Si vous avez l'estomac bien accroché et que les rouages du monde judiciaire vous passionnent, ne ratez pas le documentaire belge Ni Juge Ni Soumise, diffusé sur France 3 ce jeudi 23 avril, à 22h25 (et disponible 7 jours en replay). Présenté au Festival de Cannes en 2017, César du meilleur film documentaire en 2019, il avait été diffusé sur Canal Plus, et OCS dernièrement, mais c'est la première fois qu'il bénéficie d'une diffusion sur une chaîne de télévision française gratuite.

Pendant trois ans, Jean Libon et Yves Hinant, pour le premier co-créateur, et le second, réalisateur historique de l'émission de documentaires courts culte Strip Tease, ont pu suivre le quotidien étrange d'Anne Gruwez, juge d'instruction à Bruxelles, connue, reconnue, à la fois crainte et appréciée dans la capitale belge. 

Anne Gruwez, juge insoumise bruxelloise

On y découvre son travail laborieux, fait de paperasse, d'auditions minutieuses où il faut tenir tête à des accusés énervés, ou au contraire, les caresser dans le sens du poil pour obtenir des aveux.

Rien d'ennuyeux pour le spectateur durant cette heure 40 de documentaire, grâce à la galerie de "personnages" incroyables et divers, tous filmés à visage découvert. De quoi montrer une partie de l'étendue des affaires entre lesquelles Anne Gruwez jongle, du racket d'un monsieur âgé à un homme violent avec sa compagne, en passant par un petit délinquant récidiviste ou un terrible infanticide.

Aucun jugement de la part des réalisateurs envers les personnes montrées. Fidèles à l'esprit Strip Tease, dont il s'agit du premier documentaire projeté au cinéma, Jean Libon et Yves Hinant font le pari de filmer la réalité telle quelle, dans toute son horreur, son absurdité, et ses moments de justice.

Vidéo du jour

Une juge humaine et impressionnante

Mais le plus incroyable de tous les intervenants reste Anne Gruwez elle-même. Une juge pas comme les autres, qui roule en petite Coccinnelle, et ne se laisse pas impressionner, ni par des prévenus menaçants, ni par des photos de cadavres.

Intransigeante, et avec un sens de la répartie déroutant, auquel on s'habitue peu à peu, la juge bruxelloise mène ses équipes tambour battant, avec une poigne qui force le respect. Policier, prévenu, collègue : chacun est logé à la même enseigne, avec un franc-parler qui fait rire le téléspectateur, au point de culpabiliser quand on s'esclaffe dans les moments les plus sombres du documentaire. C'est ce qui en fait tout le sel.

Même si elle est régulièrement confrontée au pire de l'humanité, Anne Gruwez n'en est pas pour autant devenue une machine administrative froide. On la voit ainsi, pendant des années, s'investir corps et âme dans la réouverture d'un dossier qui lui tient à coeur : l'assassinat non-résolu de deux prostituées de l'agglomération bruxelloise. 

Attention cependant, certains propos et images sont difficiles à entendre et regarder

Ni Juge Ni Soumise, de Jean Libon et Yves Hinant, avec Anne Gruwez. Disponible en replay.