un dernier tour de pisteJumbo l’hippopotame va-t-il être envoyé en « Ehpad » ?

Pourquoi le Conseil d’Etat va décider du sort de  Jumbo, l’hippopotame retraité

un dernier tour de piste« Emblème » du cirque Muller-Zavatta, l’hippopotame Jumbo, dont le sort a été examiné par le Conseil d’Etat, va devoir attendre quelques jours pour savoir s’il restera dans « sa famille » ou s’il sera envoyé en « Ehpad »
Le sort de Jumbo, l'hippopotame du cirque Muller-Zavata, s'est invité mercredi devant le Conseil d'Etat.
Le sort de Jumbo, l'hippopotame du cirque Muller-Zavata, s'est invité mercredi devant le Conseil d'Etat. - S. Malgavko / Sipa
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • Mercredi après-midi, le Conseil d’Etat s’est penché sur le sort de Jumbo, l’hippopotame « emblème du cirque » Muller-Zavata.
  • Le mammifère, âgé de presque 40 ans, se retrouve au cœur d’une âpre bataille juridique opposant depuis plusieurs années ses propriétaires à une association de défense des animaux.
  • 20 Minutes vous récapitule les principaux éléments de l’affaire.

Il aspire sans doute à goûter une retraite paisible, loin des batailles judiciaires dont il fait l’objet. Présenté un temps comme le « plus gros d’Europe », Jumbo l’hippopotame va devoir encore patienter pour savoir quel sort lui sera réservé. Son cas a été examiné mercredi par le Conseil d’Etat, qui fera connaître sa décision dans quelques jours. Pourquoi le mammifère se trouve-t-il au milieu d’un long bras de fer ? 20 Minutes fait le point.

Qui est Jumbo ?

A bientôt 40 ans, l’hippopotame est né en captivité. Il appartient au cirque Müller-Zavatta dans lequel « il est arrivé tout bébé », confiait Franck Muller en 2019 à 20 Minutes. L’animal, dit-il, « aime le contact », les « caresses entre les oreilles » pour s’endormir, et surtout « les carottes », son péché mignon, sur lesquelles il se précipite, renversant parfois une table au passage. Et quand il est impatient, sachez qu’il vrombit telle une mobylette.

En 2017, l’association de défense des animaux One Voice a saisi la justice, estimant que l’hippopotame était victime de maltraitance. « Quand il est dehors, Jumbo reste sur un parking. Parfois en plein soleil comme cet été. Il est rarement dans sa piscine et celle-ci est bien trop petite », justifiait alors sa porte-parole Muriel Arnal.

L’association a demandé son transfert dans un sanctuaire ou un parc zoologique ainsi que l’annulation de l’arrêté pris par le préfet de la Drôme en 2008 autorisant la présentation de l’animal au public.

Qu’a dit la justice ?

En novembre 2019, le tribunal administratif de Grenoble a refusé d’invalider l’arrêté préfectoral, déboutant ainsi l’association. Trois ans plus tard, le jugement a été confirmé par la cour d’appel de Lyon.

One Voice a lancé en parallèle une seconde procédure, cette fois en correctionnelle, pour dénoncer les mauvais traitements infligés par la famille Muller au pachyderme. Mais là encore, la justice a tranché en sa défaveur.

Pourquoi l’affaire a-t-elle été portée devant le Conseil d’Etat ?

L’association One Voice demande au Conseil d’État que l’animal soit retiré à ses propriétaires, rappelant qu’une loi datant de 2021 prévoit l’interdiction progressive des animaux sauvages dans les établissements itinérants. Elle souhaite que Jumbo soit placé « dans un sanctuaire » de sorte qu’il puisse finir ses vieux jours « paisiblement » et indique même avoir trouvé le lieu idéal pour l’accueillir.

Dans l’intervalle, l’animal s’est retiré de la piste. Considéré désormais comme un « retraité », il ne parade plus sous le chapiteau. De fait, le rapporteur public préconise que le contentieux soit réévalué à la lumière du changement de contexte.

Si les juges suivent ces recommandations, cela reviendrait à casser le dernier arrêt prononcé dans cette affaire. Et donc à considérer par extension que Jumbo, n’étant plus intégré aux spectacles, n’a plus sa place dans le cirque, où il est pourtant considéré comme « un membre de la famille ».

« Mon père l’a toujours connu, mes frères, mes sœurs et maintenant mes enfants. Il fait partie de notre famille, c’est l’emblème du cirque, c’est notre hippopotame, cela nous appartient », affirmait Alexandre Muller, le directeur de la structure au micro de France Bleu Provence.

Jumbo « est depuis 40 ans avec les gens du cirque », « y a-t-il une urgence pour les juges de se substituer à l’administration » et de dire si l’hippopotame est « mieux là où il a toujours vécu qu’en Ehpad ? », s’est interrogée Hélène Farge, l’avocate de la famille Muller. Réponse dans les prochains jours.

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