Schiappa juge irresponsable l'article de l'Ebdo sur Hulot

La secrétaire d'Etat à l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa (photo), juge "irresponsable", dans une longue tribune publiée par le Journal du dimanche, l'article du nouveau journal Ebdo, qui accuse Nicolas Hulot d'agressions sexuelles. /Photo prise le 18 novembre 2017/REUTERS/Emmanuel Foudrot

PARIS (Reuters) - La secrétaire d'Etat à l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, juge "irresponsable", dans une longue tribune publiée par le Journal du dimanche, l'article du nouveau journal Ebdo, qui accuse Nicolas Hulot d'agressions sexuelles.

Le ministre de la Transition énergétique, a démenti ces accusations, qu'il a qualifiées de "rumeurs ignominieuses", et reçu le soutien du chef de l'Etat, Emmanuel Macron, ainsi que de collègues du gouvernement.

L'Ebdo évoque "une jeune femme de 31 ans, ancienne salariée de la Fondation Hulot et aujourd’hui chargée de mission à l’Assemblée nationale", possiblement victime de "harcèlement sexuel" de la part de Nicolas Hulot, une affaire qui se serait "soldée par une transaction".

Contactée par l'hebdomadaire, l’intéressée dément "complètement" tout lien avec Nicolas Hulot. Interrogé lui aussi, le ministre dénonce "un pur mensonge". Nicolas Hulot reconnaît en revanche avoir fait l'objet d'une plainte en 2008 pour des faits remontant à 1997, classée sans suite pour cause de prescription, de dix ans à l'époque.

Marlène Schiappa, qui ne s'était pas exprimée jusqu'à présent, rompt le silence et tire à boulets rouges sur l'Ebdo et les auteurs de l'article.

"Je le trouve irresponsable cet article", écrit-elle. "Quand j’entends sur un plateau de télévision l’une de ses auteurs dire solennellement qu’elle appelle les femmes victimes de viol, 'par lui ou un autre', à contacter la presse, je trouve cela abject."

"La justice se rend dans les tribunaux, pas [dans] les médias", ajoute-t-elle. "Si certains avocats plaident sur les chaînes d’information en continu, il ne faut pas qu’ils s’étonnent qu’un jury populaire se forme dans la foule. Nous ne voulons pas de cela dans notre État de droit."

Elle rappelle qu'une femme présentée comme une des deux victimes de l'ancien animateur de télévision, une petite fille de l'ancien chef de l'Etat décédé François Mitterrand, a déclaré à l'hebdomadaire ne pas souhaiter médiatiser sa plainte, déposée le 11 juillet 2008 et classée sans suite.

L'avocat de Pascale Mitterrand, Me Michel Dufranc, a réaffirmé vendredi dans un communiqué que sa cliente avait été "associée sans son consentement à une tempête médiatique visant M. Nicolas Hulot".

"Comment ce journal peut-il alors prétendre oeuvrer pour 'la parole des femmes' puisqu'il bafoue le souhait de celle-ci de garder sa parole privée ?" demande Marlène Schiappa.

Elle accuse l'article de mettre sur le même plan des "ragots de harcèlement sexuel" démentis par la victime supposée, une plainte pour viol classée et la libération de la parole des femmes à la suite de l'affaire Harvey Weinstein aux Etats-Unis.

Ce faisant, l'Ebdo "offre une occasion en or" à ceux qui veulent discréditer ce mouvement, poursuit-elle. "Je ne sais pas quelle cause sert l'Ebdo mais ce n'est ni la crédibilité de la parole des femmes, ni la lutte contre les violences sexistes et sexuelles", ajoute la secrétaire d'Etat.

(Emmanuel Jarry, édité par Danielle Rouquié)