Les défis de l’industrie musicale à l’ère du streaming

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Les spéculations autour de l’action Believe qui pourrait faire l’objet d’une offre de la part de Warner Music Group à un prix de 17 euros par action mettent en lumière le secteur de l’industrie musicale, qui a su se réinventer avec le streaming.

Par Olivier Dauzat
Publié le 28/03/2024 à 07h00
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Les défis de l’industrie musicale à l’ère du streaming
(©Tada Images - stock.adobe.com)

Le bureau d’analyse d’Euroland Corporate s’est penché sur la transformation de l’industrie musicale depuis les années 2000.

L’arrivée d’Internet a eu un impact majeur sur son évolution. « Autrefois prospère, cette industrie a été confrontée à une ère de piratage massif avec l’essor du numérique », expliquent les analystes d’Euroland Corporate. La transition a été mouvementée, mais a été surmontée par l’émergence des plateformes de streaming (diffusion en continu) musical, lesquelles sont devenues une source majeure de revenus pour les grandes maisons de disques. Parallèlement, l’utilisation des technologies numériques a explosé.

En 2021, le nombre d’abonnés aux plateformes de streaming a dépassé le milliard. Aujourd’hui, cette forme de consommation musicale représente la principale manière d’explorer et d’écouter de la musique avec 68% de l’écoute musicale mondiale se faisant via des plateformes en ligne.

L’industrie musicale qui était sur la pente descendante au début des années 2000 avant l’essor du streaming a connu un taux de croissance annuelle moyen de 9% sur la période 2014-2022.

Depuis 2018, la part du streaming a dépassé pour la première fois celle des plateformes physiques. C’est aujourd’hui un marché de près de 25 milliards de dollars (22 milliards en 2000).

Il faut toutefois noter que les supports physiques ne sont pas morts. Euroland Corporate relève que les revenus générés par les vinyles ont quadruplé sur la période 2015-2020.

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Le modèle des plateformes repose sur deux sources de revenus : la publicité et les abonnements

Qui sont les principaux acteurs de l’industrie musicale?

Euroland Corporate passe en revue les principaux acteurs de l’industrie. Les majors sont de grands groupes multinationaux, à l’origine producteurs et distributeurs de disques. Il s’agit de Universal Music Group, Sony Music Entertainment, Warner Music Group… À côté d’eux, évoluent des indépendants de taille modeste, comme Believe, Wagram Music ou PIAS Group. Enfin, il y a des plateformes de streaming musical tels que Spotify, Deezer, Apple Music et Amazon Music.

« Le modèle des plateformes repose sur deux sources de revenus : la publicité diffusée pour les abonnements gratuits et les abonnements premiums pour 10-11 dollars par mois », expliquent les experts de Euroland Corporate. Quant aux majors, elles récupèrent 70% des revenus générés par les plateformes de streaming sous forme de royalties. Elles espèrent des hausses de prix, alors qu’entre 2006 et 2023, le tarif des abonnements n’avait pas bougé.

« L’an dernier, afin de s’aligner sur les tarifs pratiqués par les concurrents, Spotify, leader du marché, a annoncé sa toute première hausse du prix de ses abonnements premium solo en France », commente Euroland Corporate. En 2024, Spotify augmentera une nouvelle fois ses tarifs dans cette catégorie d’abonnement. « Les services musicaux ont encore de la marge, à l’inverse des plateformes vidéo », notent les experts de Euroland Corporate.

Quelle rentabilité pour les plateformes de streaming?

De fait, Spotify et Deezer ne parviennent toujours pas à être rentables, après 15 années d’existence. Amazon Music et Apple Music ont moins de problématique de rentabilité dans la mesure où ces deux entités sont filiales de mastodontes (le géant du commerce en ligne Amazon et le spécialiste des produits électroniques Apple). « Ces services sont plutôt conçus pour attirer les consommateurs dans leurs écosystèmes respectifs », affirme Euroland Corporate.

Enfin, la compétition entre les différentes offres de streaming demeure une véritable bataille, alors que les habitudes du public deviennent de plus en plus changeantes et se concentrent davantage sur les formats de vidéos courtes comme TikTok. « Cette plateforme tire sa popularité de la musique, qui constitue 85% de ses contenus, mais elle ne rémunère pas les artistes à la hauteur de leur contribution », rappellent les analystes d’Euroland Corporate.

Quelles sont les valeurs à mettre en portefeuille?

Parmi les valeurs du secteur suivies par Le Revenu, nous sommes positifs sur UMG. La maison de disques, ex-filiale de Vivendi, pourrait réaliser une croissance interne de ses ventes de 8,5% par an en moyenne jusqu’en 2026 selon le bureau d’études de Oddo BHF. Cette prévision s’appuie sur la hausse des tarifs des principales plateformes musicales à partir de cette année.

Le groupe aurait aussi démarré des négociations avec Google afin de mettre au point un outil qui permettra aux utilisateurs de créer légalement des morceaux générés par intelligence artificielle, et de payer en contrepartie les détenteurs des droits d’auteur.

Par ailleurs, le modèle d’UMG se caractérise par des marges élevées et une belle génération de trésorerie garantissant un solide retour de cash aux actionnaires. La valorisation devient certes exigeante à 28,3 fois le résultat net attendu pour l’exercice 2024, mais nous visons un cours à 32 euros pour l’action UMG.

En ce qui concerne Believe, nous sommes à conserver sur l’action, qui pourrait faire l’objet d’une OPA voire d’une bataille boursière. Mais il est sans doute un peu tard pour se positionner à l’achat sur un titre qui a gagné 59% depuis le début de l’année.

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