La Fondation de France en quête de nouveaux territoires

Déléguée générale de la Fondation de France Méditerranée depuis octobre, Anaïs Jacoby souhaite un maillage plus important du territoire couvert par son institution.

Déléguée générale de la Fondation de France Méditerranée depuis octobre, Anaïs Jacoby souhaite un maillage plus important du territoire couvert par son institution.

Photo David Rossi

La délégation Méditerranée de l'organisme d'utilité publique a dévoilé son bilan 2023 et s'attend à des besoins encore immenses pour 2024.

"Les besoins sont immenses et ils ne le seront pas moins en 2024." Anaïs Jacoby a une vision lucide de la situation des associations qu'elle accompagne avec la Fondation de France Méditerranée. Mais la déléguée générale de l'institution l'assure aussi : "Il n'y aura pas moins d'aides ni de dons." Elle s'appuie sur une donnée communiquée par la Fondation de France : les dons ont augmenté de 10 % l'an dernier par rapport à 2022 à l'échelle nationale. "Le grand public et les entreprises font preuve d'une grande générosité et c'est grâce à cela que nous serons toujours aux côtés des associations qui savent, elles, épouser les évolutions de notre société pour mieux répondre aux besoins", indique encore Anaïs Jacoby, en poste depuis octobre 2023, après une carrière dans l'économie sociale et solidaire (Inter-Made, Impulse-Toit, Anef).

Ainsi, l'année dernière, quelque 167 projets ont été financés par la Fondation de France sur le territoire méditerranéen, dont près de la moitié dans les seules Bouches-du-Rhône (84) et notamment à Marseille (70), "c'est là que sont nos bureaux donc c'est là qu'on nous connaît le plus", justifie Anaïs Jacoby. Qui confirme également une "volonté d'aller investir de nouveaux territoires". "Nous avons deux modes de soutien aux associations, détaille-t-elle. Soit on lance des appels à projets auxquels elles doivent répondre et, dans ce cas, il n'y a pas d'action décisive de notre part ; soit on fait ce qu'on appelle du sourcing (une sorte de prospection, de démarchage, NDLR) qui nous permet d'aller vers les associations parce qu'on a entendu parler de leur projet et que l'on veut les accompagner. Jusqu'ici, le sourcing représente 10 % du financement de la Fondation de France, pour 90 % d'appels à projets. Nous, nous voulons que ce soit, dans un futur proche, du 50-50."

En 2023, les aides allouées ont représenté 7,4 millions d'euros, dont 4,2 M€ pour le 13 et 1,9 M€ pour la cité phocéenne. Une dynamique "dans la continuité de 2022, selon la Peynierenne, et si on y ajoute les fondations que nous abritons, les aides s'élèvent à 18 millions d'euros". Et elles sont nombreuses, ces fondations qui n'ont pas de siège social mais qui sont abritées par la délégation Méditerranée de la "FdF" : plus de 1 000, ce qui représente 1 100 projets supplémentaires financés l'an dernier. "Nous souhaitons soutenir les associations un peu différemment, poursuit Anaïs Jacoby. Nous essayons de privilégier le financement pluriannuel, sur deux ou trois ans, avec des montants plus importants afin que l'accompagnement soit davantage structurant. Et avec l'appui des fondations abritées, cela permet d'amplifier le projet soutenu."

"Le grand public et les entreprises font preuve d'une grande générosité, c'est grâce à cela que nous serons toujours aux côtés des associations."

Ces projets se classent essentiellement en trois grandes thématiques. D'abord la santé, avec 2,8 M€ d'aides en 2023 : la recherche, le médical, les domaines scientifiques, où les montants sont importants et où ce sont souvent des fondations spécialisées qui accompagnent. Ensuite, le social, avec 2,4 M€ d'aides : lutte contre les exclusions, lien social, une thématique de terrain avec beaucoup d'associations engagées, surtout à Marseille. Enfin, avec près de 1 M€, l'environnement : vaste thématique incluant la transition et la rénovation énergétiques ou l'écologie.

Pour 2024, la déléguée générale Méditerranée ne s'attend pas à moins de travail. Tout en rappelant, en référence au contexte géopolitique dégradé (guerres en Ukraine et à Gaza), que "la Fondation de France n'est pas un acteur de l'urgence et n'œuvre pas dans l'humanitaire et la philanthropie n'a pas vocation à pallier un manque de financements publics, mais sert à lutter contre les causes d'une situation, pas uniquement ses symptômes, en repérant les projets innovants pour apporter un changement systémique". Les conséquences (crises migratoires par exemple) peuvent cependant faire évoluer les besoins sur lesquels la Fondation de France intervient. "On sera toujours là", promet Anaïs Jacoby.