette logique et s’est avérée plus avantageuse que la décision de M. Salvini d’allier sa Ligue au groupe Identité et Démocratie (ID), aux côtés du Rassemblement national.

L’expert note également que « l’alignement de Mme Meloni sur le républicanisme américain « mainstream » suit la même logique. Ce choix stratégique semble viser à rassurer les sections de l’électorat italien « modéré » qui ont joué un rôle important dans son succès.
D’autre part, Mme Pastori estime que les liens étroits de Mme Meloni avec M. Biden répondent à des besoins institutionnels, en particulier compte tenu du rôle de l’Italie au sein du G7 cette année.

Les tentatives de M. Salvini

Malgré la position antimondialiste ferme de Mme Meloni pendant sa campagne, son parti national conservateur et de droite, Fratelli d’Italia, a adopté une approche plus mondialiste depuis qu’elle a remporté les élections.

« Il est significatif que Matteo Salvini ait exprimé son souhait d’une victoire de Trump aux élections de novembre lors de la visite de Mme Meloni à Washington, ce qui n’a pas manqué de mettre la Première ministre dans l’embarras », poursuit-elle.

Mme Pastori suggère que si les divergences entre Mme Meloni et M. Salvini sur les élections américaines sont controversées, elle ne pense pas qu’une crise émergera uniquement à cause de cette question.

Réfléchissant à la visite de Viktor Orbán — un allié proche de Giorgia Meloni — auprès de Donald Trump, Mme Pastori observe que les relations du magnat avec M. Salvini et la Lega semblent beaucoup plus lâches.

La tentative de M. Salvini de tirer parti des succès de M. Trump pour renforcer son image avant les élections européennes de juin est considérée par les analystes comme une manœuvre stratégique dans le contexte de la baisse de popularité de la Lega et comme un moyen de s’accréditer en tant que véritable leader de la droite italienne après l’évolution de Mme Meloni vers des positions plus modérées.

Une lutte de pouvoir au niveau européen

Une autre pomme de discorde entre la droite et l’extrême droite est la tentative de certains membres du groupe majoritaire au Parlement européen, Parti populaire européen (PPE), d’intégrer le parti de Mme Meloni.

C’est ce qu’a confirmé le vice-premier ministre et dirigeant de Forza Italia, parti italien du PPE, Antonio Tajani, lors du congrès du groupe européen qui s’est tenu à Bucarest en Roumanie les 6 et 7 mars, au cours duquel Ursula von der Leyen a été désignée comme tête de liste du groupe pour la présidence de la Commission européenne.

La campagne en cours pour les élections européennes exacerbe le fossé entre les deux principaux partis de la coalition au pouvoir, la Lega et Fratelli d’Italia.

Les deux partis, qui devaient afficher leur unité lors des élections régionales en Italie, n’ont pas su convaincre. En février, les élections régionales en Sardaigne ont élu le candidat de la coalition de centre-gauche. Dans les Abbruzes, dans le centre du pays, dimanche (10 mars), le candidat de centre-droit semble, d’après les premiers décomptes, remporter les élections.

Quoiqu’il en soit, M. Salvini a été accusé de ne pas soutenir suffisamment le candidat de Mme Meloni, Marco Marsilio. La décision de M. Salvini d’annuler l’événement organisé à Pescara le 5 mars pour soutenir le candidat de Mme Meloni est particulièrement révélatrice.

Le PPE envisage une coalition pro-UE avec les socialistes et les libéraux

Le Parti populaire européen envisage une coalition pro-UE avec les socialistes et les libéraux après les élections européennes, a confié une source du parti à Euractiv, ajoutant qu’une coopération avec les Verts n’est pas envisagée, alors qu’un rapprochement avec certains partis de droite n’est pas exclu.

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