Stephen Scherr quitte ses fonctions. Le PDG de Hertz n’a pas résisté aux controverses liées à son virage raté vers l’électrique. Un échec qui a conduit l’entreprise à rétropédaler en retournant vers les voitures thermiques, plus rentables. Une stratégie de court terme qu’il pourrait payer cher.

Le virage vers l’électrique aura-t-il coûté son poste au directeur général de Hertz ? Stephen Scherr, à la tête de l’entreprise américaine leader de la location de voitures depuis 2022, vient en tout cas de démissionner et sera remplacé par Gil West, précédemment passé par des postes de direction chez Delta Airlines et General Motors. Ce changement de direction intervient dans un contexte pour le moins houleux, puisque Hertz est depuis quelques mois en difficultés dans sa gestion de sa transition vers le véhicule électrique. A l’origine, Stephane Scherr avait souhaité redresser le groupe en renforçant la transition vers les véhicules électriques qui avait été décidée par la précédente direction, notamment via l’achat de milliers de véhicules électriques à Tesla. L’entreprise devait alors détenir la plus grande flotte de location de véhicules électriques aux États-Unis” selon Stephen Scherr.

Mais depuis quelques mois déjà, Hertz a entamé une marche arrière sur cette stratégie d’électrification. En cause ? Les pertes financières liées à la dépréciation du prix à la revente de ses véhicules électriques, ainsi que des surcoûts liés à la réparabilité de ces véhicules. L’entreprise avait en effet annoncé en janvier la revente d’une grande partie de sa flotte électrique, afin de “réinvestir une partie du revenu de la vente des véhicules électriques dans l’achat de véhicules à combustion interne afin de répondre à la demande des clients” comme l’expliquait alors Stephen Scherr. En février, ce sont des contrats pour près de 60 000 véhicules électriques, signés avec le constructeur automobile suédois Polestar qui ont été annulés, avec une stratégie globale de recentrage vers les véhicules thermiques.

La stratégie du court terme et de la baisse des coûts

En février, Stephen Scherr annonçait également la mise en place d’un plan de réduction des coûts, pouvant aller jusqu’à des suppressions d’emploi. Sollicité par Novethic, Hertz n’a pour l’instant pas répondu à nos questions. Mais ce changement de direction marque la volonté de l’entreprise de revenir sur une stratégie financière de plus court terme. “Se recentrer en partie sur le véhicule thermique, on peut croire qu’à court terme c’est un pari financier gagnant, puisque le thermique reste rentable. Mais le risque, c’est qu’en quelques années on rate le virage inéluctable de l’électrique et qu’on se retrouve dépassé. Comme Kodak, qui ne s’est jamais relevé d’avoir raté le virage de la photo numérique…” commente Nicolas Raffin, porte-parole de Transport & Environnement France.

Hertz, comme de nombreux acteurs du secteur automobile, recule donc sur le véhicule électrique et son ambition d’être un acteur de la mobilité durable. En décembre 2023, le loueur Sixt avait également annoncé sa volonté de se séparer d’une partie de sa flotte électrique. Et du côté des loueurs de longue durée et du secteur du leasing, le développement électrique patine, comme le rappelait un récent rapport de Transport & Environnement. Signe que ces acteurs n’ont pas encore pris la mesure du changement systémique qu’implique la transition vers la mobilité électrique. “Le véhicule électrique, ce n’est pas seulement une voiture dont on a changé de moteur. C’est une nouvelle expérience de mobilité qui nécessite des investissements, pour mieux accompagner les clients, et former des équipes sur le terrain. Certains acteurs du secteur l’ont oublié” analyse ainsi Nicolas Raffin.

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