Retour d'Avignon: Wajdi Mouawad: "Incendies" à Namur / "Littoral"

LES PROMESSES SANGLANTES DE W.MOUAWAD
Wajdi Mouawad a fui le Liban, avec ses parents, à l'âge de huit ans, en pleine guerre civile, dans un Moyen Orient embrasé par des guerres politico-religieuses,qui durent toujours.

D'abord exilée à Paris, la famille est contrainte de gagner le Québec, où le timide Wadji trouve sa vocation: le théâtre. Auteur, metteur en scène, directeur de deux compagnies il dirige, depuis 2008, le plus grand théâtre d'Ottawa, succédant à Denis Marleau.

Enfin, cette année, artiste associé du Festival d'Avignon, il a occupé la Cour d'Honneur pendant quatre jours, de huit heures du soir à près de huit heures du matin, battant, en durée, le record établi en 1987 par «Le soulier de satin»de Claudel mis en scène par Antoine Vitez.

Le premier volet «Littoral», plante le décor avec beaucoup de panache et même d'humour, emporté par une escouade de jeunes acteurs canadiens d'un dynamisme ravigotant. Il n'est autobiographique que sur le thème central, l'exil et la guerre civile mais le détail est largement symbolique.. Un fils cherche à donner une digne sépulture à son père, quelque part au Moyen Orient mais se heurte à l'hostilité incompréhensible du clan maternel. A mi-chemin entre roman policier et épopée mythique, la démonstration (3h.30) convainc un public enthousiaste.

Fulgurant, le deuxième épisode, «Incendies», nous plonge en pleine guerre civile, sans désignation de coupables. L'énigme vient ici d'un bizarre héritage maternel légué à deux jumeaux. L'occasion d'une épopée qui nous emporte, avec quel souffle épique, dans toutes les contradictions de l'Orient compliqué. Et ce chef d'oeuvre ne dure que deux heures et quart.

-Namur accueille «Incendies» du 27 au 29 octobre
-Bruxelles, au Théâtre National, «Littoral» du 15 au 17 décembre.