Mercredi 26 juin, la Commission des conflits de La République en Marche a prononcé l'exclusion de la députée Agnès Thill, après ses propos sur la PMA. L'élue de l'Oise, âgée de 55 ans, avait été entendue la veille.

Dans un communiqué, la Commission explique ce qui lui est reproché, notamment le fait "d'avoir tenu des propos polémiques sur les réseaux sociaux et également par voie de presse à propos du projet du gouvernement d'ouvrir la PMA à toutes les femmes."

"Ces propos sont préjudiciables à la cohésion du mouvement et nuisent à son image, alors que l'ouverture de la PMA va faire l'objet dans les semaines qui viennent de débats à l'Assemblée nationale", précise le communiqué. Présentée en juillet au Parlement en juillet, la loi sur l'ouverture de la PMA pour toutes devrait être débattue fin septembre, a promis le Premier ministre, Edouard Philippe. 

Des propos "pernicieux" et "blessants"

Mais la Commission critique aussi la teneur des propos en eux-mêmes : "[...] la fréquence et le caractère pernicieux des propos de Madame Agnès Thill génèrent et nourrissent une agressivité qui porte atteinte à la sérénité du débat. Enfin, ces propos qui apparaissent comme blessants à l'encontre de certaines catégories de personnes, notamment les familles monoparentales et homoparentales, vont à l'encontre de la Charte et des valeurs inclusives du Mouvement." 

La fréquence et le caractère pernicieux des propos de Madame Agnès Thill génèrent et nourrissent une agressivité qui porte atteinte à la sérénité du débat.

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Récidiviste

Ces derniers mois, Agnès Thill s'est exprimée à de nombreuses reprises, sur les réseaux sociaux et dans les médias, contre l'ouverture de la procréation médicalement assistée, pourtant portée par le mouvement dont elle faisait partie jusqu'à aujourd'hui. 

S'appuyant sur sa foi catholique, tout en affirmant ne "représenter aucune religion", l'élue avait dénoncé un soi-disant "puissant lobby LGBT à l’Assemblée" dans un tweet publié en novembre 2018, en réponse à une invitation à dialoguer sur la PMA.

Par la suite, elle avait comparé les femmes seules voulant recourir à la PMA à des "droguées", et avait estimé que l’absence "de genre dans le mot parent favorise l’éclosion d’écoles coraniques", dans une lettre lunaire publiée en janvier 2019.

En février, Agnès Thill avait été entendue une première fois par la Commission du parti, mais n'avait écopé que d'une "mise en garde". Elle s'était alors engagée "à faire attention" à ses propos. 

Une épine dans le pied de LREM

Mais dès avril, Agnès Thill a repris sa croisade. Sur Twitter, elle publie : "Les couples homosexuels ou femmes seules sont dans des situations différentes des couples hétérosexuels. Il n’y a pas d’égalité entre des situations différentes. Pour avoir égalité, il faut que les deux membres du signe égal soient en tous points identiques." Des propos qui suscitent un nouveau tollé au sein de son parti. 

Celle qui s'est dite victime de "lapidation", terme qu'elle a employé lorsqu'elle a été à nouveau convoquée devant la Commission des Républicains en Marche, a créé de nombreux remous au sein de LREM. 

En avril, elle avait réagi à l'annonce du coming out de Gabriel Attal, Secrétaire d'État auprès du Ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, par ces mots : "Au moins, la couleur est annoncée #bioéthique en juin".

Une réaction qui avait été vivement critiquée par le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner : "Les mots qui blessent, les paroles qui ostracisent disqualifient - toujours - leurs auteurs et leurs thèses. Chacun de tes tweets t’éloigne de ce que nous sommes, de nous, mais pire, ils t’éloignent des valeurs que tu penses servir." Plusieurs député(e)s avaient menacé de démissionner si Agnès Thill n'était pas exclue des Républicains en Marche.