Au collège Léodate Volmar, un droit de retrait comme appel à l'aide
Le personnel du collège Léodate Volmar de Saint-Laurent du Maroni a pris son droit de retrait ce matin, avant une rencontre avec une responsable du rectorat. Un personnel à bout, entre locaux vétustes, violence dans l’établissement et manque de moyens humains.
La musique est connue dans l’ouest : le collège Léodate Volmar, comme les autres établissements de Saint-Laurent du Maroni est surchargé – près de 900 élèves au lieu des 600 théoriques –, couvert de bungalows vieillissants et sous-doté en effectifs. Une marmite bouillante qui a débordé en fin de semaine dernière, suite à l’agression verbale d’un CPE et de la principale de l’établissement.
Alors les personnels ont contacté la CTG et le rectorat, réclamé de l’aide, puis se sont finalement mis en droit de retrait ce mardi matin, pour laisser éclater leur colère et leur mal-être collectif, soutenus par une dizaine de parents d’élèves. « On a écrit en nombre pour dire qu’on était inquiets de la situation », confie Eric Théroux, délégué Sud-éducation de l’établissement, en blanc comme ses collègues devant l’entrée du collège. « Il y a une multiplication des conseils de discipline », soupire-t-il - sept la semaine dernière -, et une violence croissante autour du collège. Encore ce vendredi, « une bataille entre plusieurs filles avec des ciseaux a fait trois blessés » devant le portail et nécessité l’intervention de la gendarmerie.
Une violence qui découle directement de la « grosse problématique de violence dans l’ouest », pense Mathieu Bruno, surveillant au collège depuis 6 ans, qui craint « que d’autres collèges suivent ». « Ce climat affecte les élèves, ils sont frustrés de la situation, viennent armés pour se défendre » contre le racket auxquels ils sont confrontés, détaille le jeune homme. Si la grève de 2019 – déjà autour des mêmes problèmes – et la construction d’un portail d’entrée ont permis aux « violences de vachement diminuer, elles sont remontées depuis », déplore le surveillant.
« Le fait que nous ayons une carte scolaire compliquée, avec des élèves qui viennent de Vampires et même de Malgaches, de toute l'avenue Gaston Monnerville, donc beaucoup trop loin pour les élèves » aggrave la situation, constate un salarié du collège qui préfère ne pas être identifié. De nombreux élèves doivent en effet traverser la ville, souvent à pieds en l’absence de suffisamment de places dans les bus scolaires, pour pouvoir suivre les cours. « Après faut pas s'étonner d'avoir un décrochage massif et que des élèves aient un comportement de rue quand ils viennent », soupire le même employé. Une formule explosive, encore secouée par des soucis matériels, avec notamment des coupures d’électricité et des bungalows « insalubres », dans lesquels des rats circulent d’après les enseignants et où la chaleur devient vite intenable.
Pour régler les problèmes, les manifestants réclament des travaux et, surtout, un troisième CPE et plus de surveillants. Pour le matériel, ils devraient être rapidement satisfaits à en croire Marilyne Marmot-Chauvet, adjointe du Dasen, venue face aux protestataires représenter le rectorat après avoir consulté la CTG. Pour les deux bungalows les plus atteints, « la structure va être complètement démontée, deux neufs seront installés d’ici à vendredi », tandis que l’électricité doit être refaite « au maximum le 2 mai ». De même, des « forces de gendarmerie accrues autour du collège » sont promises au personnel.
Là où le bat blesse, comme toujours pourrait-on dire, c’est sur la question des moyens humains. Ils sont promis « à moyen terme », mais au prix d’un « redéploiement » des personnels actuels sur la ville, « parce que toutes les ressources sont utilisées », défend l’Adasen, qui argue de la difficulté à « demander de l’argent au ministère ». Une réponse qui ne semble pas satisfaire les présents. Une professeure expérimentée affirme ainsi avoir « besoin de moyens, pas de blabla », sous les applaudissements de ses collègues et des parents d’élèves. Et quand Marilyne Marmot-Chauvet s’en offusque, Eric Théroux enchaîne : « Vous êtes choquée par le mot blabla, nous ça fait des années qu'on attend, c’est pas la première fois qu'on est en droit de retrait pour dire les mêmes choses et on attend toujours ».