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Intrusion à la raffinerie TotalEnergies de Donges : des syndicats demandent des comptes à la direction

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L'intrusion de militants d'Extinction Rebellion, samedi 23 mars, sur le site très sensible de la raffinerie TotalEnergies de Donges, pose question sur la sécurité en place, selon plusieurs syndicats.

Des militants d'Extinction Rebellion, alors, près du site de la raffinerie TotalEnergies de Donges, ce 23 mars. Des militants d'Extinction Rebellion, alors, près du site de la raffinerie TotalEnergies de Donges, ce 23 mars.
Des militants d'Extinction Rebellion, alors, près du site de la raffinerie TotalEnergies de Donges, ce 23 mars. © AFP - DAMIEN MEYER

Grimés en clowns, une soixantaine de personnes a pu s'introduire, samedi 23 mars, en fin de matinée, sur le site sensible, car classé Seveso, de la raffinerie TotalEnergies de Donges. Derrière cette action, Extinction Rebellion, un mouvement qui se qualifie "de désobéissance civile en lutte contre l'effondrement écologique et le dérèglement climatique."

Du grillage découpé, près d'une heure sur place

Arrivés en bus, les militants ont d'abord découpé une partie du grillage pour pénétrer sur le site. Puis, ils ont déployé une banderole dénonçant les activités de Total. "Cela fait 100 ans que Total pollue sciemment et nous met toutes et tous en danger. Nous sommes ici pour faire entendre l'urgence climatique, sur le site d'une entreprise criminelle", a déclaré à l'AFP Louise, 28 ans, militante d'Extinction Rébellion. Tous sont restés moins d'une heure et ont été raccompagnés vers la sortie par les gendarmes et des agents de sécurité.

Une intrusion sur le site assez facile qui "interpelle sur le côté sécuritaire", selon Marin Guillotin du syndicat Force Ouvrière. Il a pris son poste peu après le départ des militants. "On est sur un site classé Seveso. On se dit : par où sont-ils passés ?, est-ce que cela peut se reproduire ? Et si c'était des personnes avec de mauvaises intentions, qu'est-ce qui peut se passer ?", détaille-t-il, rappelant que le plan Vigipirate vient de passer à son niveau le plus élevé après l'attentat de Moscou.

Un CSE extraordinaire jeudi

Et de poursuivre : "Les dispositifs de sûreté que nous avons sur site ont montré qu'ils étaient inefficaces, voire inopérants." Marin Guillotin espère que les moyens humains pour sécuriser le site, comme les moyens matériels vont augmenter. De son côté, le syndicat CFDT fait savoir que suite à cette intrusion, il avait demandé à la direction la tenue d'un comité social et économique extraordinaire sur ce point spécifique. La réunion est prévue jeudi 28 mars, dans l'après-midi.

"Cela pose la question aussi d'une complicité de personne(s), car on sait que l'endroit où ils sont passés, c'est l'un des plus faibles en matière de sûreté. Et comme par hasard, les indications sont les bonnes. Est-ce qu'une personne de mauvaise intention, qui aurait pu être licenciée, qui aurait pu avoir des différends avec le site, ne cherche pas derrière à fournir des informations à des associations en quête d'actions. Cela s'est déjà vu à d'autres endroits", selon Marin Guillotin, précisant là qu'il ne s'agit que "d'un point de vue personnel."

"Des sites Seveso pas si sécurisés" selon l'asso AEDZRP

Marie-Aline Le Clerc de l'association dongeoise des zones à risque rappelle, de son côté, que la raffinerie est fermée depuis fin février et une mise en demeure de l'État en raison de risques de fuite et de défauts dans la sécurité anti-incendie. L'usine rouvrira début avril après quelques travaux. Mais pour elle, dans ce contexte, l'intrusion des activistes est à la fois inquiétante et bénéfique : "ils voulaient prouver que les sites Seveso ne sont pas si sécurisés qu'on le dit, ils l'ont prouvé. Cela rejoint notre combat local avec un industriel qui continue à polluer, à ne pas respecter les règles de sécurité, à mettre en danger ses salariés et la population."

Une plainte déposée par TotalEnergies

Concernant cette action, le maire de Donges, François Chéneau, estime "que cela en dit long sur le degré de responsabilité des personnes qui font ça. Il ne faudrait pas que ça donne des mauvaises idées à des personnes qui auraient des intentions encore plus malveillantes." Selon lui, faut-il s'inquiéter du niveau de sécurité sur place ? "Pour moi, on est déjà dans un cadre sécuritaire. Je rappelle qu'il y a encore trois ans, les trains passaient au milieu du site sensible de la raffinerie avec tout ce qu'auraient pu faire les passagers dans les trains. Cela n'est plus le cas maintenant. Il y a des sites, à l'intérieur d'une raffinerie, qui sont beaucoup plus sensibles que d'autres, j'ai quelques doutes sur le fait qu'ils auraient pu accéder aux sites réellement dangereux." L'élu dit attendre "les suggestions que l'État pourrait faire aux industriels pour renforcer la sécurité."

Contactée sur ce point, la préfecture de la Loire-Atlantique fait savoir ce mardi 26 mars, que "la préfecture et la sous-préfecture de Saint-Nazaire ont travaillé régulièrement avec l'entreprise Total pour améliorer les dispositifs de sûreté de l'entreprise. La préfecture va organiser une réunion de retour d'expérience avec le directeur de la raffinerie concernant l'intrusion de ce week-end, et a demandé la réalisation d'un audit de sûreté complémentaire."

De son côté, la direction de TotalEnergies refuse toute interview, tout commentaire, car "il est question de la sûreté du site" selon le service communication. TotalEnergies indique cependant qu'une plainte a été déposée pour cette intrusion et les dégradations sur le grillage.

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