Résultats 2023 : Spartoo perd encore en volume d’affaires mais améliore sa marge
Le site de vente de chaussures en ligne européen a réalisé un volume d’affaires de 200,2 millions d’€ en 2023, contre 209,6 M€ un an plus tôt. Mais son Ebitda est redevenu positif ; il s’établit à 1,9 million d’euros. La rentabilité et l'assainissement de la trésorerie sont et resteront le principal leitmotiv de Spartoo, comme l'explique son PDG.
Julie Delvallée
\ 15h18
Julie Delvallée
« L’année 2023 a été extrêmement dure », lâche Boris Saragaglia, cofondateur et PDG de Spartoo, en guise d'introduction lors de la présentation des résultats annuels de sa société. Pour autant, le site e-commerce de chaussures européen résiste. Certes, le volume d’affaires est à nouveau en baisse cette année, à 200,2 millions d’euros contre 209,6 M€ un an plus tôt. Cette baisse, de 4,1 %, s’ajoute à celle de l’an passé, à 4,5 %, mais se montre plus contenue. Surtout, Spartoo dit au revoir à une année 2022 marquée par des pertes. L'Ebitda du groupe coté atteint 1,9 M€ en 2023, soit 1,3% du chiffre d’affaires 2023 (+ 3 millions par rapport à 2022).
Contexte difficile et concurrence agressive
Le site grenoblois doit son salut à sa stratégie de diversification, comme le martèle son PDG. En ligne, le groupe est présent à peu près partout en Europe, avec 14 millions de visiteurs uniques par mois. Si les affaires se portent moins bien en France, l’Allemagne, son premier pays en termes de chiffre d’affaires, l’Espagne ou encore l’Italie lui ont permis de maintenir les ventes. Surtout, seules données à la baisse satisfaisantes, le groupe a réussi à réduire les stocks accumulés depuis le Covid (-20 % en volume en ligne, et -14 % en valeur). Son coût d’acquisition client s’est lui aussi réduit, passant de 14 euros en 2022 à 10,80 en 2023. Spartoo a en outre réduit la voilure sur ses investissements marketing, de 6,5 %, pour maintenir sa rentabilité.
Il n'empêche, l'art de la vente de souliers en ligne reste complexe. « Nous subissons une hausse de l’inflation de 20 % sur 24 mois. La météo ne nous a pas aidée, car l’hiver, très doux, n’a pas déclenché assez d’achats de pièces plus couvrantes et chères », commente le PDG. Il a en plus, face à lui, des acteurs très agressifs, explique-t-il, la palme revenant à Sarenza, « et à La Redoute qui a fait un Black Friday long de près d’un mois ! ».
15 nouvelles boutiques ouvertes en 2023
L’exercice 2023 a été marqué par une montée en puissance de son parc de magasins. Mais c’est aussi le principal point noir de Spartoo dans ses bilans comptables. Cette activité a bondi de 34 % par rapport à 2022, grâce à l’ouverture de 15 nouveaux points de vente, principalement en franchise (6) et via des corners (5). Les 3 magasins ouverts sous l’enseigne Aldo connaissent, eux, un succès mitigé, admet Boris Saragaglia, qui reste prudent : « Nous avons perdu de l’argent avec les magasins en 2023, surtout avec les succursales, car les loyers en centre-ville s’avèrent trop élevés. Ils ont pris 10 % en 2023 ! Nous n’ouvrirons pas d’autres magasins en 2024 car la situation est trop compliquée », indique-t-il.
Dernier levier du groupe, qu’il ne manquera pas de dynamiser encore cette année, Spartoo est aussi un prestataire logistique. Il organise les flux de quelque 149 sociétés, et a acquis 38 nouveaux clients l'an passé. Cette activité BtoB représente 20,2 millions d’€ en 2023 (+1,9 %). La boite, très tech, multiplie aussi les développements en interne pour gérer au mieux ses flux.
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Objectif 2024 : assainir les bilans comptables
Pour 2024, le PDG prévoit d’assainir la santé financière de son entreprise. Son plan tient en trois objectifs, et non des moindres : « Nous visons un flux de trésorerie positif comme nous l’avons réalisé cette année (14,3 millions d’€ à fin 2023). Nous cherchons à réduire encore légèrement notre stock de chaussures. Enfin, nous regardons de près notre dette », égraine celui qui a réussi à l’abaisser à 11,7 millions d'euros contre près de 15 millions un an plus tôt. S’agissant du volume d’affaires visé, Boris Saragaglia reste discret. De toute évidence, il ne sera pas la priorité, face à une rentabilité qui devient de plus en plus impérative dans l’e-commerce.