«Trop jeune pour la retraite et trop vieux pour le marché du travail» : c’est le constat désabusé de Christophe, 57 ans, salarié de l’usine Cotelle, à Rillieux-la-Pape, en périphérie de Lyon. Comme lui, ils sont aujourd’hui une centaine à partager dans cette commune du Rhône un «sentiment de dégoût, de gâchis». Et la crainte de «se faire virer comme des malpropres», alors que leur moyenne d’âge s’élève à 54 ans, pour une ancienneté moyenne de vingt-six ans dans l’entreprise. Ils ont lancé une grève illimitée à compter de ce jeudi 28 mars. Menacé de fermeture en septembre, ce site de production historique de Javel Lacroix est le dernier en France à préparer et conditionner cette eau aux propriétés blanchissantes et désinfectantes, inventée par un chimiste au XVIIIe siècle. C’est aussi là qu’est préparé l’adoucissant Soupline, dont l’odeur plane dans l’air aux abords de la zone industrielle de plusieurs hectares.

Ce jeudi, une soixantaine d’employés se sont relayés pour occuper son entrée. Sur la grille, une banderole rappelle que 104 emplois supprimés, ce seraient «104 familles sacrifiées». Suspendu à côté, un tee-shirt blanc proclame en lettres rouges que «nous sommes bienveillants, inclusifs et courageux». Le groupe Colgate-Palmolive, qui a racheté l’unité de production de Rillieux-la-Pape à la fin des années 80, l’a offert aux salariés en début d’année. Un mois plus tard, le 31 janvier, leur direction les a pris de court en annonçant «l