attaque couteau Paris bir hakeim 1:32
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Antoine Bienvault avec AFP / Crédit photo : Dimitar DILKOFF / AFP , modifié à
Ce samedi, selon une source policière, un terroriste armé d'un couteau a tué un touriste allemand et en a blessé deux autres dans le 15e arrondissement de Paris et aurait crié "Allah Akbar" avant d'être interpellé. Le parquet antiterroriste (Pnat) s'est saisi de l'enquête sur cette attaque perpétrée par un Français, connu pour l'islamisme radical et les troubles psychiatriques.

Le terroriste atteint de troubles psychiatriques qui a semé l'effroi à proximité de la tour Eiffel à Paris samedi soir est en garde à vue et doit désormais s'expliquer devant les enquêteurs après avoir tué un jeune touriste germano-philippin et blessé deux autres personnes, dans une attaque au couteau puis au marteau. Le procureur antiterroriste Jean-François Ricard tiendra une conférence de presse dimanche à 19h30, a annoncé le parquet national antiterroriste (Pnat), chargé de l'enquête.

En outre, une réunion sécuritaire se tiendra dans l'après-midi à Matignon autour d'Elisabeth Borne, à la demande d'Emmanuel Macron, en présence notamment des ministres de l'Intérieur Gérald Darmanin, de la Justice Eric Dupond-Moretti et de la Santé Aurélien Rousseau. Les faits se sont déroulés samedi vers 21H00 dans ce lieu hautement touristique de la capitale, à proximité du pont de Bir Hakeim enjambant la Seine.

Les informations principales : 

  • Une attaque au couteau et au marteau est survenue samedi soir à Paris
  • Un touriste allemand a été tué, deux autres personnes ont été blessées
  • Le terroriste, qui aurait crié "Allah Akbar", a été rapidement interpellé. L'homme était fiché S pour islamisme radical et troubles psychiatriques
  • Le parquet antiterroriste s'est saisi de l'enquête
  • Emmanuel Macron demande à Elisabeth Borne de tenir une réunion sécuritaire dimanche après-midi
  • Le procureur antiterroriste Jean-François Ricard tiendra une conférence de presse dimanche à 19h30
  • Selon le parquet antiterroriste, trois personnes de l'entourage du terroriste ont été placées en garde à vue
  • Le terroriste a fait allégeance au groupe Etat islamique, a indiqué dimanche le procureur anti-terroriste
  • La mère de l'islamiste radical avait signalé fin octobre son inquiétude sur le comportement de son fils

La mère du terroriste avait signalé son inquiétude fin octobre

La mère de l'islamiste radical qui a tué un jeune touriste germano-philippin et blessé deux autres personnes à proximité de la tour Eiffel à Paris samedi soir, avait signalé fin octobre son inquiétude sur le comportement de son fils, a indiqué dimanche le procureur anti-terroriste.

La mère de l'assaillant, un Franco-Iranien de 26 ans, avait fait remonter aux autorités qu'elle s'inquiétait pour son fils qui "se repliait sur lui-même", a rapporté en conférence de presse Jean-François Ricard. Armand Rajabpour-Miyandoab était fiché pour radicalisation islamiste (FSPRT) après avoir été condamné à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte de terrorisme, à la suite d'un projet d'action violente en 2016 dans le quartier d'affaires de la Défense, dans l'ouest de Paris.

Le terroriste a fait allégeance au groupe Etat islamique

L'islamiste radical qui a tué un jeune touriste germano-philippin et blessé deux autres personnes à proximité de la tour Eiffel à Paris samedi soir a fait allégeance au groupe Etat islamique (EI) dans une vidéo avant son passage à l'acte, a indiqué dimanche le procureur anti-terroriste.

S'exprimant en langue arabe dans cette vidéo, Armand Rajabpour-Miyandoab, un Franco-Iranien de 26 ans, apportait "son soutien aux jihadistes agissant dans différentes zones", a déclaré en conférence de presse Jean-François Ricard. "Cette vidéo était notamment mise en ligne sur son compte X (ex-Twitter)", ouvert début octobre et qui comportait "de nombreuses publications sur le Hamas, Gaza et plus généralement la Palestine", selon le magistrat.

Pour Bardella (RN), la "faiblesse" du gouvernement "entraîne" ces morts

La "faiblesse" du gouvernement et la politique qu'il mène "entraînent ces morts" comme le touriste poignardé samedi soir à Paris, a accusé dimanche le président du Rassemblement national Jordan Bardella, demandant de "rouvrir le débat sur la rétention de sûreté". "Je déplore que les drames se répètent les uns après les autres avec systématiquement les mêmes situations, les même individus, les mêmes profils", a réagi Jordan Bardella sur BFMTV, depuis Florence (Italie) où il doit participer à un meeting du groupe parlementaire européen Identité et Démocratie.

Demander la démission du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, comme il l'avait fait après l'attaque terroriste d'Arras, "ça ne changera pas grand chose, en réalité". "Ce que j'aimerais, c'est qu'il prenne conscience que la politique qu'il conduit et la faiblesse qui est la sienne à protéger le peuple français entraînent ces drames et entraînent ces morts", a-t-il ajouté, demandant un "tournant sécuritaire pénal et migratoire dans notre société, au risque de courir à de graves troubles dans les mois qui viennent".

Bompard (LFI) appelle à "ne pas donner de signification politique générale"

Le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, a appelé dimanche à "ne pas donner de signification générale" à l'attaque au couteau à Paris par un islamiste atteint de troubles psychiatriques, y voyant d'abord l'acte "d'une personne qui est manifestement déséquilibrée". "Je propose de ne pas donner de signification politique générale aux actions insupportables d'une personne qui est manifestement déséquilibrée", a réagi sur LCI Manuel Bompard, en exprimant son "effroi" et son "émotion" après la mort d'un touriste germano-philippin samedi près du pont de Bir-Hakeim, non loin de la Tour Eiffel.

"Je ne pense pas que toutes les personnes qui s'émeuvent de la situation au Proche-Orient se sentent solidaires de l'acte d'un déséquilibré comme celui-ci", a fait valoir Manuel Bompard. Le député des Bouches-du-Rhône a souligné qu'après cette attaque, qui a également fait deux blessés et pour laquelle le Parquet antiterroriste a ouvert une enquête, "des questions vont être posées". "Comment ça se fait qu'une personne qui a été fichée S a manifestement échappé à la surveillance, quel était l'état de son suivi psychiatrique ?", s'est-il interrogé, en allusion aux troubles psychiatriques dont souffrirait l'assaillant.

Manuel Bompard a épinglé, sans les nommer, les dirigeants de droite et d'extrême droite, qui, "avant d'avoir les premières informations, expliquaient qu'il fallait expulser l'ensemble des fichés S". "Là, il se trouve que, en l'occurrence, c'est une personne qui est une personne de nationalité française donc on n'allait pas l'expulser", a-t-il souligné.

Olaf Scholz "bouleversé" après la mort du ressortissant allemand

Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est dit dimanche "bouleversé" après l'attaque au couteau près de la Tour Eiffel, lors de laquelle un touriste germano-philippin a été tué par un Français connu pour islamisme radical et atteint de troubles psychiatriques. "Je suis bouleversé par l'attaque terroriste à Paris qui a tué un Allemand et blessé plusieurs personnes", a écrit Olaf Scholz sur le réseau social X. "Nos pensées vont vers les blessés, les familles et les amis des victimes. Cela met à nouveau en lumière les raisons pour lesquelles nous devons lutter contre la haine et la terreur", a-t-il ajouté.

La ministre de l'Intérieur Nancy Faeser avait plus tôt dénoncé "un crime abominable", lors d'une interview au groupe de médias Funke dimanche.  "Cet acte de violence brutal montre à quel point la menace du terrorisme islamiste est aiguë et sérieuse", a déclaré Mme Faeser. "L'Allemagne lutte côte à côte avec la France contre le terrorisme islamiste. Nos services de sécurité travaillent en étroite collaboration", a-t-elle assuré. "La guerre à Gaza après l'acte terroriste du Hamas aggrave la menace. Nous voyons de plus en plus d'appels à des attentats dans le spectre jihadiste", a ajouté la ministre, craignant "le risque d'une plus grande (...) radicalisation des auteurs de violences islamistes".

Trois personnes de l'entourage du terroriste en garde à vue

Trois "membres de l'entourage" de l'assaillant sont actuellement en garde à vue, a précisé dimanche le parquet national antiterroriste. Il s'agit de membres de sa famille et d'un de ses proches, a-t-on appris de source proche du dossier. Sollicité sur ce point, le Pnat n'a pas confirmé que ces personnes étaient des membres de la famille de l'assaillant.

L'assaillant, un homme tenant de l'islam radical et connu pour troubles psychiatriques, est toujours en garde à vue depuis son interpellation samedi soir, dans cette enquête ouverte notamment pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste. Il s'en est également pris avec un marteau à deux autres personnes, un Britannique de 66 ans et un Français de 60 ans.

Macron demande à Borne de tenir une réunion sécuritaire dimanche après-midi

Une réunion sécuritaire se tiendra dimanche après-midi à Matignon autour d'Élisabeth Borne à la demande d'Emmanuel Macron, après l'attaque au couteau à Paris qui a fait un mort et deux blessés, a annoncé à l'AFP l'entourage du chef de l'État. Sont convoqués à ce rendez-vous les ministres de l'Intérieur Gérald Darmanin, de la Justice Eric Dupond-Moretti et de la Santé Aurélien Rousseau, a-t-on appris de même source. Dans la matinée, Emmanuel Macron s'est également entretenu avec sa Première ministre, Gérald Darmanin et le directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), Nicolas Lerner, a précisé l'entourage du président.

Un touriste de 23 ans tué

Les faits se sont déroulés samedi vers 21H00 dans ce lieu hautement touristique de la capitale, à proximité du pont de Bir Hakeim enjambant la Seine. Le touriste tué au couteau, 23 ans, est de nationalités allemande et philippine. Il a été pris en charge par un médecin urgentiste connu du grand public, Patrick Pelloux, qui était de garde. Celui-ci a indiqué à l'AFP que l'homme et sa compagne, fortement choquée mais qui n'a pas eu de blessures corporelles, étaient tous deux infirmiers. 

Le terroriste s'en est ensuite pris, avec un marteau, à deux autres hommes. Selon le Pnat, les personnes, légèrement blessées, sont un Français de 60 ans et un Britannique de 66 ans, frappé à l'œil. Au pied de la tour Eiffel dimanche en milieu de journée, les touristes déambulaient tranquillement : certains n'avaient pas entendu parler de l'attaque mais tous ceux interrogés par l'AFP assuraient ne pas être inquiets pour leur sécurité.

Connu pour islamisme radical et troubles psychiatriques

Le terroriste, Armand Rajabpour-Miyandoab, un Français de 26 ans dont les parents sont iraniens, a été interpellé par les forces de l'ordre peu après l'attaque et placé en garde à vue dans les locaux de la section antiterroriste (SAT) de la brigade criminelle de Paris. Une vidéo sans son diffusée sur les réseaux sociaux montre des policiers tenant en joue un homme, vêtu de noir et le visage en partie dissimulé, qui recule pour s'éloigner d'eux dans la rue, tout en brandissant un marteau dans leur direction.

Selon le maire du 15e arrondissement Philippe Goujon à l'AFP, le terroriste a dit aux policiers qui s'approchaient de lui pour l'interpeller qu'il avait une ceinture d'explosifs, ce qui n'était pas le cas. Il est connu des services de justice pour islamisme radical et troubles psychiatriques et a crié "Allah akbar" au moment des faits, selon une source policière. Il aurait dit aux policiers l'ayant interpellé qu'il "ne pouvait plus supporter que les musulmans meurent, tant en Afghanistan qu'en Palestine. Il aurait aussi déclaré qu'il "en voulait", sans préciser à qui, pour "ce qui se passait à Gaza" et que la France serait "complice de ce que faisait Israël" là-bas, a précisé Gérald Darmanin lors d'un point presse sur les lieux de l'agression. 

Les enquêteurs vont désormais se pencher sur le suivi médical de l'auteur, un homme au "profil très instable, très influençable", selon une source sécuritaire interrogée par l'AFP. "Est-ce qu'il était suivi médicalement comme il aurait dû l'être et comme il l'a été un temps, c'est une question qui se posera?", a dit une source policière à l'AFP. Le ministre de la Santé a précisé dimanche qu'il était soumis à un "suivi" psychiatrique, sans hospitalisation.

Déjà interpellé en 2016

Environ 5.200 personnes sont connues pour radicalisation en France, dont 1.600 personnes sont particulièrement surveillées par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), selon une source au sein du renseignement, qui précise que 20% de ces 5.000 personnes ont des troubles psychiatriques. Le terroriste avait déjà été interpellé en 2016 par la DGSI pour un projet d'action violente à La Défense, à l'ouest de Paris. Il avait été condamné à cinq ans d'emprisonnement dont un avec sursis, et était sorti après quatre ans de détention.

Vivant chez ses parents en Essonne selon Gérald Darmanin, il a publié sur les réseaux sociaux une vidéo de revendication de son attaque, ont confirmé à l'AFP des sources policières et sécuritaires. Dans la vidéo, il évoque "l'actualité, le gouvernement, le meurtre de musulmans innocents", a détaillé la source sécuritaire. A ce stade, les enquêteurs ne savent pas quand elle a été tournée. Elle a été postée en ligne "quasi concomitamment" au passage à l'acte, selon cette source.

L'attaque survient moins de deux mois après celle d'Arras (Pas-de-Calais) qui a coûté la vie à un enseignant mi-octobre et conduit au relèvement du plan Vigipirate au niveau maximal "urgence attentat".

Une nouvelle attaque deux mois après celle d'Arras 

Joseph S., 37 ans, gérant en grande surface, assisté à la scène, installé dans un bar en face du pont. Alors qu'il fumait la chicha avec un ami, il a entendu des crises et des gens crier "au secours, au secours" et qui couraient. Il décrit un homme "avec un marteau dans la main" qui agresse un homme. Toujours selon ce témoin, en "5-10 minutes", la police est arrivée. Emmanuel Macron a eu depuis Doha, avant de décoller pour la France, Gérald Darmanin au téléphone qui l'a informé de l'attaque, a-t-on informé dans l'entourage du président.

"J'adresse toutes mes condoléances à la famille et aux proches du ressortissant allemand décédé ce soir lors de l'attaque terroriste survenue à Paris et pense avec émotion aux personnes actuellement blessées et prises en charge", a écrit Emmanuel Macron sur X. "Nous ne cédons rien face au terrorisme", a affirmé dimanche la Première ministre Elisabeth Borne sur X. "Mes pensées vont à la victime, aux blessés et à leurs proches. Je salue le courage et le professionnalisme de nos forces de l'ordre et nos services de secours mobilisés", a-t-elle encore écrit.

De nombreuses réactions ont afflué dans la soirée. "Une fois encore le terrorisme a frappé sur notre sol, en pleine soirée, à Paris. J'apporte tout mon soutien aux victimes et à leurs familles", a dit la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet. La présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a précisé ses "pensées pour la personne décédée et les blessés". "Toute la lumière doit être faite sur cette attaque au cœur de Paris", a-t-elle ajouté. L'attaque survient moins de deux mois après celle d'Arras qui a coûté la vie à un enseignant mi-octobre et conduit au relèvement du plan Vigipirate au niveau maximal "urgence attentat".