La pêche, avec le comédien-chanteur François Morel, escroc loufoque, c'est trop triste pour être vrai
L'humoriste touche-à-tout revient au théâtre de Sète deux ans et demi après son ode à Georges Brassens. Pour une conférence chantée rendant cette fois-ci hommage à un marin-pêcheur-chanteur, Yves-Marie Le Guilvinec, mort en mer à 30 ans... Mais complètement inventé !
François Morel doit aimer les anniversaires. Il était là, il y a deux ans et demi, pour célébrer le centenaire de la naissance de Georges Brassens, déjà au théâtre Molière de Sète. Il était là ce dimanche, avant une deuxième représentation ce lundi pour fêter les 120 ans dudit théâtre.
Il était là, toujours ce dimanche, 124 ans jour pour jour après la disparition d’Yves-Marie Le Guilvinec, un marin-chanteur breton mort à 30 ans en 1900, à qui il consacre avec son équipage (quatre musiciens et comédiens) une conférence-chantée intitulée "Tous les marins sont des chanteurs". Mais il faut se méfier de Morel comme d’une peste sournoise.
Son spectacle, hommage à Le Guilvinec, est une vaste fumisterie. C’est pour ça qu’on l’aime. Loufoque et touchant, ainsi soit-il. "Il vécut sans autre horizon que la pêche à la morue et disparut au moment où la gloire lui tendait les bras", affichaient les auteurs. Un marin mort en mer, un chanteur abandonné, oublié, rayé d’un coup d’un seul des cartes musicales et maritimes.
François Morel nous mène en bateau
Tout ça serait bien attendrissant si ce n’était pas… complètement faux. "Cette histoire est vraie puisque je l’ai inventée, disait Boris Vian", explique Morel en coulisses quand il se sait démasqué. On aurait dû s’en douter… Le Guilvinec est né à Saint-Lunaire. Et même si le village existe vraiment, le marin-pêcheur est sorti tout droit de l’imagination du comédien-chanteur.
Morel nous mène en bateau. Il aurait découvert un fascicule de chansons de Le Guilvinec dans un vide-grenier. En vérité, son copain Gérard Mordillat, romancier et cinéaste (Ah, Billy the Kick et Vive la sociale, dans les années 1980…), lui demande un jour de venir chanter des chansons de marins pour un festival.
La vie, l'oeuvre et la mort d'Yves-Marie Le Guilvinec
Au lieu de surfer sur d’incontournables reprises, François Morel en écrit deux. Antoine Sahler (son vieil acolyte, déjà présent pour l’hommage à Brassens) et Mordillat se prennent au jeu. La vie, l’oeuvre et la mort d’Yves-Marie Le Guilvinec prennent corps et esprit sous leurs yeux. Va pour un drap en guise de voile, une estrade pour pont, deux poteaux métalliques pour mâts.
Morel convoque la mère de Le Guilvinec, qui a déjà vu son mari et ses deux fils mourir en mer. Elle le supplie de ne pas embarquer. "Quel besoin as-tu je me le demande d’aller emmerder les limandes, de chercher des noises aux mulets, que je sache ils ne t’ont rien fait ?" Alors que c’est la chanteuse Juliette qui interprète la mère dans le disque né du projet (un livre aussi a été édité), François Morel joue lui-même la mère sur scène dans le spectacle. En robe de deuil et coiffe bretonne.
Dis, François, quand reviendras-tu ?
Quitte à en faire des tonnes, autant rajouter quelques anachronismes. On croise Léo Ferré et Danièle Evenou, Me Too et Gérard Miller. On s’inquiète aussi des noyades en Méditerranée. "Pas le temps de discuter quand un homme va se noyer. Pas question de lui demander s’il a ses papiers."
De ce voyage imaginaire, de ce périple poétique, on rentre enchanté. François Morel fait un clin d’oeil à Brassens, qui aimait Sète, la mer et la Bretagne. L’humoriste émouvant fait tout comme son maître. Il devrait repasser par ici. Pour un anniversaire, qui sait. Nous nous reverrons un jour ou l’autre. Le dernier mot pour Yves-Marie Le Guilvinec : "Je n’irai pas à la morue sans avoir courtisé Lulu". Dis, François, quand reviendras-tu ?
Joyeux anniversaire pour le théâtre Molière
A l’issue du spectacle, ce dimanche, un gâteau d’anniversaire a été partagé avec le public pour fêter les 120 ans du théâtre Molière.
La directrice, Sandrine Mini, a fait ses calculs : depuis 120 ans, le théâtre Molière a accueilli 3,6 millions de spectateurs.
Une chorale d'enfants sétois invitée sur scène
Une chorale sétoise composée d’une quinzaine d’enfants de l’école Ferdinand-Buisson et du conservatoire de Sète a été appelée en renfort à la fin du spectacle. Les musiciens, chanteurs et comédiens ont partagé la scène avec les enfants et leurs accompagnatrices.
Pour chaque date du spectacle, dans les villes parcourues, François Morel demande si une chorale peut se joindre à l'équipe. Cette fois-ci, les Sétois ont innové en mêlant chant et langue des signes. Bravo !
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