INTERVIEW. Michel Castellani : "La commission des finances de l'Assemblée nationale va toucher du doigt les réalités du territoire corse"

Par Anne-C. Chabanon

Le député Michel Castellani sera aux côtés d'Éric Coquerel, jeudi 7 et vendredi 8 mars, dans le cadre du déplacement en Corse d'une délégation de la commission des finances de l'Assemblée nationale. Une venue organisée dans la perspective du projet de...

Le député Michel Castellani sera aux côtés d'Éric Coquerel, jeudi 7 et vendredi 8 mars, dans le cadre du déplacement en Corse d'une délégation de la commission des finances de l'Assemblée nationale. Une venue organisée dans la perspective du projet de...

Doc CM

La venue d'une délégation de dix députés, jeudi 7 et vendredi 8 mars, en Corse, s'inscrit dans le cadre du projet de révision constitutionnelle dédié à l'île. Le déplacement permettra aux parlementaires d'échanger sur place avec les élus et divers acteurs, à l'horizon du futur statut d'autonomie. En particulier sur les aspects liés à la fiscalité. Une visite décryptée par Michel Castellani

Après celle des lois, c'est au tour de la commission des finances de se déplacer en Corse, à votre initiative, appuyée par le président Éric Coquerel. Qu'en attendez-vous ?

La délégation qui arrive ce jeudi représente toutes les sensibilités de l'éventail politique français. L'idée est simple, faire toucher du doigt les réalités financières et sociales insulaires pour pouvoir agir en connaissance de cause dans le champ de la fiscalité et de l'action économique. Nous avons planifié une série de rencontres avec des décideurs administratifs mais également des chefs d'entreprise et les chambres consulaires, venant compléter les nombreux échanges politiques prévus sur place, à commencer par un entretien avec le président de l'exécutif.

La présence de Charles de Courson n'est-elle pas paradoxale, lui qui fustigeait en 2016 les privilèges fiscaux de la Corse ?

Depuis, nous avons exercé une action pédagogique tous azimuts. Lui et moi faisons équipe en commission des finances depuis six ans. Si Charles de Courson était auparavant guidé par le souci d'une égalité sociale sur les territoires français, il a compris que ces derniers sont très diversifiés et que la vraie justice appelle donc des réponses tout aussi variées.

Quelle forme le volet fiscal pourrait-il prendre dans une évolution vers l'autonomie ?

Il s'agit de mettre à plat la ribambelle de dispositifs fiscaux qui s'appliquent à l'île en s'orientant vers une solution à deux colonnes. Avec, dans la première, les compétences que nous souhaitons voir traiter en Corse. Dans l'autre, les ressources pérennes qui permettront de les financer. Pour cela, il faut que nous puissions disposer des comptes de la Corse. Or, je suis incapable, à cet instant, de vous dire combien l'État met d'argent en Corse, combien les insulaires payent d'impôts, quel est le montant de la TVA dans l'île, combien coûte la protection sociale ici. Je n'ai eu de cesse de solliciter Bercy depuis deux ans et demi. On ne peut tracer les contours d'un statut fiscal sans avoir le montant spécifique des flux et des agrégats, c'est la base.

Comment ferez-vous remonter au gouvernement la contribution de la commission ?

D'une part, durant les deux jours du déplacement, puisque des représentants de l'État seront présents, y compris le préfet, avec également des hauts fonctionnaires pour accompagner la délégation. D'autre part, via le rapport établi par le bureau de l'Assemblée nationale qui sera transmis à Bercy. Enfin, je jouerai un rôle de relais auprès de deux ministres en particulier, Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, et Thomas Cazenave, chargé des Comptes publics.

Une fiscalité propre à la Corse ne risque-t-elle pas de braquer un peu plus des parlementaires déjà assez peu convaincus par le processus ?

Je ne le crois pas. D'abord, parce que cela viendra en aval de la loi générale, et d'autre part, parce qu'il est facile de comprendre que si l'on reconsidère l'ensemble des dispositifs fiscaux, dont l'arrêté Miot, tout le monde sera gagnant. Le but n'est pas de favoriser la Corse en tant que telle mais de faire naître des entreprises sur le sol insulaire, de les développer, de créer des richesses et de l'emploi.