Hooverphonic publie "Fake Is the New Dope": un album tout en contraste, entre ombre et lumière
Pour son 12e album studio, Hooverphonic replonge dans l’électro de ses débuts. "Fake Is the New Dope" est tout en contraste, entre classique et innovation, entre ombre et lumière.
- Publié le 22-03-2024 à 06h00
- Mis à jour le 22-03-2024 à 10h46
Décidément, Alex Callier, tête pensante d’Hooverphonic, aime surprendre. Alors que le groupe originaire de Saint-Nicolas est en pleine tournée avec un quatuor à cordes dans les centres culturels (Sit Down and Listen to Hooverphonic), voilà qu’il publie un album au son résolument électro. Alex Callier s’en explique: "C’est vrai qu’avec notre tournée qui débute, on est un peu schizophrène (rires). Mais on revient à nos racines. Certains pensent que c’est nouveau, mais non. Mais c’est vrai que cela faisait longtemps qu’on n’avait pas fait un album aussi imprégné d’électro."
Au détour de quelques titres, on retrouve des références aux plus belles heures de la dance des 90’s. And Then I Found You en est l’exemple parfait, "avec un petit côté Madonna et Everything But the Girl", précise la chanteuse Geike Arnaert. On ajouterait aussi Kylie Minogue.
Les années 90, c’est une époque que le bassiste et principal auteur des chansons d’Hooverphonic apprécie. "Pour les groupes belges, les années 80 ont été très difficiles. Et dans les années 90, tout à coup, tout est devenu possible. Il y a eu Soulwax, dEUS, K’s Choice… Nous, nous aurions d’ailleurs pu signer chez EMI en Angleterre… Mais je ne suis pas sentimental. Si cet album est influencé par le son de cette époque, on essaye toujours de le réinventer."
Toutes les chansons ont été écrites fin 2021, début 2022
Pour l’album précédent, Alex Cailler était allé rechercher des chansons qu’il avait en stock, après avoir jeté à la poubelle le contenu d’un disque entier. Cette fois, ce n’est pas le cas. "Toutes les chansons ont été écrites fin 2021, début 2022. On a fait beaucoup de démos avec Geike et puis on en a choisi 12."
Pour l’écriture des textes, Alex Cailler a notamment collaboré avec son comparse italien Luca Chiaravalli (avec qui il avait écrit Amalfi en 2013), mais aussi Maria Broberg ( The Best Day of our Life, Two Wrongs Right), Abi F Jones ( Somebody) et Janie Price ( I’m Not The Girl To Kill). "Maria et Abi, je les ai rencontrées chez Janie chez qui j’étais en Italie pour écrire. J’aime bien travailler avec d’autres chanteuses car elles ont chacune leur façon d’écrire la mélodie. Il faut toujours expérimenter. Cela donne des variations intéressantes et quand Geike chante, elle fusionne tout ça dans un style Hooverphonic." Geike, elle, a coécrit le mystérieux The United States Of Amnesia, poésie "chantée-parlée" qui clôture l’album.
"Sur Spotify, être le dernier morceau d’un album, ce n’est pas une bonne place"
Entre les titres, les contrastes sont parfois très forts. Cela commence en douceur par Fake Is The New Dope, au son plutôt classique, qui donne son titre à l’album. "Elle devait normalement clôturer l’album, mais sur Spotify, être le dernier morceau d’un album, ce n’est pas une bonne place. On trouvait qu’elle méritait mieux", sourit Alex Callier, qui a une affection particulière pour ce titre. "On vit dans une société où nous sommes tous accros au ‘fake’. On aime les filtres de Photoshop, on aime Auto-Tune, on commence à aimer l’IA… Je ne critique pas. Il y a des choses positives et des choses négatives."
Un peu plus loin, c’est dans une ambiance plutôt mariachi que l’on plonge avec Por Favor, single sorti à l’été 2023.
Une chanson qu’Alex voit comme un film de Tarantino, avec un homme macho et impoli, mais que Geike comprenait différemment. "J’adore le morceau, mais pour le chanter, il fallait que je le comprenne et que j’y croie. Cela n’a pas été instantané." "J’essaye toujours d’écrire des paroles universelles et qui sont neutres au niveau du genre, puisque c’est Geike qui les chante, embraye Alex. Mais j’aime qu’il y ait plusieurs sens."
Par contre, les textes de Dont’Think et The Best Day of Our Life ne prêtent pas à confusion. Ils évoquent la dépression mais aussi la lumière au bout du tunnel. "C’est basé sur mon expérience personnelle, raconte Alex Cailler. À la fin du Covid, j’étais vraiment en dépression, alors que ce n’est vraiment pas dans ma nature. Je m’en suis sorti en essayant de rester créatif."
Peut-être que ce nouveau disque déstabilisera les inconditionnels du son plus classique d’Hooverphonic. Mais ils seront ravis d’apprendre que l’an prochain, le groupe fêtera ses 30 ans d’existence et les 25 ans de la sortie de l’album Magnificient Tree. "Nous sommes en train de travailler sur un bouquin, précise Alex. Et on va rééditer Magnificient Tree avec un remaster sur un vinyle avec quelques raretés… On va aussi le rejouer en live."
Hooverphonic, "Fake Is the New Dope", Sony Music. Le 12 avril a la salle Reine Elizabeth à Anvers.