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Alerter sur le taux de sucre, chez les autres


Tahiti, le 14 mars 2024 - Une lettre ouverte, signée de plusieurs députés ultramarins, dont Steve Chailloux, a été publiée mercredi dans un journal de La Réunion, demandant à l’État de mettre en place des mesures pour réduire les taux de sucre dans les produits alimentaires vendus dans les régions d’outre-mer.

 
Steve Chailloux s’est joint à plusieurs députés ultramarins pour signer une lettre ouverte dans laquelle ils demandent à l’État de mettre en place des mesures pour réduire les taux de sucre dans les produits alimentaires vendus dans les régions d’outre-mer. Une tribune qu’aurait pu s’abstenir de signer notre député local, car si ce n’est que par pure solidarité avec les concitoyens ultramarins, il n’est pas censé ignorer qu’en la matière, c’est la Polynésie française qui est compétente, au travers de sa mission de santé, sur les taux de sucre intégrés dans les produits locaux, ou tolérés dans les produits importés. Quelque part, ce courrier s’adresse donc aussi à son collègue Cécric Mercadal, ministre de la Santé.
 
Dans cette lettre ouverte, les députés ultramarins dénoncent “la persistance d’inégalités prégnantes entre les taux de sucre présents dans les produits alimentaires vendus dans les régions d’outre-mer et ceux commercialisés en Hexagone. (…) Cette surconsommation de sucre favorise la prévalence des maladies chroniques pour les populations d’outre-mer. Alors que le diabète concerne 6,13% de la population à l’échelle nationale, ce taux atteint 10,5% de la population en Martinique.”
 
À Paris, la proposition de modifier le Nutri-score ne convainc pas les députés qui expliquent que cette décision ne saurait “représenter une réponse suffisante aux inégalités de santé et de qualité de l’alimentation qui impactent durement les habitants des régions d’outre-mer”.

Au gouvernement Brotherson d’agir

En Polynésie française, Éliane Tevahitua, pas encore vice-présidente, avait déjà lancé le sujet lors d’une question orale au gouvernement Fritch en 2016. “Chaque année, le nombre de Polynésiens en longue maladie augmente de 3 000 nouveaux dossiers. Le développement inquiétant des pathologies de surcharge identifié comme un enjeu majeur des Orientations stratégiques 2016-2024 et du Schéma d’organisation sanitaire 2016-2020 démontre l’échec relatif des politiques sanitaires menées jusqu’ici”, expliquait-elle alors.
 
Elle rappelait alors le même texte, la loi Lurel, prise en métropole, et sur lequel les députés s’appuient aujourd’hui dans leur lettre ouverte, pour rappeler, que “son entrée en vigueur, six mois après sa publication au JORF le 4 juin 2013, a réduit les taux de sucre des produits manufacturés vendus dans les départements et régions d’outre-mer de Guadeloupe, Guyane, Mayotte et La Réunion. Sauf en Polynésie où l’esprit de la loi n’a jamais été repris dans un texte local depuis juin 2013.”
 
Elle demandait alors des comptes au gouvernement Fritch. “Quels moyens financiers et humains supplémentaires allez-vous consacrer à partir de 2016 à la prévention de l’obésité et du diabète ? Comptez-vous utiliser certains leviers institutionnels pour contrecarrer la croissance vertigineuse de ces maladies de surcharge ? (…) Quand allez-vous présenter aux élus, une loi du Pays réduisant le taux de sucre dans les produits manufacturés, particulièrement dans les sodas ? Interdirez-vous toute publicité faisant la promotion des sodas ou autres produits sucrés et favoriserez-vous plutôt les aliments sains ? Au niveau fiscal, quelle fiscalité coercitive et pénalités prévoirez-vous sur les produits alimentaires sucrés et à l’encontre des entreprises qui les fabriquent ? Quelle fiscalité incitative prévoirez-vous pour les entreprises fabriquant des produits sains ? Envisagez-vous une labellisation de ces produits sains ? En termes de contrôle, quelle sont les modalités que vous mettrez en œuvre pour vérifier si les taux de sucre dans les produits alimentaires comme les sodas et les yaourts n’outrepassent pas les standards sanitaires communément admis ? Quels autres dispositifs répressifs mettrez-vous en place pour lutter efficacement contre l’obésité et le diabète et notamment vis-à-vis des patients en longue maladie réfractaires à toute volonté de changer leurs habitudes alimentaires, leur mode de vie sédentaire et continuant à consommer des sodas et des produits alimentaires gras et sucrés en dépit de tout bon sens ? En matière de communication à notre population, quel plan prévoirez-vous de mettre en œuvre pour favoriser la bonne hygiène alimentaire et physique de nos concitoyens ? De manière plus prosaïque, que ferez-vous concrètement après la validation législative du SOS (Schéma d’organisation sanitaire, NDLR) ?”
 

Maintenant qu’il est au pouvoir, le Tavini a certainement toutes les réponses à ces questions. Sa première réponse a été de casser le Schéma d’orientation sanitaire 2022-2027 pour prolonger le précédent jusqu’au 30 juin 2025 au plus tard. Première raison invoquée, “des modifications devraient être apportées afin de prendre en considération les orientations du gouvernement concernant la prise en charge du handicap et des personnes âgées”.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Jeudi 14 Mars 2024 à 19:00 | Lu 2557 fois