"Le nouveau gestionnaire est coupable d'ingérence": l'association sportive Golf de Valescure rétablit sa vérité

Les anciens président et trésorière de l’association sportive, qui ont démissionné le 13 mars dernier, mettent en cause le nouveau gestionnaire, Ugolf, ainsi qu’une partie des adhérents.

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J. T. Publié le 26/03/2024 à 15:40, mis à jour le 26/03/2024 à 15:40
Françoise Lefèvre et Jean-Pierre Lejeune, ancienne trésorière et ancien président de l’association sportive. Photo Ph. Arnassan

C’est sur terrain neutre, mais tout de même au cœur d’un bel écrin de verdure, sur la terrasse du club house du golf de l’Estérel, que Var-matin a rencontré l’ancien président ainsi que l’ancienne trésorière du Golf tennis club de Valescure (GTCV), Jean-Pierre Lejeune et Françoise Lefèvre. Tous deux, ainsi que huit autres membres du conseil d’administration de l’association sportive, ont démissionné le 13 mars dernier.

Derrière ce départ collectif, la fin d’un bail de gestion au 31 décembre dernier et l’arrivée d’un acteur privée depuis le 1er janvier, en l’occurrence le groupe privé Ugolf.

Mais aussi et surtout un début de scission au sein de l’association. Quand ils ont lu l’article paru dans Var-matin mardi 18 mars et faisant état d’une mobilisation ainsi que d’une pétition à leur encontre, leur sang n’a fait qu’un tour. Parce que les témoignages, anonymes, y étaient imprécis et contraires à leur propre vision des choses. Et parce qu’ils souhaitaient rétablir leur vérité.

Quand et dans quel contexte avez-vous démissionné?

Françoise Lefèvre: Une minorité de membres s’est liguée contre le comité d’administration parce que nous ne sommes pas parvenus à renégocier le bail de la gestion du golf, qui prenait fin au 31 décembre dernier, avec le propriétaire. C’est le point de départ. Nous y avons cru alors que la décision du propriétaire de passer dans le privé était probablement déjà prise. Et c’est son droit. Mais on nous a incriminés alors que nous étions très investis pour essayer de conserver cette gestion. Cette minorité s’est rapprochée dans notre dos de Ugolf, alors que seul le bureau est habilité à négocier avec eux. C’est de l’ingérence de la part de Ugolf.
Jean-Pierre Lejeune: Le samedi 9 mars, alors qu’une assemblée générale (AG) était programmée pour le 12 mars, lors de laquelle il était notamment prévu de voter pour se lier à 100% à Ugolf ou bien conserver une certaine indépendance juridique, nous avons eu accès à deux échanges de mails. Entre des membres de l’association qui ne faisaient pas partie du bureau et le directeur du site pour l’un d’eux, avec des dirigeants de Ugolf pour l’autre. La découverte de ces échanges a motivé la convocation d’un conseil d’administrateurs exceptionnel le lundi 11 mars, lors duquel nous avons majoritairement voté pour l’annulation de l’Assemblée générale prévue le lendemain. Nous avons également maintenu le conseil d’administration prévu le mercredi 13 mars. C’est ce 13 mars que 10 membres du bureau ont acté leur démission.

Pourquoi avoir annulé l’AG du 12 mars?

J.-P. L.: Le but de cette AG était de voter pour ou contre un statut juridique indépendant de l’association vis-à-vis de Ugolf. Or, parmi les mails dont nous faisons état et datés du 9 mars, de fausses informations ont été diffusées de la part de membres de l’association, en plus d’autres échanges avec Ugolf qui traduisent clairement une ingérence de leur part. Dès lors que de fausses informations étaient diffusées et pouvaient influencer un vote qui devait intervenir dans quelques jours à peine, nous n’avions d’autre choix que d’annuler cette AG.

De quelles fausses informations parlez-vous?

J.-P. L.: Un échange de mails diffusé ensuite à un grand nombre démontait l’option de l’indépendance juridique en disant que faire ce choix équivalait à abandonner ce que l’on appelle la clause du grand-père*. Cela n’avait plus de sens de proposer un vote dont une des deux options était démontée par des fakes news.

Vous parlez d’ingérence: à quoi faites-vous référence?

J.-P. L.: A l’autre échange de mails, entre Ugolf et des membres de l’association, dans lequel Ugolf propose à ces membres un texte qu’il compte envoyer au bureau dans le cadre de négociations qui existaient au sujet de la convention de la licence de marque du GTCV, qui doit régir, en résumé, ce que l’association apporte à Ugolf et vice-versa. Personne d’autre que le bureau n’est habilité à traiter directement avec le nouveau gestionnaire, qui s’est rendu, de fait, coupable d’ingérence dans cette affaire. Nous avons tenté d’obtenir des explications de la part de Ugolf. Nous attendons toujours leur réponse… On ne peut pas lutter contre un exploitant qui ne veut pas traiter avec les gens qui sont légitimes.

On vous accuse de ne pas leur avoir tendu la main à leur arrivée…

J.-P. L. : Pas du tout. Les premiers temps, nous nous sommes mutuellement tendu la main. Mais quand ils ont compris que l’indépendance juridique de l’association était une option privilégiée par une majorité, ça les a contrariés.
F. L.: A la clé, il y a tout de même plus d’un million d’euros dans la trésorerie**. C’est notamment pour cette raison qu’ils souhaitent que l’on reste auprès d’eux. Or, quand ils ont compris que nous nous divisions, ils ont accentué le phénomène.

Vous insistez sur le fait que vous étiez majoritaires…

F. L.: Quand nous avons annulé l’AG prévue le 12 mars, une minorité de membres s’est réunie devant le club house, le 13 mars, alors que nous actions nos démissions, décidées quelques jours plus tôt, lors du conseil d’administration qui, lui, avait été maintenu. Cette minorité a ouvert une pétition dans laquelle ils demandaient la réorganisation d’une AG pour que le vote prévu puisse se faire, sachant qu’une AG était déjà programmée au 16 mai... 94 personnes ont signé cette pétition sur 587 membres du GTCV. C’est bien une large majorité qui ne l’a pas signée.

*La clause du grand-père permet de préserver les acquis des membres historiques en termes de tarification, contrairement aux nouveaux arrivants au sein de l’association.
**En 2003, l’un des anciens présidents de l’association sportive, Serge Pegaule, avait négocié une clause d’accession avec le propriétaire du golf. À l’issue du bail 2023, ce dernier devait la valeur vénale des investissements réalisés pendant la durée du bail. 975000 euros ont ainsi été versés à la trésorerie de l’association.

Des primes et des dents qui grincent…

On vous reproche des primes de départ octroyées à d’anciens membres du personnel alors même qu’ils étaient démissionnaires, pour quelques dizaines de milliers d’euros. Est-ce vrai?

C’est faux. Je ne rentrerai pas dans le détail pour ne pas les mettre en porte-à-faux. Notre personnel a été fidèle jusqu’au bout. Il s’agissait de notre dernière année d’exploitation. Nous avons donné des primes à l’ensemble du personnel comme chaque année en novembre. Et on leur a remis une prime en décembre dans le cadre de la prime de partage de la valeur. Deux managers ont eu davantage que d’autres. Je l’assume. Il s’agit de décisions de gestion. Tous ont eu des primes. Deux d’entre eux ont eu de plus grosses primes pour leur investissement pendant la crise sanitaire. Je considère qu’ils ont subi un préjudice, sachant qu’on leur a demandé de travailler 7 jours sur 7, 10 h par jour. Et en posant leurs congés sans les prendre.

C’est qui, on ?

L’équipe dirigeante en place à l’époque. On leur a tordu le bras. Or, le préjudice correspondait à ce qu’on leur a donné.

La réponse d'Ugolf

Pierre-André Uhlen, directeur général de Ugolf répond: "Nous avons toujours entretenu de bonnes relations avec les membres du conseil d’administration, comme avec l’ensemble des membres du club. On ne prend parti pour aucun des membres. Notre objectif est de poursuivre l’histoire du club, préserver son socle et tout ce qui a été construit ces cinquante dernières années avec la gestion de l’association sportive. C’est le message que l’on a présenté lors de deux réunions début décembre, où un peu plus de 200 membres étaient présents. Nous avons présenté notre projet pour le golf de Valescure. À l’occasion de cette présentation, nous avons bien précisé que nous étions attachés à toutes les valeurs construites par le GTCV. La première décision a été de maintenir la clause du grand-père pour les membres historiques. Aujourd’hui, pour devenir membre, le tarif est supérieur de l’ordre de 500 euros par an par rapport aux membres historiques. Nous avons bien précisé que c’était conditionné au fait que le GTCV reste l’association sportive du golf de Valescure. Nous n’avons jamais changé de discours depuis, vis-à-vis des membres comme du conseil d’administration."

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Var-Matin

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