La première interview de Wazza en tant que Red

Alors qu'il s'habitue encore à la lumière des projecteurs, le jeune homme de 18 ans fait preuve de la détermination qui le caractérise lorsqu'il s'agit de tenir ses promesses et de marquer l'histoire d'Old Trafford de son empreinte. Une lecture passionnante...

L'ÉLU

As-tu déjà fait un bras de fer, Wayne ? "Euh, non." Jamais ? Tu dois l'avoir fait ?

Wayne secoue la tête. La table est à la bonne hauteur. Tu sais ce qui va suivre...Wayne prend quelques secondes pour évaluer mon offre et à peu près autant de temps pour m'écraser les doigts et me faire tomber le bras avec un bruit sourd qui aurait rendu Hulk Hogan fier. Il sourit, je grimace. 1-0 pour l'adolescent qui parle tranquillement. 

Qu'il s'agisse de marquer des buts ou d'une épreuve de force, Wayne Rooney veut gagner. C'est aussi un garçon costaud, croyez-moi sur parole, mais le jeune homme de 18 ans ne passe pas des heures à faire de la fonte dans une salle de sport. "Je ne fais pas de musculation", explique Wayne, qui a l'air méchant et musclé dans un T-shirt de marque. Un jean décontracté et des baskets Air Max rétro complètent son look urbain. 

"Je suis naturellement grand de toute façon, alors je ne veux pas en faire trop en faisant du développé-couché et tout ça", explique-t-il. "Après l'entraînement, je cours davantage dans la salle de sport, je fais du vélo pendant une demi-heure et je fais un peu d'entraînement en circuit avec différentes machines."

Le premier mois de Rooney à Old Trafford a été marqué par des séances de gymnastique, alors qu'il s'efforce d'être en pleine possession de ses moyens après s'être cassé le cinquième métatarsien du pied droit lors de l'Euro 2004. 

Ce fut une blessure que beaucoup ont cru être à l'origine de la défaite de l'Angleterre contre le Portugal, surtout après ses performances étincelantes contre la France, la Suisse et la Croatie, où il a marqué quatre fois. Il a certainement donné du fil à retordre à Mikael Silvestre lors du premier match de l'Angleterre, pénétrant dans la surface et obtenant un penalty, seulement pour que David Beckham le rate. Silvestre n'était pas étranger à la force et à la vitesse du gamin de Croxteth.

Les spectateurs présents au Goodison Park en février de la saison dernière se souviendront de lui ayant donné des cauchemars aux Français et à Wes Brown en défense. Entré en jeu à la mi-temps pour Steve Watson, le mouvement et la directivité de Rooney ont aidé Everton à récupérer trois buts sous une pluie torrentielle, seulement pour que Ruud arrache la victoire dans le temps additionnel. 

La manière dont il a joué ce jour-là n'est certainement pas passée inaperçue pour Sir Alex et les milliers de fans des Reds qui pensaient qu'il gâcherait leur après-midi.

"Je connais son potentiel depuis longtemps, mais la façon dont il a joué ces trois dernières années est phénoménale", a déclaré Sir Alex. Le Manager a admis le jour de la présentation de Rooney lors d'une conférence de presse bondée qu'il avait essayé de séduire le jeune attaquant pour qu'il vienne à Old Trafford après avoir donné du fil à retordre à l'équipe de jeunes de United. "J'ai reçu un appel de notre personnel disant qu'ils avaient vu un joueur et que je devais faire quelque chose à ce sujet", se souvient Sir Alex. "Il ne voulait pas quitter Everton, mais nous avons quand même montré de l'intérêt, même à l'âge de 14 ans.""J'ai reçu un appel de notre personnel disant qu'ils avaient vu un joueur et que je devais faire quelque chose à ce sujet", se souvient Sir Alex. "Il ne voulait pas quitter Everton, mais nous avons quand même montré de l'intérêt, même à l'âge de 14 ans."

"On m'en a parlé", dit Rooney, "mais je pense que j'étais trop jeune et que je voulais jouer pour Everton à l'époque. Maintenant, j'ai vraiment hâte de jouer ici, surtout contre les meilleurs joueurs d'Europe.

Les cris de "Fat Boy, quel est le score?" lors de la rencontre 3-2 à Old Trafford la saison dernière ont-ils touché un point sensible et l'ont-ils incité à donner le meilleur de lui-même à Goodison lors de la rencontre correspondante ? 

"Oui, je me souviens des critiques dont j'ai fait l'objet", dit-il en riant. "Mais c'était la même chose dans la plupart des terrains où j'ai joué. Je sais que lorsque je retournerai jouer contre Everton, on me criera les mêmes choses. Cela arrive, c'est le football".

Est-ce que cela vous dérange un peu ? "Non, je rigole juste. Ce sont juste les supporters qui agissent comme des supporters de football. Je ferais la même chose si j'étais toujours dans la foule."

Oubliez les titres négatifs de la presse sur sa vie privée et la controverse autour de son transfert de son club d'enfance, Wayne Rooney est un conte de fées des temps modernes. Cendrillon avec des chaussures de foot et un regard sévère. Et maintenant, avec des cornes de diable pour aller avec. Un garçon de la classe ouvrière, issu d'un quartier difficile de Croxteth, s'épanouit, démontre qu'il est le meilleur joueur d'Angleterre sur la scène européenne et quitte l'équipe de sa ville natale pour le plus grand club du monde. Beaucoup de choses sont arrivées à l'adolescent au physique mûr et au regard de garçon depuis qu'il était enfant à l'école De La Salle Comprehensive, assis au fond de la classe et rêvant de jouer pour Everton.

Wayne admet qu'il ne sait pas ce qu'il aurait fait s'il n'était pas devenu professionnel. "Je n'en ai pas la moindre idée", admet-il. "Tout ce que j'ai toujours voulu faire, c'est jouer au football. C'était ma seule préoccupation."

Wayne attendait avec impatience la sonnerie de la cloche pour filer à l'entraînement ou rentrer chez lui pour jouer près des garages derrière sa maison. "La presse disait que je me rendais à l'entraînement en BMX après l'école mais je n'avais même pas de vélo", rit Wayne. "Je me faisais toujours conduire par mon père !"

Le jeune n'était jamais vu sans un ballon. "Je m'entraînais sans cesse avec mes amis. Ce n'était pas juste du talent naturel. Nous avions l'habitude de jouer à l'arrière de la maison, près de garages, et d'utiliser l'un d'eux comme but. Nous prenions tous un tour dans le but et nous jouions jusqu'à ce qu'il fasse nuit. Cela m'a beaucoup aidé".

Tout cet entraînement a porté ses fruits lorsque le recruteur et ami de la famille Bob Pendleton l'a emmené à Goodison quand il avait seulement neuf ans, convaincu d'avoir trouvé un joueur au talent spécial. "Wayne est né pour marquer des buts", a-t-il déclaré. Le jeune a progressé rapidement dans les rangs juniors et les fans des Blues qui l'ont vu briller dans la FA Youth Cup en parlaient déjà en termes élogieux. Même Walter Smith, alors en charge à Everton, a essayé de lui donner ses débuts alors qu'il était encore à l'école.

"Moyesy m'a donné mes débuts, mais Walter a essayé de me mettre sur le banc contre Arsenal quand j'avais seulement 15 ans", dit Rooney. "Mon nom était sur la feuille de match mais je pense que la FA l'en a empêché. J'étais dégoûté car j'avais prévenu mes amis et ma famille. Mais bon, je suppose que je n'ai pas eu à attendre si longtemps." Rooney a fait ses débuts contre Southampton en août il y a deux ans lors d'un match nul 2-2 contre Southampton. Mais c'est une finition éblouissante à Goodison le 19 octobre qui a propulsé son nom dans la conscience nationale pour la première fois. Le jeune de 16 ans a marqué ce but merveilleux, plongeant et frappant de l'extérieur de la surface de réparation contre Arsenal, mettant fin à leur série invaincue de 30 matchs. La Rooneymania avait commencé.

Deux mois après que David Elleray ait expulsé Rooney pour la première fois lors d'un match du Boxing Day contre Birmingham, il est devenu le plus jeune joueur à faire ses débuts avec l'Angleterre contre l'Australie. « Toute la famille est absolument ravie pour Wayne », a déclaré son père Wayne Senior, qui regardait son aîné avec sa femme Jeanette et ses fils Graham et John. « Évidemment, je suis un papa très fier. Jouer pour l'Angleterre a toujours été son rêve. »

Wayne a enchaîné les performances impressionnantes en club et en sélection, marquant notamment quatre buts au Portugal lors de l'Euro 2004. Ses performances ont convaincu Sir Alex qu'il avait besoin de l'attaquant, même si cela signifiait en faire l'attaquant le plus cher du club. United a accepté de payer 20 millions de livres sterling pour le jeune homme de 18 ans, cette somme pouvant atteindre 27 millions de livres sterling en fonction de ses apparitions et de ses performances, dans le cadre d'un contrat d'une durée de six ans. Mais ce transfert n'aurait peut-être pas eu lieu aussi rapidement, voire pas du tout, si Newcastle n'avait pas déclenché les événements en faisant une offre pour le jeune joueur en premier. 

"À la fin de la saison dernière, David Moyes m'avait laissé entendre qu'il n'était pas à vendre", a déclaré Sir Alex. "Mais lorsque nous avons su qu'Everton discutait avec un autre club, nous avons dû faire quelque chose. Je pense que Manchester United ne pouvait pas se permettre de ne pas l'avoir".

Rooney ne se laisse pas impressionner par la somme d'argent déboursée pour lui. Il se contente de hausser les épaules et d'afficher un nouveau sourire malicieux lorsqu'on lui demande ce que cela fait d'être l'adolescent le plus cher du monde. "Oui, c'est beaucoup d'argent, mais je n'y pense pas vraiment. J'espère que j'en vaux la peine", déclare Rooney, le regard bleu et ferme. "J'ai une grande confiance en moi et en mes capacités. Le fait qu'Everton reçoive plus d'argent si je réussis n'affectera pas la façon dont je jouerai pour United. Quand j'entre sur le terrain, je m'engage toujours à 100 %. Je veux gagner des trophées. C'est pour cela que je suis ici".

Wayne admet qu'il n'a pas été facile de demander à quitter Everton. Lui et sa famille ont toujours été des Blues, et David Moyes avait dit qu'il voulait faire de lui le capitaine d'Everton lorsqu'il aurait 20 ans. "C'est probablement la décision la plus difficile que j'ai eu à prendre dans ma vie, mais je voulais partir pour poursuivre ma carrière et jouer à un niveau plus élevé. Quelques-uns des joueurs anglais m'avaient dit de venir rejoindre leur club, mais j'avais décidé que je voulais jouer pour United si j'en avais l'occasion. J'en ai parlé à Moyesy et au président dès mon retour de vacances. Ils n'ont pas été fous, je pense qu'ils s'y attendaient.

"Everton a été génial avec moi et ça aurait été l'option facile de rester là-bas, mais tout n'est pas facile dans la vie. Je voudrai toujours connaître le résultat d'Everton après avoir joué. J'espère qu'ils peuvent gagner... la plupart des matches."

Ces petits ajustements et son assurance croissante devant les caméras sont des signes de la maturité grandissante de Rooney. Ceux qui ont assisté à la conférence de presse annonçant son transfert ont été impressionnés par son honnêteté et son sang-froid face aux questions qui lui étaient adressées de toutes parts. 

"Depuis que j'ai commencé à jouer au football, j'ai beaucoup mûri, surtout au cours des 18 derniers mois", déclare Wayne. "Je pense que c'est nécessaire quand on est footballeur professionnel. Avant le Championnat d'Europe, j'ai beaucoup fait de relations publiques donc je m'habitue de plus en plus à l'attention. Parfois, je l'apprécie. Je n'ai pas de problème avec ça. Le fait d'être dans le collimateur du public ne me perturbe pas".

On attend beaucoup du Liverpudlien. Certains ont critiqué son bilan de 15 buts en 67 matches de Premiership pour Everton depuis ses débuts contre Tottenham en août 2002. D'autres l'ont qualifié d'auteur de grands buts, capable de faire basculer les matches d'une équipe d'Everton en difficulté. Le véritable test, cependant, sera de voir comment il se comportera entouré de joueurs de grande classe. 

Sir Alex ne doute pas qu'il puisse avoir le même effet galvanisant sur United que sa recrue la plus influente de tous les temps, Eric Cantona, tandis que Pelé a qualifié Rooney de "talent passionnant doté d'un sang-froid au-delà de son âge". "Je vois Wayne avoir le même impact qu'Éric Cantona sur l'équipe lorsque je l'ai recruté", a déclaré Sir Alex. "Je suis très enthousiaste. Nous avons le meilleur jeune joueur que ce pays ait connu au cours des 30 dernières années. Wayne n'est pas encore au point, mais c'est un talent fantastique et il l'a prouvé à l'Euro 2004. Il a un potentiel extraordinaire".

"Cantona était un joueur brillant", déclare Wayne. "C'est flatteur d'être comparé à lui en raison de ce qu'il a accompli, mais je ne suis professionnel que depuis deux ans. Je dois prouver qui je suis. Il est évident qu'il y aura des attentes, mais je suis convaincu que je peux les satisfaire.

Avec si peu de Scousers choisissant de jouer pour United, Wayne doit avoir envisagé quel genre d'accueil il recevrait, surtout avec la rivalité historique entre les deux villes. "Oui, je me suis posé la question mais heureusement c'était bon et les supporters semblaient m'adopter", déclare Rooney. "C'était agréable de les voir devant Old Trafford m'attendre après que j'ai signé, en criant mon nom et en disant que j'avais pris la bonne décision. Avoir les gars de l'Angleterre comme Scholesy et les Nevilles m'a aussi aidé à m'installer. Mais j'en ai marre d'en parler maintenant, je veux juste commencer à jouer pour United, sortir sur le terrain et marquer mon premier but."

Rooney dit que son premier objectif est d'entrer dans l'équipe et de conserver sa place, mais il accepte qu'il puisse devoir être sur le banc dans le cadre de son développement à Old Trafford. "Si je ne joue pas bien, je ne peux pas me plaindre si je ne suis pas dans l'équipe", dit-il. "Mon objectif est d'avoir une place régulière dans l'équipe. Je n'ai que 18 ans et j'ai encore beaucoup à prouver et à apprendre, mais il n'y a pas de meilleur endroit pour le faire qu'ici."