Claude Alphandéry, un grand homme engagé dans son siècle

Parmi les grandes figures qui ont marqué la reconstruction de la France, un grand homme Claude Alphandéry vient de nous quitter à l’âge de 101 ans, saluons le résistant et artisan de l’économie solidaire… Comme beaucoup au sortir de la guerre, le creuset de ses valeurs humaines fut le mouvement communiste et l’esprit des réformes du Conseil national de la résistance ! Ce que les générations d’après 68 ne comprennent pas, c’est que ce conseil réunissait toute la France combattante dans l’incroyable diversité de ses acteurs… Une société qui dans la lutte avait permis des compagnonnages impensables transgressant les clivages politiques traditionnelles de l’avant-guerre ! De droite, de gauche des expertises et des concurrences positives, unies pour rebâtir une France heureuse et fraternelle. Cet esprit de solidarité et de réalisme s’exprima dans un développement sans égal des services publics à la française et - ce que l’on a oublié - dans un mouvement coopératif très important national, municipal, professionnel et local. Des banquiers comme Jean-Pierre Worms initièrent le monde de gauche à l’importance des réalités de l’argent; se développèrent alors les mutuelles de banque et d’assurance dans un esprit authentiquement de « capitalisation coopérative » : Crédit agricole ( solidarité inter-régionale des agriculteurs, Crédit mutuel importé d’un modèle allemand, Crédit coopératif, etc.). Devenu ensuite proche de Michel Rocard et de Jacques Delors, Claude Alphandéry avait créé en 1990 et présidé France active, mouvement associatif de soutien aux entreprises et associations de l’économie sociale et solidaire, ainsi qu’aux entrepreneurs éloignés des banques. Il avait aussi présidé à la création du Conseil national de l’insertion par l’activité économique, organisme rattaché au premier ministre. Et en 2010, il avait créé (à 88 ans!) le Labo de l’Economie sociale et solidaire, dont il était président d’honneur. Il était convaincu qu’un engagement dans l’engagement pour une société plus humaine devait passer par la revitalisation de l’esprit coopératif … que les mutuelles avaient par leur volume financier la force de développer une économie du service plus forte, plus juste et plus humaine ! Et que la part de l’économie sociale et solidaire devait au moins couvrir le tiers des emplois de demain par le service aux personnes et aux entreprises ! Sa joie de vivre et son enthousiasme étaient forces de complicité et d’optimisme !