La Vitre est à la fois le nom d’une société, et le nom d’un produit de communication assez hors du commun. Il a été imaginé par trois jeunes dirigeants d’une holding au patronyme curieux : Triplecheese. Fondée par Romuald Boulanger, Anthony Vannier et Thierry Bouquain, cette dernière compte 27 salariés et rassemble Ucaya, éditeur de logiciel, Twist, commerce d’électronique, et surtout la petite dernière lancée voilà 5 ans, La Vitre. "Nous avons vendu 300 Vitres en 5 ans, précise Romuald Boulanger, cofondateur. Notre objectif d’ici à mars 2025, c’est d’en vendre 200 de plus, soit une croissance de 66 % en un an."
L’ambition est là pour la Vitre, et ce d’autant plus qu’elle est la vitrine technologique de la holding implantée près de Nantes, à Saint-Herblain. Triplecheese a atteint 2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, dont 600 000 pour La Vitre. "Nos clients sont des grands comptes, comme Chanel, Orange, BPCE, Safran, Sotheby’s, Aéroport de Paris ou le Parlement européen. Nous avons également une offre de showroom qui couvre le monde entier, à New York, Montréal, Genève, Monaco, et dans les grandes métropoles françaises comme Nantes, Bordeaux, Lyon ou Marseille."
Mais alors que propose donc la pépite nantaise ? Un objet technologique assez bluffant, il faut bien le reconnaître. La Vitre est un écran plus large et plus haut qu’un homme qui permet à deux personnes de se voir, à taille humaine, et d’échanger en face-à-face, alors qu’elles peuvent être à des centaines ou des milliers de kilomètres l’une de l’autre. "Au départ, nous avions développé ce produit pour notre usage interne, explique Romuald Boulanger. Une partie de notre équipe était à Nantes, au siège, et l’autre à Paris. On tenait à proposer autre chose qu’une visio basique à nos collaborateurs. Nous voulions humaniser nos échanges en donnant l’impression que l’on était dans la même pièce. On s’est dit que d’autres devaient avoir le même problème que nous."
Traduction en direct en 60 langues
L’usage de cet outil se fait évidemment avec deux vitres minimum. "Pour Chanel, une Vitre peut être en place dans l’atelier de façonnage des vêtements, en régions, et l’autre à Paris, avec le styliste, illustre Romuald Boulanger. Ils peuvent échanger chaque jour, voir tous les détails de chaque vêtement, sans avoir à se déplacer." Pour un speaker chevronné, basé à Los Angeles, et qui ne peut se déplacer à Singapour, par exemple, il est ainsi possible de poser une Vitre sur la scène et de donner l’impression qu’il est là. Bonus : les échanges peuvent être traduits instantanément en une soixantaine de 60 langues. Autrement dit un Mexicain et un Polonais peuvent dialoguer ensemble, dans leur langue maternelle respective et se comprendre sans traducteur à leurs côtés. "Pour des entreprises internationales, déclare Romuald Boulanger, dans certaines situations de crise, ce type d’outil permet d’échanger en direct, rapidement, et de réunir le top management éparpillé dans le monde entier."
Le luxe, le retail et l'hôtellerie
Environ quatre ans de recherche et d’innovation ont été nécessaires pour développer l’outil actuel, qu’il est possible de louer, d’acheter ou d’acheter en leasing. "Le plus important, c’était que l’usage paraisse naturel et qu’il soit extrêmement simple à installer, note Anthony Vannier. L’autre aspect important, c’était que nos clients puissent être livrés et que la Vitre soit installée en 48 heures. La logistique est le nerf de la guerre de notre activité. "
Dans les mois à venir, l’équipe de la Vitre va concentrer sa prospection de clients dans les secteurs du luxe, du retail et de l’hôtellerie, en particulier à l'international. "Il est déterminant pour nous de connaître les métiers dans lesquels cet outil apporte une réelle valeur ajoutée, estime Romuald Boulanger. Il est facile d’éblouir avec de la technologie, mais la vraie question à se poser c’est de savoir en quoi elle est utile. Ce que l’on aime, c’est qu’un client nous dise que ça lui fait gagner du temps et que c’est un véritable plus dans son métier."
