Dans “Face à Michel Onfray”, Laurence Ferrari ferraille pour propager des fariboles

CHRONIQUE “EN LÉGER DIFFÉRÉ” – CNews, une chaîne d’opinion au service de l’extrême droite ? Impossible. Cinq jours après son audition à l’Assemblée, la chaîne inaugure un nouveau rendez-vous avec Michel Onfray, “libre-penseur” qui se proclame de gauche. Face à lui, Laurence Ferrari veille à éviter tout confusionnisme.

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Par Samuel Gontier

Publié le 06 mars 2024 à 16h39

«Bienvenue dans Face à Michel Onfray, notre nouveau rendez-vous », salue Laurence Ferrari samedi dernier. Voilà qui va faire taire les détracteurs de CNews : un grand penseur de gauche, comme il se revendique, invité chaque semaine, c’est bien la preuve du pluralisme de la chaîne. « Très heureuse de pouvoir échanger régulièrement avec vous, de pouvoir éventuellement ferrailler parce que nous ne sommes pas d’accord sur tout. » Laurence Ferrari a beau faire valoir devant les députés de la commission d’enquête sur la TNT que sa chaîne « incarne une liberté de ton qui dérange », elle n’hésitera pas à contester les délires gauchistes de son invité. « Vous êtes docteur en philosophie, écrivain prolixe, plus de cent cinquante livres. » Chez Michel Onfray, qualité rime avec quantité. « Vous êtes surtout un libre-penseur… » Le « libre-penseur », sur CNews, est l’exact opposé du « bien-pensant » confit dans son idéologie woke. « … Et on aime la liberté d’expression sur CNews. » Ainsi que « l’exactitude des faits, notre religion », a plaidé Pascal Praud à l’Assemblée. Autant dire que Laurence Ferrari va devoir ferrailler dur face à un « faussaire mythomane et complotiste » comme le disent Elisabeth Roudinesco et Guillaume Mazeau, pour lequel le dérèglement climatique ne doit rien aux activités humaines puisque notre univers est « en corrélation » avec « des plurivers et des multivers » : « Il y a des orages magnétiques dont on ne parle pas. » On ne peut plus rien dire.

« Nous allons essayer chaque semaine de prendre de la hauteur sur l’actualité… » C’est aussi l’ambition affichée par Face à l’info, par Face à Philippe de Villiers, par Face à Matthieu Bock-Côté, etc. À force de prendre de la hauteur, CNews me file le vertige. « … D’analyser les mouvements qui traversent notre société. » Invasion migratoire, ensauvagement, islamisation, grand remplacement, francocide, christianophobie, racisme anti-blanc, etc.

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« On va parler de la colère paysanne, ce que cette gronde profonde recouvre pour vous sur le plan sociétal, historique et philosophique. » Laurence Ferrari a oublié de dire que Michel Onfray, en plus d’être philosophe, était sociologue, historien et astrophysicien. « Vous avez été choqué de la façon dont les agriculteurs ont été traités depuis le début de leur révolte. — Oui parce que la paysannerie, c’est la France sans Paris. » Et inversement : Paris, c’est la France sans la paysannerie. « Pas la France des territoires, comme on dit, un mot qui m’effraie. » Parlons plutôt de « France des régions », comme Jean-Pierre Pernaut. « Le territoire, c’est quand même un mot d’éthologue. » Pas tout à fait : emprunté au latin territorium, ce terme désigne d’abord une circonscription politique. « L’éthologue s’occupe des animaux en disant que le mâle dominant a un territoire, il met de l’urine, des matières fécales… » Du lisier et du fumier devant les préfectures.

« Je n’aime pas ce mot, “territoire”, ce sont les provinces qui sont en jeu. » Comme sous l’Ancien Régime. « Et qui disent : ça suffit, on ne peut plus. Ils ont de la dignité, le sens du travail… » Pas comme ces fainéants d’urbains dégénérés. « Ils sont virgiliens. Virgile racontait le paysan à l’époque romaine : il regarde le ciel, la nature, il comprend, il est en phase directe avec la terre, avec l’eau, avec la pluie, avec la lumière, le soleil, etc. » Avec Bayer et Massey Ferguson. « La terre ne ment pas », comme disait un autre philosophe célèbre. « Ce sont des gens de bon sens qui disent : ça commence à bien faire. » Ah, le bon sens paysan (de la FNSEA).

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« Le vrai non-dit de cette affaire, c’est la question européenne. Et vive CNews qui a rendu possible la visibilité de ce qu’était vraiment l’Europe, enfin ! » Curieusement, les représentants de la chaîne n’ont pas mobilisé cet argument face aux députés de la commission d’enquête. « Y a un projet de société dans l’Europe de Maastricht, y a un homme nouveau, y a un homme déconstruit. Ce que veut Sandrine Rousseau, c’est un homme déconstruit. » Et voilà, c’est encore à cause de cette féminazie hystérique s’il y a une crise de la paysannerie. « C’est une Europe post-nationale, une Europe post-chrétienne. » Livrée aux délires déconstructionnistes des islamo-écologistes. « Toutes ces obsessions sur la question de l’avortement, du mariage homosexuel, de la gestation pour autrui, etc., ce sont les premières lois anti-chrétiennes. » La légalisation de l’avortement, c’est le début de la fin. « Cette vieille civilisation, elle est morte. » Ah, que revienne le bon temps de l’Inquisition.

« L’alimentation, c’est aussi un des signes de la civilisation, poursuit Laurence Ferrari. Aujourd’hui, on n’éduque plus au goût. Une civilisation qui ne sait plus ce qu’elle mange est une civilisation qui se laisse dépérir ? — Oui parce que, je ne veux pas dire que c’était un système idéal mais, jadis, y avait la mère au foyer qui cuisinait, on mangeait des bons produits… » Ce système était bien plus idéal que l’actuel. « Aujourd’hui, les couples travaillent, ils n’ont pas le temps de cuisiner. » Renvoyons les femmes à leurs fourneaux, on s’éviterait une crise de civilisation.

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Laurence Ferrari entreprend de ferrailler sur un autre sujet. « Ce qui est frappant dans la campagne pour les européennes, c’est l’âge des têtes de liste. Ça donne une forme de jeunisme en politique. Ça dit des choses, convient Michel Onfray. L’histoire a progressivement disparu. J’ai connu des hommes politiques qui avaient rencontré l’histoire. » La Seconde Guerre mondiale, la guerre d’Algérie, précise le philosophe. « Aujourd’hui, ils ont connu l’école. Ils sont brillants, ils sont formatés. » Il leur faudrait une bonne guerre.

La présentatrice déplore « les attaques en règle du gouvernement contre le RN. — Si vraiment Marine Le Pen, c’est l’extrême droite, réagit Michel Onfray, il faut qu’on fasse la démonstration qu’elle est contre la démocratie, qu’elle organise des mouvements de foule dans la rue, des mouvements violents, qu’elle refuse le résultat des élections ». Mais on ne la fait pas, preuve que Marine Le Pen n’est pas d’extrême droite. « Y a des gens qui refusent les résultats des élections du côté de La France insoumise. » C’est là que se trouvent les fascistes. « Il faut arrêter de faire du commentaire idéologique sur l’histoire. » Ça n’arriverait pas à Michel Onfray.

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« Nous vivons une époque de grand désordre dans les relations amoureuses, enchaîne Laurence Ferrari. Les Français font de moins en moins l’amour, ils disent qu’ils pourraient vivre avec quelqu’un dans une relation platonique, les jeunes sont extrêmement touchés par cette baisse de la sexualité… Y a ce contexte-là et puis il y a les hommes qui peut-être se sentent dévalorisés, menacés avec la libération de la parole des femmes. » Pauvres hommes castrés, soumis, terrorisés par les femmes — c’est une « féministe » revendiquée qui le dit. « Comment vous analysez ces nouveaux rapports amoureux ? — Vous avez des déconstructionnistes qui disent l’anatomie n’existe pas, nous n’avons pas un corps d’homme, un corps de femme. » Encore un coup de Sandrine Rousseau. « J’ai lu la semaine dernière un texte intéressant, l’intelligence artificielle est désormais capable de distinguer les cerveaux d’homme et les cerveaux de femme. Ça veut dire que d’un point de vue anatomique, il y a donc des cerveaux d’homme, des cerveaux de femme. » J’ignorais que l’IA réalisait des IRM cérébrales. Je pensais qu’elle se contentait de refléter les stéréotypes culturels dans lesquels baignent nos cerveaux.

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Michel Onfray met en cause les perturbateurs endocriniens. « Le dentifrice, l’eau, le savon, le maquillage, l’après-rasage, tout ça rentre dans votre corps et perturbe d’un point de vue hormonal votre identité sexuelle. C’est pourquoi, assez vraisemblablement, y a autant d’enfants perturbés qui sont pas très sûrs de leur identité. » Bien sûr. Quant à la transphobie, elle est causée par le rayonnement magnétique des écrans plats (branchés sur CNews). « Évidemment, approuve l’implacable Laurence Ferrari. On y reviendra dans nos émissions parce que c’est un sujet absolument passionnant. » Ça va encore ferrailler.

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