Le baromètre de l’Euro (2/2) : l’Allemagne en force, l’Espagne en confiance, l’Italie et les Pays-Bas en travaux, où en sont les outsiders ?
Annoncés comme des outsiders pour le titre européen, ces quatre sélections sortent d’une trêve internationale inégale. Démonstration.
- Publié le 28-03-2024 à 15h04
Avec le trio de favoris formé par l’Angleterre, le Portugal et la France, Allemands, Espagnols, Italiens et Néerlandais composent avec les Diables un grand huit de prétendants à l’Euro. Mais comment vont les outsiders ? Le point.
L’Allemagne, ça les gagne !
Et si le monstre s’était réveillé ? Morose, l’atmosphère en Allemagne a brutalement changé en l’espace de ces deux victoires en deux matchs en France (0-2) et face aux Pays-Bas (2-1). "Que l’Euro arrive”, a titré en une Bild quand Kicker a évoqué “une étincelle qui s’est rallumée.” Avec dans le rôle du pyromane et du grand gagnant : Julian Nagelsmann. Le sélectionneur a posé des choix forts en se passant de Gnabry, Hummels, Süle ou Goretzka et a tiré le fruit de la sortie de retraite internationale de Kroos. “Quelque chose s’est passé cette semaine, a reconnu le milieu. Il y a quelques mois, nous nous serions probablement effondrés après avoir été menés 1-0. Mais cela ne s’est pas produit. Nous avons du mental.” Et du talent : sa présence libère d’un poids la paire Wirtz – Musiala, bluffante dans une équipe où le travail de l’ombre d’Andrich (Stuttgart) a été déterminant quand un certain Undav pointe le bout de son nez. Alors que Sané, suspendu, reviendra aussi cet été.
Les Pays-Bas n’avancent pas
Ronald Koeman assume le paradoxe : si ses hommes ont battu l’Écosse 4-0, lui a presque préféré le contenu de leur revers en Allemagne (1-2). "Je ne suis pas vraiment inquiet du fait que tout ne soit pas encore mis en place”, a convenu le sélectionneur qui cherche encore la bonne formule entre le 4-2-3-1 et 3-4-3. Avec une constante : les qualités défensives sur le papier de Van Dijk et De Ligt ne trouvent pas un prolongement sur le terrain où les Bataves ont concédé treize tirs contre les Écossais et deux nouveaux buts sur phases arrêtés à Francfort. Les difficultés contre les gros ne changent pas non plus puisque le revers face à la Mannschaft fait suite aux deux défaites contre la France et à celles contre la Croatie ou l’Italie. Memphis Depay a regretté l’absence d’un joueur à la Nigel de Jong, lui dont le retour a été positif comme celui de Wijnaldum. Dans les buts, si Flekken a été performant lors du premier match, l’ancien Anderlechtois Bart Verbruggen l’a été encore plus devant les Allemands, marquant des points pour être titulaire à l’Euro.
L’Espagne a des ailes
Avoir concédé une défaite (0- 1 contre la Colombie) et un nul (3-3 face au Brésil) n’inquiète pas Luis De la Fuente. Au contraire. “Nous avons un style qui nous rend plus fort, veut croire le sélectionneur espagnol. J’ai le sentiment qu’on peut aller très loin.” Peut-être parce qu’à la différence de ses devancières monstrueuses dans la possession mais déficiente dans la percussion, sa Roja a les armes pour faire mal. Avec Dani Olmo qui, avec son bijou contre le Brésil, a prouvé qu’il avait pris une nouvelle dimension en sélection. Avec le déroutant Nico Williams. Mais aussi et surtout avec Lamine Yamal, lui le Barcelonais ovationné par Bernabeu et qui fêtera ses dix-sept ans la veille de la finale de l’Euro. Défensivement, le treizième match pro de Cubarsi face aux Colombiens a aussi été sa première sélection et vient densifier la concurrence derrière la paire Le Normand – Laporte; quant à gauche, Grimaldo, sur la lancée de ses performances à Leverkusen, a marqué des points.
L’Italie et les chantiers de Spaletti
Ils s’étaient quittés sur un 0-0 crispant face à l’Ukraine à Leverkusen pour composter leur billet pour l’Euro et se sont retrouvés de l’autre côté de l’Atlantique pour un voyage qui a peut-être formé un groupe. Les joueurs italiens ont parfaitement géré cette séquence internationale débutée par l’affaire Acerbi qui, accusé de racisme, est finalement resté au pays avant de ne pas être poursuivi. Sans l’un de ses hommes de base, Luciano Spaletti a maintenu son idée première, celle de troquer son 4-3-3 pour un 3-4-2-1 qui a bien fonctionné.
Le sélectionneur a peut-être trouvé un système et surtout les hommes pour l’animer : avec deux équipes totalement différentes pour deux victoires contre le Venezuela (2-1) puis l’Équateur (2-0). "On rentre en sachant que beaucoup de ses joueurs seront dans le groupe pour l’Euro”, n’a pas caché le sélectionneur qui appellera peut-être l’un ou l’autre espoirs comme Gnonto, l’attaquant de Leeds ou le défenseur de Bologne, Calafiori. La principale satisfaction de la séquence est à chercher en pointe avec le doublé de Retegui lors de la première rencontre. L’attaquant né en Argentine et à la Genoa depuis l’été dernier en est désormais à huit buts en cinq sélections. “Il a prouvé qu’il était parfait pour ce rôle”, a souligné son sélectionneur au sujet d’un avant-centre plus convaincant que le polyvalent napolitain Raspadori.