John Dudley, le scientifique franc-comtois, "leader mondial" de cette technologie révolutionnaire

John Dudley, professeur à l'Université de Franche-Comté est considéré comme l'un des leaders mondiaux de la photonique, une science qui promet d'encore révolutionner le 21e siècle.

John Dudley est considéré par le CNRS comme l'un des leaders mondiaux de l'optique non linéaire ultra-rapide.
John Dudley est considéré par le CNRS comme l'un des leaders mondiaux de l'optique non linéaire ultra-rapide. ©Valentin Machard
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Ses consœurs et confrères scientifiques, membres du CNRS, considère John Dudley comme un « leader mondial » de la photonique, cette science et technologie de la lumière, utilisée partout dans notre monde numérique, notamment grâce à la fibre optique

Il le dit lui-même : « Si le 20e siècle a été le siècle de l’électronique, le 21e sera celui de la photonique. » John Dudley est l’un des scientifiques qui a participé aux plus grandes avancées internationales dans la recherche sur la photonique.

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Si bien que le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) le qualifie de « leader mondial de l’optique non linéaire ultra-rapide ». « Mes recherches impliquent les interactions ultrarapides entre la lumière et la matière. Qu’est-ce qu’il se passe quand, pendant une impulsion très courte, une femtoseconde, la lumière s’injecte sur du verre ? Comment les propriétés du verre sont modifiées ? Comment peut-on les exploiter ? C’est sur ces questions que j’ai mené mes recherches », présente avec son accent néo-zélandais John Dudley, professeur de photonique.

Pour ses travaux, utilisés aujourd’hui dans le découpage industriel d’extrême précision au laser, il a obtenu la médaille d’argent du CNRS en 2013.

Vous avez besoin des travaux de trente prix Nobel pour envoyer un mail.

John Dudley

C’est quoi la photonique ? Et pourquoi est-ce une révolution ? 

La photonique, c’est la science de la lumière. Maîtriser les lois de la photonique revient à générer, contrôler et détecter des « photons », des particules de lumière. C’est le même principe que dans l’électricité, où là, ce sont les électrons qui sont contrôlés. La lumière se déplace dans les circuits, à la place des électrons.

Aujourd’hui, les usages de la photonique sont partout : dans les lasers des télécommandes, dans l’éclairage des voitures, dans la fibre optique, ou encore dans les caméras et les écrans de téléphones. « Un smartphone, c’est beaucoup de photonique ! Vous avez besoin des travaux de trente prix Nobel pour envoyer un mail. »  

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« La révolution, c’est l’industrie de la photonique qui vit une phase de croissance exponentielle. Et ça va être comme ça pendant encore dix ans. Mais les besoins industriels croissent plus vite que notre capacité à former les étudiants. »   

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Il y a une vraie liberté académique pour les chercheurs pour explorer leurs idées et étudier ce qu’ils veulent. C’est indispensable. 

John Dudley

Preuve de l’importance de cette technologie, la Commission européenne considère que « nous sommes au bord d’une nouvelle ère de la photonique ». La révolution photonique a commencé en 1960 avec l’invention du laser. Un bouleversement dans le domaine de l’optique, en créant une source de lumière possible de manipuler.

Une arrivée en Franche-Comté par « pur hasard »

En le regardant développer avec une passion extrême ses différents travaux, on se demande vite comment un tel chercheur a pu trouver un intérêt à venir s’installer en Franche-Comté, à Besançon. S’il sourit en expliquant que la mentalité franc-comtoise se rapproche de celle des Néo-Zélandais, les raisons sont autres.

Plus le monde devient dépendant à la science et à la technologie, moins les gens les comprennent. 

John Dudley

« J’ai eu envie d’étudier le laser pour ses applications biomédicales. Mais j’ai trouvé une application encore plus intéressante que ce qu’on avait prévu et j’ai plongé dans la physique du laser. » Une plongée qui l’a amené à rejoindre l’université de Franche-Comté à Besançon, il y a 24 ans.

« Totalement par hasard ! », en rigole John Dudley. À l’époque, c’est l’une des seules universités françaises à disposer d’un site Internet et à déjà proposer des cours en anglais. « L’université était précurseur là-dessus, par rapport à ce qui se faisait en France », témoigne le professeur de photonique. 

Un chercheur de classe mondiale 

De son expérience internationale, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni, John Dudley trouve le système français de recherche scientifique « remarquable ». « Il y a une vraie liberté académique pour les chercheurs pour explorer leurs idées et étudier ce qu’ils veulent. C’est indispensable. Il y a aussi une vraie expertise dans l’optique ici, avec un vrai capital scientifique », reconnaît-il. Il raconte comment il a pu trouver sur le campus bisontin de nombreux autres experts qui ont pu le guider dans ses recherches.  

Un monde dépendant à la science ? 

Le chercheur considère les sciences comme un jeu. Il faut s’amuser, essayer, échouer, recommencer : « L’idée, c’est de motiver les élèves à comprendre. La science est la meilleure méthode que l’espèce humaine a développée pour comprendre le monde et l’univers. »

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Mais John Dudley se montre critique vis-à-vis de la place de la science dans nos sociétés modernes. « Plus le monde devient dépendant à la science et à la technologie, moins les gens les comprennent. Cela crée un vrai danger. Quelles personnalités politiques peuvent prendre des décisions concernant la recherche, s’ils ne comprennent rien aux sciences ? On manque de ministres qui soient de vrais scientifiques », pointe John Dudley, avant de continuer :

« À travers le monde, on en voit les conséquences. Les décisions sur le climat qui auraient dû être faites il y a trente ans, quand on avait déjà des preuves du dérèglement climatique, n’ont pas été prises parce qu’il n’y avait pas assez d’expertises parmi les décideurs politiques pour aller à l’encontre des lobbys industriels et pour prendre les mesures quand il y avait les possibilités de contrer les problèmes climatiques. » Cette relation contradictoire aux sciences, le professeur l’a aussi fortement ressenti pendant la crise sanitaire. 

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