Santé

Pourquoi le dépistage du cancer colorectal est un enjeu majeur ? Réponse avec deux gastro-entérologues du Puy-de-Dôme

Pourquoi le dépistage du cancer colorectal est un enjeu majeur ? Réponse avec deux gastro-entérologues du Puy-de-Dôme
« C’est un des rares cancers qu’on guérit facilement. Le test sauve des vies », souligne Morgane Helyon, gastro-entérologue.
Mars bleu est au cancer colorectal ce qu’Octobre rose est au cancer du sein. Un mois pour comprendre l’enjeu du dépistage organisé : Ce cancer est la 2e cause de mortalité par cancer en France mais, détecté tôt, il est guéri dans 9 cas sur 10. Le dépistage, c’est un test gratuit et simple à faire chez soi.

Est-ce parce que le sujet reste tabou ? parce qu’il touche à l’intime ? Est-ce parce que l’on confond dépistage et diagnostic ? On a la chance, en France, de pouvoir bénéficier d’un dépistage organisé et gratuit du cancer colorectal, et pourtant, seul un tiers des personnes concernées réalisent vraiment ce test (34,2 % en AuRa). C’est même moins qu’il y a une dizaine d’années, alors que ce dépistage est désormais proposé depuis près de 20 ans.
Le cancer colorectal est le deuxième cancer le plus meurtrier en France (après le poumon). 47.500 nouveaux cas sont détectés chaque année, 17.100 personnes en meurent. Le professeur Johan Gagnière, chef du service de chirurgie digestive et de l’oncologie digestive au CHU Estaing et le docteur Morgane Helyon, gastro-entérologue nous éclairent sur ce cancer fréquent.

Comment se développe le cancer colorectal.

La tumeur se développe sur le rectum ou dans le colon. Il s’agit d’un polype qui a dégénéré en cancer. Lorsqu’on le détecte au stade de polype, on obtient 100 % de guérison, car par définition, il n’y a pas de cancer à ce stade. « Si le polype a dégénéré en cancer, et qu’il est découvert à un stade précoce, sans atteinte des ganglions et sans métastases, on est à 90 % de guérison. Ce cancer est donc un très bon modèle pour le dépistage. En revanche, découvert à un stade avancé, avec atteinte des ganglions et métastases, les chances de survie sont de 15 à 20 %. Voilà pourquoi, l’enjeu du dépistage est majeur ! »

Comment évolue ce cancer ?

Au début, il n’y a pas de symptômes. La maladie se développe à bas bruit. D’où l’intérêt d’un dépistage. Le passage du polype au cancer prend plusieurs mois, voire plusieurs années. C’est un long processus. Quand le cancer n’est plus au stade précoce, des symptômes apparaissent : douleurs à l’abdomen, sang dans les selles, troubles du transit (alternance de diarrhées et constipation), perte de poids… Des signes marquants un cancer installé et plus difficile à prendre en charge.

 

Comment est-il pris en charge ?

Si le dépistage est positif, une coloscopie est nécessaire. On traitera en même temps que l’on diagnostique lors de cet examen réalisé en ambulatoire sous anesthésie générale à l’aide d’une caméra qui remonte le long du colon. On procède alors à l’ablation du polype.Si le cancer est diagnostiqué à un stade précoce, la chirurgie permet l’ablation de la portion de colon qui porte la ou les tumeurs cancéreuses, ainsi que les ganglions autour de la tumeur. « C’est une intervention facile à un stade précoce, réalisée grâce à un robot, et nécessitant 3 à 4 jours d’hospitalisation. Une chimiothérapie est parfois nécessaire en fonction de la taille de la tumeur et du nombre de ganglions atteints. Si le cancer est plus avancé, la chirurgie sera plus longue, avec plus de risques. »

Que repère le test de dépistage ?

 « Le dépistage permet de repérer la présence de sang dans les selles. De sang spécifique à l’homme. Le seuil de détection s’est affiné, faisant baisser le nombre de faux négatifs. Environ 4 % des tests sont positifs. Ce qui ne veut pas dire “cancer” mais qu’un examen complémentaire est nécessaire. Sur ces 4 %  : 50 % sont des polypes bénins ; 20 % des polypes malins ; 30 % de faux positifs. Les saignements étant dus à autre chose. »

Pourquoi seulement un tiers de personnes concernées font le test ? 

« C’est un domaine qui touche à l’intime. Les troubles digestifs sont encore tabous. Récupérer des selles constitue un blocage pour certains. Alors que dans ce test, il n’y a pas de contact direct. De surcroît, il persiste encore une mauvaise image de la coloscopie : boire pour laver le colon, une caméra introduite par le rectum… C’est un examen intime.
Un test qui peut sauver.

« Pourtant 96 % des tests sont négatifs. Mais surtout, ce cancer dépisté à un stade précoce, se guérit ! C’est un des rares cancers qu’on guérit facilement. Le test sauve des vies. » 

Où faire un dépistage du cancer colorectal en mars dans le Puy-de-Dôme ?

Elle témoigne : Son dernier test lui a sauvé la vie.

Sophie (*) est retraitée du milieu hospitalier. Elle est ainsi plutôt sensibilisée aux dépistages organisés des cancers, d’autant que dans sa famille il y a des antécédents de polypes, mais pas de cancer colorectal pour autant. C’est ainsi que tous les deux ans, elle s’exécute. « En 2023, j’ai eu une chance inouïe, reconnaît-elle. C’était le dernier test pour moi puisque le dépistage organisé est proposé aux personnes de 50 à 74 ans. »
Ce test, elle en a donc l’habitude. 

C’est totalement simple, facile, et c’est à faire chez soi.

Les dernières semaines avant d’effectuer son test, elle n’avait ressenti aucun symptôme, aucune douleur. « Lorsqu’il est revenu positif, j’ai été extrêmement surprise, car hormis le fait que je n’ai rien senti de particulier, j’ai une vie saine, je mange équilibré, je fais de la marche régulièrement… Je n’y croyais », reconnaît-elle.
Elle prend donc contact avec sa généraliste qui avait été prévenue. « Tout s’est très vite enchaîné : mon médecin m’a prescrit une coloscopie qui a révélé des polypes dont un était cancéreux. J’ai obtenu un rendez-vous au CHU Estaing, et en deux mois, j’ai été traité par chirurgie. Durant cette intervention, les chirurgiens ont vu que les ganglions étaient touchés donc j’ai dû avoir une chimiothérapie pendant six mois. »Le test de dépistage est adressé aux personnes de 50 à 74 ans.
« Si le traitement a généré de la fatigue, il ne m’a pas fait perdre les cheveux », précise Sophie qui a toujours gardé le moral. « C’est crucial de garder le moral et le fait d’être très bien entouré l’est aussi. Au CHU Estaing, tous les personnels ont été très bienveillants, chaleureux. On voit que leur métier les tient à cœur. »
Aujourd’hui, Sophie va bien. Elle a repris doucement ses activités. Et reconnaît combien elle a été chanceuse d’avoir eu recours au dépistage organisé de ce cancer. « Il faut le faire à tout prix ! » 

(*) Le prénom a été changé.

Michèle Gardette
michele.gardette@centrefrance.com

Où récupérer le test ? Le test est à récupérer auprès de son médecin traitant ou d’un spécialiste (gynécologues, gastro-entérologues) ; des pharmaciens (en apportant la lettre d’invitation) ou à la commande sur : monkit.depistage-colorectal.fr. Attention, le test a une date de péremption.

Mode d’emploi. Chez soi, on suit la notice ultra-simple. Il faut coller le papier de recueil des selles sur la lunette des toilettes à l’aide des autocollants. Gratter légèrement la surface des selles avec la tige verte attachée au capuchon du tube avant que le papier s’enfonce dans l’eau. Gratter seulement une petite quantité de selles, suffisante pour couvrir le bout de la tige qui mesure 3 mm. Laissez le papier dans la cuvette et tirer la chasse d’eau. On remet le petit tube dans l’enveloppe pré-affranchie et le test est à renvoyer au laboratoire mentionné. Il est recommandé de le poster du dimanche au vendredi (et jamais la veille d’un jour férié) et de le réaliser au maximum dans les 24 heures qui précèdent l’envoi. Les résultats sont adressés au patient dans les 15 jours, ainsi qu’au médecin traitant.

 


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