Interview Féfé : "Pour moi, le rap est une sorte de nouveau jazz. C'est la liberté totale"

Quatre ans après « 365 jours », enregistré avec Leeroy, Féfé nous fait le plaisir de revenir avec « Hélicoptère », son nouvel album solo. Un disque à la fois solaire, éclectique et sensible, dans lequel l’ancien des Saïan Supa Crew se dévoile comme jamais, en toute liberté. Pour le découvrir, ou le redécouvrir sur scène, le chanteur donne rendez-vous à ses fans ce vendredi 22 mars 2024 dans la grande salle de l’Astrolabe d’Orléans (Loiret) à 20h30. 

Actu : Vous venez présenter "Hélicoptère", votre nouvel album. Comment l'avez-vous conçu ?

Féfé : Comme beaucoup de mes précédents albums, je l'ai travaillé à la maison, dans mon salon. Petit à petit, par jets. Le premier morceau que j'ai écrit c'est "Quelque part". Je l'ai fait en sortant d'une grosse dépression, Cet album a été un peu salvateur. J'avais envie d'air frais, j'avais envie de dire des choses, presque comme si c'était la dernière fois.

Dès l'intro, vous chantez "Si le game est une course, j’arrive en hélicoptère ». Que signifie cette formule au juste ?

Féfé : En fait, j'ai réalisé que c'était mon mantra depuis toujours. J'ai jamais vraiment été dans la course du rap game. Ca s'est vu dès le départ de ma carrière avec le Saïan Supa Crew, c'était un groupe à part. A l'époque, on dénotait totalement. Je pense que j'ai toujours été singulier. Je dois être le seul mec qui n'a pas compris que la course c'était avec les autres dans le peloton de tête. Moi je plane, je fais mon truc, et ça se passe très bien.

Vous dites que vous ne vous êtes jamais autant dévoilé...

Féfé : Je me suis toujours un peu dévoilé mais en enrobant les choses. Mais là, il y a des phrases que je sors de manière très brute. Je ne m'en suis pas rendu compte au départ, mais l'album est assez introspectif. La période que j'ai traversée a fait qu'il y a quelque chose qui s'est ouvert en moi.

Quatre ans après l'album avec Leeroy, vous faites un retour au solo. Sans pour autant vous priver de convoquer quelques artistes comme Akhenaton, Son Little, Cookin’ On 3 Burners et Luiza...

Féfé : Ca ramène toujours un plus. Par exemple pour "Falling Star", avec Son Little, c'est un refrain que j'ai écrit, une mélodie que j'ai créée, mais quand c'est lui qui la chante, ça n'a plus rien à voir (rires). Parfois, il y a des gens qui vont emmener votre création plus loin. Les collaborations me font explorer des pistes que je n'aurais pas explorées autrement.

Dans "Hélicoptère", on retrouve un peu de rap old school, comme avec Akhenaton. Faut-il y voir un peu de nostalgie ?

Féfé : Tout à fait. Je n'ai jamais vraiment abordé la nostalgie car je regarde toujours vers l'avant. Mais sur cet album, j'avais quand même besoin d'un petit regard dans le rétro. J'ai fait une sorte de bilan. Je commence à être un peu âgé donc je regarde parfois en arrière. L'interlude qui s'appelle "Feniksi", le nom que je portais avec le Saïan Supa Crew, est aussi un peu nostalgique. J'ai écrit le texte en pensant à moi à 20 ans.

Vous enchaînez les cadences reggaeton, dancehall, afro, électro... Peut-on définitivement vous considérer comme un artiste inclassable ?

Féfé : C'est une vraie interrogation. Je suis en train de réfléchir au prochain, et je me demande si je ne vais pas faire un seul style. Je pense que oui, je suis un peu inclassable. Mais j'aimerais qu'on dise que je fais du Féfé, tout simplement (rires).

En réalité, vous étiez déjà assez imprévisible avec le Saïan Supa Crew. Vous naviguiez entre beaucoup de genres musicaux...

Féfé : Ca me fait plaisir que vous me dites ça ! Je pense que j'ai toujours été dans ce délire. Je navigue, j'essaye des choses... C'est ce qui m'a toujours excité en fait. Je suis venu au rap pour ça. Dans le rap, j'ai toujours pu sampler ce que je voulais donc forcément, j'ai pu naviguer dans plein de styles différents et dire ce que j'avais à dire. J'ai toujours voulu créer. Pour moi, le rap est une sorte de nouveau jazz. C'est la liberté totale.

Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?

Féfé : Je suis déjà en train de penser au prochain album mais j'ai un projet hors musique que je prépare.

Lequel ?

Féfé : Je n'en parlerai pas, je ne vous donnerai pas la primeur de cette information (rires) !

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